Les vitraux du Père Lachaise

La première chapelle, celle du  comte Jean Henri Louis Greffülhe, est édifiée en 1810. Elle contient donc les premiers vitraux, dans des fenêtres rondes, avec un motif d’étoile rouge sur fond bleu. Ceux ci aujourd’hui sont abimés, mais on voit encore que leur dessin général est très simple.

A l’origine, un vitrail est un assemblage de morceaux de verres de couleurs différentes sertis par du plomb de façon à former un motif. Très vite, on peint des visages ou des détails sur les morceaux de verre. Au 19ème siècle, la partie peinte prend une grande importance et, dans certains cas, le vitrail se limite à une seule plaque de verre incolore peint. Le plomb est alors limité au pourtour du vitrail, quand il ne disparait pas totalement car le vitrail est scellé au ciment.

La peinture est multicolore mais peut aussi être en grisaille, c’est à dire entièrement dans un ton beige ou gris. Quand un vitrail peint vieillit, la peinture fripe ou se décolle, ce qui fait penser à un décalcomanie abimé. Enfin, certaines peintures industrielles de mauvaise qualité perdent leur éclat puis leur couleur, ce qui entraine que seul le dessin reste visible.

Par ailleurs, à l’extrême fin du 19ème siècle, mais surtout entre les deux guerres, on trouve des vitraux avec des verres blancs sablés (attaqués par une projection de sable) ou incisés pour former un décor. Il y a, ainsi, de très beaux décors de style Art Déco. Enfin, vers 1930, dans quelques chapelles modernes, les fenêtres sont obstruées par des morceaux de verre de couleur épais, scellés dans du béton. Avec le soleil, l’effet peut être magnifique.

La chapelle est une construction religieuse qui se répand sous la Troisième République dans toutes les familles bourgeoises catholiques. C’est le type de sépulture majoritaire dans les divisions  61 et 62, par exemple. Ce style d’édifice s’étend ensuite à la communauté juive qui adopte, elle aussi, le vitrail. Les familles moins ou non pratiquantes optent pour le buste de bronze dont c’est aussi l’apogée à la même époque.

La profusion des chapelles entraine la profusion des vitraux (985 recensés sur ce site). Elle fait donc vivre un grand nombre d’atelier de verriers. Environ 25% des vitraux sont signés mais d’une façon générale, on sait peu de choses sur ces ateliers. L’histoire du patrimoine funéraire reste encore, pour beaucoup, à écrire.

Le plus ancien vitrail daté, dû à F.Potet, est de 1868 (Mahy) et le plus récent, dû à Jean-Louis Beuzon de 1914 (Pascal), si on oublie ceux de J.E. Guillemin daté de 1924 (Breissan) et C. Ménès de 1990 (Mellerio). Mais le plus ancien est de 1810 (Greffülhe) et le plus récent de 2022 (Nahra). A la fin du 20ème siècle, le vitrail peut être monté directement sur une stèle ( BerthierRoussot).

Pour découvrir la quarantaine de verriers dont au moins une oeuvre est présente dans le cimetière : Listes / Listes par créateur / Verriers.

S’il saute aux yeux que certains sont de bons peintres, d’autres ne le sont pas. Certains motifs se répètent souvent, comme celui de la Vierge à la chaise. On le rencontre même inversé ! Parfois le vitrail est scellé l’envers : la signature se lit alors de l’extérieur. Le verrier le plus représenté est Lucien Collinet avec une cinquantaine de vitraux.

Un certain nombre de vitraux imitent une sculpture (Notre-Dame-des-Victoires : Herfort, Rivière …), la gravure d’un tableau célèbre (la Vierge à la chaise de Raphael est la plus fréquente) ou le tableau lui même (La Vierge, Jésus et Saint Jean-Baptiste de W. Bouguereau : Poulain …). Le décor suit aussi la mode artistique : il y a ainsi de très beaux vitraux Art Nouveau, par exemple (Adam, Ziegler …), ou des verres gravés (Arnoult, Lamoureux …) et enfin des vitraux abstraits (BarboteuPoulenc, …).

Pour découvrir une sélection d’une cinquantaine de beaux vitraux.

La forme des vitraux la plus commune est celle d’un rectangle avec un côté transformé en ogive ou en demi-cercle, mais on trouve des vitraux carrés, ronds, semi-ronds, ovales, trilobés ou multilobés, en croix (Bayon) … Ci dessous figurent quelques formes de vitraux.

Les motifs des vitraux sont, bien sûr, principalement liés au catholicisme :

Mais il y a aussi :

  • des portraits, avec parfois de véritables plaques photographiques (46 vitraux),
  • des motifs végétaux (65 vitraux),
  • d’autres motifs : des lettres (les initiales des époux, enlacées, par exemple), des dates, des armoiries, des objets, une urne funéraire, etc… (67 vitraux).

Enfin, les juifs ont adopté la « chapelle » … donc les vitraux aussi (8 vitraux), de façon éphémère.

 

 

 

Photos

Le Père Lachaise

Date de la dernière mise à jour : 19 juillet 2024