1939-1945 – La guerre et l’occupation

Cases cinéraires de résistants anonymes

Cette période peu glorieuse de notre histoire a aussi un retentissement néfaste sur le cimetière du Père Lachaise. Cet endroit que l’on pourrait penser à l’abri des querelles et des guerres subit, lui aussi, les rigueurs de l’occupant et du gouvernement de Vichy. Si beaucoup de militaires allemands sont des visiteurs attentifs et respectueux, ce n’est pas le cas des sinistres cohortes accompagnant les troupes d’occupation.

La Gestapo impose, dès 1941, l’anonymat après crémation de leurs restes pour les « terroristes » morts lors de leur interrogatoire ou de leur transfert après tortures et exécution, comme Jean Moulin, Pierre Brossolette et bien d’autres. Ils sont donc incinérés. Ces quelques cases portent en leur coin un drapeau français avec la mention « inconnu ». Elles restent aujourd’hui un témoignage poignant de cette époque troublée.

Si l’histoire leur rend justice, il n’en demeure pas moins que ces hommes n’ont toujours pas de sépulture à leur nom. Il y a néanmoins deux exceptions. Le général de Gaulle et André Malraux font transférer les cendres de Jean Moulin au Panthéon,  le 19 décembre 1964. Les cendres présumées de Pierre Brossolette les rejoindront, le 27 mai 2005, selon la volonté de Jacques Chirac.

Gerda Taro, de son vrai nom Gerda Pohorylle, est la première femme photographe de guerre. Un char l’écrase, lors d’une fausse manœuvre, en 1937, à Brunette à l’ouest de Madrid, alors qu’elle se trouve sur le marchepied de sa voiture. Elle est inhumée dans la 97ème division. Une inscription sur sa tombe faisait mention de son engagement lors de la guerre fratricide espagnole. Mais c’est le plus illégalement du monde que l’occupant nazi fait supprimer cette inscription.

Dans le même temps, la tombe d’Edouard Drumont, chantre pamphlétaire de l’antisémitisme, se voit honorer d’une inscription (1943) pour son œuvre « immortelle », La France juive. Il faudra attendre 2000, pour qu’un arrêté municipal du conseil de Paris conforme à la loi, fasse supprimer cette inscription.

La recherche de matières premières entraine les nazis à s’attaquer, dès 1941, aux monuments comportant de la fonte ou du bronze. C’est ainsi qu’on récupère, par exemple, les chaînes ceinturant la sépulture de Victor Noir pour la fonte de canons. Cette période noire de notre pays alimente encore bien des légendes au Père Lachaise. Caches d’armes pour la résistance, point de repli pour la milice, dernier refuge pour des collabos traqués … Que d’histoires entendues, que de contre-vérités dont l’histoire officielle a fait table rase !

En 1942, on inhume Pierre Sémard, fusillé par les Allemands. 1943 voit les inhumations de Jane Avril et d’Henriette Caillaux. En 1944 sont inhumés Joseph Caillaux, le colonel Fabien et Yvette Guilbert. 1945 voit l’inhumation de René Lalique. Plus tard, à quelques pas de là, les monuments à la mémoire des victimes des camps se dresseront. Du génocide arménien à la guerre d’Espagne puis à la Shoah, le Père Lachaise est un formidable mémorandum du 20ème siècle.

Retrouvez les personnages de cette époque.

Sources : Régis Dufour Forrestier, C. Charlet, C. Del Nin.  Date de création : 2005-10-16.

Photos

Le Père Lachaise

Date de la dernière mise à jour : 19 mars 2024