DRUMONT Edouard (1844-1917)
France

photo anonyme - BNF-Gallica
Pamphlétaire antisémite, auteur de « La France juive »

Edouard Drumont voit le jour à Paris, le 3 mai 1844. La famille est issue d’artisans et de paysans. Sous le Second Empire, son père est employé dans les bureaux de la Préfecture de la Seine. Le jeune Edouard suit la même voie.

Il collabore à de nombreux journaux parisiens dont Le Petit Journal, La République, La Liberté d’Emile de Girardin. Dès les premières années de la Troisième République, il fréquente les cercles littéraires et artistiques de la capitale. Amoureux de Paris et de son histoire, il publie un premier ouvrage, en 1878, Mon vieux Paris.

A partir de 1880, il devient fervent partisan du comte de Chambord, de la branche aînée des Bourbons, prétendant au trône de France. Mais, le prince est intransigeant, raide dans ses principes, comme l’atteste le manifeste du 5 juillet 1871 adressé aux français. Il gêne ses partisans, leur compliquant une tâche déjà peu facile. Edouard Drumont s’en détache rapidement car il considère que le prince manque d’audace politique.

Les écrits de Joseph de Maistre et Louis de Bonnal influencent fortement Edouard Drumont. C’est l’époque où l’idée de revanche contre l’ennemi prussien naît. Comme beaucoup de ses contemporains, Drumont s’interroge sur le déclin et la décadence de la France.

En janvier 1886, il publie chez Flammarion un brûlot, véritable pamphlet antisémite, La France juive. Edouard Drumont y dénonce « les puissances d’argent », et plus précisément la mainmise des grandes familles juives sur la finance internationale.

Cet ouvrage a un grand retentissement et devient un succès commercial. Il y aura plus de deux cent éditions successives auxquelles son auteur apportera plusieurs suites et remaniements selon l’actualité. Ce pamphlet vaut deux duels à son auteur.

Il récidive, en 1888, avec La Fin d’un monde, puissant anathème lancé contre la bourgeoisie décadente. Il crée La ligue antisémite française, avec le marquis de Morès, ligue qui soutient bientôt le général Boulanger.

En 1892, Edouard Drumont fonde son propre journal, La Libre Parole. C’est l’un des premiers à dévoiler le scandale du canal de Panama. Bon nombre d’élus sont compromis, la République tremble sur ses bases. Il écrit à cette occasion, De l’or, de la boue et du sang, en 1896.

Bientôt, on retrouve à La Libre Parole, du Quesnay de Boisandré, Gyp (pseudonyme de la comtesse de Martef), François Bournand, Jean Drault, Gaston Méry, Adrien Papillaud, Raphaël Viaud, cette brochette de rédacteurs fait sienne le sous-titre du journal « La France aux français ! »

En mai 1892, Edouard Drumont mène campagne contre la présence de juifs dans l’armée. Il s’ensuit un duel qui l’oppose au capitaine de dragons Crémieu-Foa, qui souhaite laver l’honneur des officiers de confession juive.

Edouard Drumont sombre dans un délire antisémite, cultivant la haine dans ses articles. Le journal atteint les 100 000 exemplaires vendus. Durant l’affaire Dreyfus, Edouard Drumont milite, bien sûr, dans le camp antidreyfusard.

Il se fait élire député « anti-juif », à Alger, en mai 1898. Il utilise la tribune de l’assemblée pour s’opposer à la révision du procès du capitaine Dreyfus, réclamant des poursuites contre Emile Zola et son manifeste, J’accuse.

En 1902, il perd son mandat. Son aura diminue, tout comme celle de son journal, miné par des luttes intestines. Les militants nationalistes préfèrent désormais se rallier sous la bannière de l’Action française de Charles Maurras.

En 1910, La Libre Parole passe sous le contrôle d’un groupe catholique conservateur qui se sépare rapidement du fondateur du journal. On le retrouve à la direction du journal Le Peuple. Mais la première guerre mondiale met fin aux conflits intérieurs et Edouard Drumont se retrouve seul et quasiment oublié. Il meurt à Paris, le 5 février 1917.

Pendant l’entre-deux guerres, de nombreuses célébrations et manifestations ont lieu sur sa sépulture, avec la participation de son épouse. Pendant l’occupation, en 1942, on dépose sur sa tombe l’inscription : « à l’auteur de l’immortel chef d’œuvre, La France juive ». En 2002, le conseil de Paris fait enlever cette inscription illégale.

Publications :

  • Mon vieux Paris (1878) ;
  • La France juive (1886) ;
  • La Fin d’un monde (1888) ;
  • La Dernière Bataille (1890),
  • Le testament d’un antisémite (1891) ;
  • Le secret de Fourmies (1892) ;
  • De l’or, de la boue et du sang (1896).

Sources : -. Date de création : 2006-02-19.

Photos

Monument

La sépulture est ornée d’un buste en bronze signé par Amélie Colombier.

Inscriptions :

Edouard DRUMONT, homme de lettres, 1844-1917.
(Sous le buste) E. DRUMONT.

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Date de la dernière mise à jour : 8 janvier 2024