MONGE Marie Catherine, comtesse de PELUSE, née HUART (1747-1846)
France

Femme de Gaspard Monge, créateur de l'Ecole polytechnique

Marie Catherine Huart voit le jour le 2 juin 1747 à Rocroi (Ardennes). À 23 ans, le 28 janvier 1771, elle est mariée à un maître de forges ardennais, Jacques Horbon. Celui-ci est l’ancien maire de Rocroi et le propriétaire de la forge du Prince à Brûly, l’un des berceaux du travail du fer en Belgique. Il est né en 1695, donc de 52 ans son aîné. Jacques Horbon meurt quelques années plus tard, en septembre 1775.

A 28 ans, elle se retrouve veuve. Poussé par ses parents, elle retisse des liens avec la bonne société de la région. Le 12 juin 1777, elle se marie avec Gaspard Monge, professeur de mathématique, de chimie et d’histoire naturelle à l’école du génie de Mézières. Pendant quelques mois, le mathématicien se fait également maitre des forges, dirigeant sur place l’entreprise dont a hérité son épouse, en 1775. L’expérience le passionne.

Les années suivantes voient la naissance de ses filles : Jeanne Charlotte Emilie, en 1778, à Rocroi, Louise Françoise, en 1779 à Mézières, puis Adélaïde, en 1780, à Mézières. Ses fonctions amènent Gaspard Monge à alterner sa présence entre Paris et Mézières, et à multiplier les contacts avec les savants de son siècle.

La famille s’établit à Paris en 1783. Lors de l’été 1786, le duc de Castrie invite la famille Monge dans sa propriété,  à côté d’Arpajon. Là, Gaspard Monge retrouve Jean Nicolas Pache dont il avait fait connaissance à Mézières en 1774.

La Révolution de 1789 éclate. Les époux Monge adhèrent aux idées nouvelles. Marie Catherine prend part aux travaux du Champ de Mars, en 1790, pour préparer la Fête de la Fédération. Le 10 août 1792, son mari devient ministre de la Marine et des Colonies. La famille Monge s’installe à l’hôtel de la Marine.

Le 21 septembre 1792, Georges Danton, alors ministre de la Justice, et Gaspard Monge contresignent le décret de l’Assemblée nationale abolissant la royauté. Le 8 avril 1793, Gaspard Monge démissionne du ministère de la Marine « pour faute de moyens », préférant en fait se retirer alors que le climat politique se tend entre Montagnards et Girondins. La famille Monge se réinstalle 28 rue des Petits-Augustins.

Madame Monge tient un salon très politique, fréquenté par les anciens Montagnards, notamment par des membres du Comité de Salut public, du Comité de sûreté générale et des mouvements révolutionnaires parisiens. Le couple Monge marie sa fille Émilie avec Nicolas Joseph Marey, un député bourguignon de la Convention. Quelques jours plus tard, Marie Catherine Monge, informé par un voisin, prévient son mari qu’il fait l’objet d’une dénonciation calomnieuse.

Gaspard Monge se cache quelques semaines par précaution. Puis ses amis à la Convention, dont son gendre, interviennent pour faire cesser les soupçons à son encontre. Ce gendre, Nicolas Joseph Maray, abandonne la vie politique en octobre 1795. Il s’installe alors, avec Émilie Monge, en Bourgogne, pour s’y consacrer à la culture du vin.

Le 23 mai 1796, Gaspard Monge quitte Paris, à la demande de Bonaparte. Il part pour une mission dans la péninsule italienne, en compagnie de Claude Louis Berthollet. Les deux scientifiques y gagnent la confiance et l’amitié de Bonaparte. Durant son absence, Marie Catherine Monge s’intéresse à la théophilanthropie, imaginée par Louis Marie de La Révellière-Lépeaux.

Les Monge sont anticléricaux. Mais Marie Catherine est plus modérée que son époux et plus tolérante vis-à-vis de la «religion de ses ancêtres». Les théophilanthropes pensent que la religion catholique n’est que superstition. Elle est donc condamnée à disparaître, au profit d’une religion « raisonnable » s’appuyant sur la Science et la Morale. Gaspard Monge est de retour d’Italie le 26 octobre 1797. Il devient directeur de l’École polytechnique, le 28 octobre 1797.

Le 1er novembre 1797, le couple Monge marie sa fille Louise avec Joseph Eschassériaux. Joseph Eschassériaux est un ancien député de la Montagne. Suite aux nouvelles fonctions de Gaspard Monge, la famille déménage  pour un logement dans les dépendances du Palais Bourbon.

Le 6 février 1798, Gaspard Monge repart en Italie. Cette fois il fait une mission pour le ministre des relations extérieures, Talleyrand. Puis, le 25 mai 1798, Gaspard Monge appareille de Civitavecchia pour l’Égypte, début d’une longue absence.

Marie Catherine Monge doit se montrer patiente. De nombreuses personnalités scientifiques et artistiques proches du couple font partie de la même expédition. Néanmoins, elle reçoit la visite régulière de quelques amis restés à Paris, dont le chimiste Louis Bernard Guyton-Morveau, l’écrivain Pierre François Tissot ou le peintre Jean Naigeon.

Durant l’été 1799, elle acquiert, à proximité du Palais-Bourbon, une dépendance de l’ancienne abbaye de Panthemont, devenue bien national. Le 9 octobre 1799, à peine débarqué à Saint-Raphaël, Bonaparte, son chef d’état-major Louis Alexandre Berthier, Claude Louis Berthollet et Gaspard Monge remontent vers Paris, à quatre dans une voiture. Gaspard Monge redevient directeur de l’École polytechnique.

Après le 18 brumaire, il doit y renoncer. Devenu sénateur à vie, il est également très sollicité sur des questions techniques liées à l’industrie de l’armement. Une nouvelle fois, la famille Monge déménage. Elle quitte le Palais-Bourbon qui accueille désormais le Corps législatif et s’installe dans sa nouvelle propriété, rue de Bellechasse.

Les époux Monge sont l’un et l’autre convaincus que les idéaux révolutionnaires se retrouvent dans le nouveau régime. Ils sont régulièrement invités au château de Malmaison, puis à celui de Saint-Cloud, ou encore au Palais des Tuileries. Marie Catherine accueille son ami Claude Louis Berthollet, ses élèves Jean Nicolas Pierre Hachette, François Arago, ou le comte de Saint Simon, ses collègues de l’Institut, tels le mathématicien Pierre Simon de Laplace ou le chimiste Jean Antoine Chaptal, ses compagnons de l’expédition d’Égypte, tel Vivant Denon, ses amis sénateurs tel François Marie d’Aboville, et d’autres personnalités parisiennes, ainsi que leurs épouses.

Lorsque son mari devient président du Sénat, Marie Catherine Monge organise tous les quinze jours une réception plus protocolaire de vingt-cinq couverts. Ceux ci ravissent les fins gourmets, y compris l’exigeant Cambacérès. Le 1er mars 1808, un décret impérial fait Monge comte de Péluse. Le nom de Péluse témoigne  d’une attention de l’empereur, rappelant à son compagnon d’Égypte le souvenir de leur passage sur les ruines de cette cité.

Il est impossible aux époux Monge de refuser cette distinction, mais ces anciens défenseurs de la Révolution évitent de tirer vanité de cette noblesse d’Empire. Marie Catherine Monge, en particulier, continue de signer «Huart, femme Monge», n’ajoutant que sur de rares courriers plus formels ce titre de comtesse de Péluse.

En décembre 1813, Gaspard Monge est en mission en Belgique mais il revient de façon précipitée à Paris le 4 février 1814, affolé et malade. En mars 1814, les Monge se réfugient à Bourges. Le 2 avril, l’assemblée du Sénat, sans Gaspard Monge, prononce la déchéance de l’empereur. Les Monge reviennent à Paris. Mais le 1er mars 1815, Napoléon débarque dans le golfe Juan, à Antibes, et remonte vers Paris. Le 20 mars au matin, le roi Louis XVIII quitte le Palais des Tuileries pour Gand (Belgique).

Le soir même, Monsieur et Madame Monge sont présents au Palais des Tuileries, parmi les anciens compagnons de l’empereur, pour l’accueillir. Le 22 juin, Napoléon Bonaparte abdique à nouveau. Gaspard Monge, rayé de l’Institut et de l’Académie des Sciences dont il est membre depuis 44 ans, se désespère et sa santé se dégrade encore. Il est prostré et abattu de longs mois. Il meurt le 28 juillet 1818. Berthollet, Chaptal, Laplace, Humboldt, Larrey, Prony, Geoffroy Saint-Hilaire, et bien d’autres scientifiques, ralliés au nouveau régime ou en délicatesse, sont présents à son inhumation.

Catherine achète une concession perpétuelle au Père Lachaise. Elle veut élever un petit monument. Elle lance alors une souscription aux amis du savant et de la famille, aux anciens élèves et aux polytechniciens, dans un climat politique peu favorable.  Catherine décède le 27 février 1846 à Paris à 99 ans. Son mari Gaspard Monge, comte de Péluse (1746-1818), mathématicien, ministre et fondateur de l’Ecole polytechnique, reposait avec elle avant d’être transféré au Panthéon.

Sources : Wikipedia. Date de création : 2017-06-02.

Photos

Monument

Le monument est entretenu par la ville de Paris. Il comporte un buste de Monge, en marbre, œuvre d’Henri Joseph Rutxhiel, sous un portique orné de soleils égyptiens, de couronnes, de fleurs de lotus et de pavot.

Inscriptions : Gaspard MONGE

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Date de la dernière mise à jour : 25 avril 2023