MAY, Jeanne WEILL, dite Dick (1859-1925)
France

Jeanne Weill voit le jour en 1859 à Alger (Algérie, alors française). Son père, Michel Weill, est le grand-rabbin d’Alger et sa mère est une cousine de Karl Marx. En 1863, la famille s’installe à Sélestat (Bas-Rhin) puis à Paris, en 1885.

Dès 1889, à la mort de son père, elle officie comme secrétaire du comte de Chambrun (1821-1899), ancien député de la Lozère et propriétaire de la cristallerie Baccarat. Celui ci, catholique, est un aristocrate paternaliste, sensible aux idées de justice sociale. Il se pique aussi de littérature, de politique et de beaux-arts.

Le comte finance, en 1894, la création du Musée social. Il fait créer des chaires d’économie sociale à l’École libre des sciences politiques, à la Faculté de droit et à la Sorbonne. Dick May devient alors sa représentante dans les sphères dirigeantes du monde universitaire.

Athée et autodidacte, elle se lance parallèlement dans une carrière littéraire. Elle publie, sous un pseudonyme masculin, des nouvelles et des feuilletons dans L’Illustration, Le Temps, Le Journal des Débats et La Liberté. Certains sont repris en volume, comme L’Affaire Allard et Le cas Georges Arrel, en 1892 aux éditions Calmann Lévy.

Elle publie, en 1898, dans La Revue blanche le roman, L’Alouette. C’est l’histoire d’une jeune femme qui entre dans le monde misogyne du journalisme et qui affronte la jalousie de son fiancé face à sa réussite.

En 1895, elle fonde, avec le scientifique Théophile Funck-Brentano, le Collège libre des sciences sociales. Le but est de promouvoir « l’étude désintéressée des grands problèmes sociologiques, économiques et politiques d’actualité » dans leur relation avec le réel. Elle se veut complémentaire des études supérieures classiques ou professionnelles. Viennent s’y exprimer des intellectuels de tous bords intéressés par la question sociale : leplaysiens, catholiques sociaux, économistes libéraux, mais aussi socialistes.

En 1899, elle crée une section de journalisme dans ce collège puis prend ses distances avec l’institution pendant l’affaire Dreyfus. Ensuite, elle se brouille avec le directeur du Collège. Cela la pousse à fonder un autre établissement, l’École des Hautes Etudes Sociales (EHES), rue de la Sorbonne, à Paris.

Cette école, dans un premier temps, ne délivre pas de diplôme. Le programme des conférences est aussi éclectique que celui du collège. Mais il est divisé en trois parties : morale et pédagogie, politique et économie et, enfin, journalisme.

C’est ainsi qu’aidée par des universitaires libéraux et laïques, mobilisés à l’occasion de l’affaire Dreyfus, elle pose les bases de ce qui sera l’école supérieure de journalisme de Paris. Parmi les premiers enseignants, figurent des journalistes comme Henry Fouquier, Jules Cornély, Adolphe Brisson et Jules Claretie. Attaquée à droite, notamment par Édouard Drumont, l’école de journalisme apparaît comme un laboratoire du dreyfusisme.

Dreyfusarde, elle est très active au tournant du siècle. Elle organise un Congrès de l’enseignement social lors de l’Exposition de 1900. Elle y soulève la question de l’éducation populaire en cherchant à harmoniser les initiatives émanant des différents pays. En particulier, elle est en contact avec le couple Webb, en Angleterre, mais aussi avec de nombreux socialistes en Belgique.

Elle fonde ensuite la Solidarité du XIIIe arrondissement, une Université Populaire dont la plupart des orateurs interviennent aussi à l’École des hautes études sociales. Parmi les professeurs de cette université, on compte Ferdinand Buisson, Paul Vidal de la Blache, Charles Gide, Émile Duclaux, Henri Hauser, Charles Seignobos, etc.

En 1903, elle joint à l’EHES une quatrième section, l’École d’arts, dans laquelle Romain Rolland développe la musicologie. L’établissement, qu’elle dirige pendant 25 ans avec Alfred Croiset, doyen de la faculté des lettres de la Sorbonne, forme un millier d’élèves.

Pendant la Première Guerre mondiale, elle est à l’origine de la fondation de l’Orphelinat des Armées. Ce dernier naît au cœur d’une polémique, lancée par Maurice Barrès. Celui ci l’accuse de vouloir mettre la main sur les orphelins des familles catholiques au nom d’une République laïque. Elle subit alors une campagne de presse antisémite et misogyne.

La guerre terminée, elle crée L’œuvre latine, une association visant à multiplier les liens intellectuels entre les peuples latins.

Elle meurt le 14 août 1925, dans un accident de montagne, près de Pralognan (Savoie). Elle repose avec son père, Michel Weill (1814-1889), grand rabbin d’Alger, et son frère, Georges Weill (1865-1944), historien et professeur.

Sources : Wikipedia. Date de création : 2024-03-20.

Monument

Inscriptions : Famille WEILL

Ici reposent
Michel WEYLL, grand rabbin d’Alger, né à Strasbourg le 12 juillet 1814, décédé à Paris le 6 janvier 1889.
Mme Vve Michel WEYLL, née Eve MARX, décédée le 2 aout 1919.
Dick MAY, décédé le 14 aout 1925.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 16 avril 2024