Božidar Kantušer nait le 5 décembre 1921 à Pavlovski (Slovénie). Il est le premier des cinq enfants de Blaž Kantušer et de son épouse Katarina, née Hoevar. Son père et sa mère sont tous deux employés à Ljutomer. Ils vivent à Pavlovski, non loin de Ljutomer de 1919 à 1929.
Le milieu rural, le patrimoine culturel et la nature de sa région natale laissent une empreinte sur le compositeur. Les danses de masques d’origine païenne (Kurenti) et les roues de feu de la St Jean (Kresi) dont il est alors témoin ouvrent chez l’enfant l’univers fantastique. Il y dédiera plusieurs œuvres, dont le ballet Nuit d’Été qui fait aussi appel à un autre souvenir d’enfance, celui des rythmes des labeurs paysans.
Par ailleurs apiculteur, le père encourage l’éducation musicale de tous ses enfants. Kantušer apprend le violon (et l’alto) de 1932 à 1940 à l’École de musique de Celje avec Ivan Karlo Sancin. Sancin sait aussi partager sa connaissance de la lutherie. C’est grâce à lui que Joža, le frère cadet du compositeur deviendra, par la suite, luthier.
L’affinité particulière de Kantušer pour les instruments à cordes naît de son expérience au sein de l’orchestre de Celje et de la pratique de la musique de chambre. C’est au cours de l’adolescence que se forme en lui le besoin d’étudier la composition. Durant la seconde moitié des années 1930, il va au lycée de Celje et prend aussi part au mouvement laïc scout.
En 1941, Kantušer doit fuir l’occupant nazi. Il quitte sa famille à Celje et se rend à Ljubljana pour y terminer le lycée. À Ljubljana, il rencontre le professeur de composition Sreko Koporc dont il commence à suivre l’enseignement. Agitateur, les fascistes l’arrêtent, en 1942, et le déportent dans les camps de concentration pour Slaves, en Italie.
À son retour de cet internement en 1943, il manque de succomber au paratyphus, mais il revoit Koporc à Ljubljana. En 1944, Kantušer rejoint les partisans, la résistance organisée par Tito. Après la Libération, il s’installe de nouveau à Ljubljana pour y poursuivre ses études chez Koporc. Sa première œuvre date de 1946, une fugue à deux sujets.
En 1947, il reçoit un visa pour étudier à Prague, mais il reste à Ljubljana et parachève ses études chez Koporc en 1948. Menant une vie d’étudiant de 1945 à 1950, il côtoie notamment le peintre Karel Zelenko. En 1950, il se rend à Paris. Au début des années 1950, il vit à Montparnasse et occupe divers petits emplois. Il côtoie le milieu artistique, se liant notamment d’amitié avec les peintres Pranas Gailius, Raphael Kherumian, Veno Pilon et Emil Wachter.
En 1952 et 1953, Kantušer suit les classes d’Olivier Messiaen ainsi que celles de Tony Aubin et de Jean Rivier au Conservatoire de Paris. Il assiste, par ailleurs, au cours d’esthétique d’Étienne Souriau à la Sorbonne. Kantušer prend aussi part à Darmstadt à la conférence Internationale Ferienkurse für Neue Musik. En 1953, avec Luc Ferrari, Pierre Migaux et Yves Ramette il forme le Groupe 843.
La même année, il signe son premier quatuor à cordes et rencontre la peintre américaine Grace Renzi qui deviendra sa femme. Le couple s’installe rue de la Fontaine-au-Roi, à Paris. En 1954, Kantušer signe sa première symphonie, la Symphonie de chambre. En 1955 naît un fils, Borut, et il crée le Quatuor n°1. Faute de pouvoir faire renouveler son passeport yougoslave, Kantušer reçoit le titre d’émigré.
En 1957, la famille déménage à Bordeaux, Grace Renzi y ayant obtenu un poste d’enseignante dans une école de l’armée américaine. Suivant cet emploi, les Kantušer déménagent à Fontainebleau en 1959, année de la signature du deuxième quatuor à cordes. À Fontainebleau, Kantušer renoue avec la nature, faisant de longues promenades.
Là, il produit de nombreuses pages symphoniques : le drame symphonique Sire Halewyn (1960), la Symphonie n° 2 (1965), l’Ouverture de concert... En 1965, Roger Bourdin crée le concerto pour flûte que retransmet la télévision (ORTF) dans une émission consacrée au compositeur. L’American Center crée le ballet Deux Images.
C’est dans la deuxième moitié des années 1960 que naît son amitié avec le chef d’orchestre Jean-Jacques Werner, l’organiste Georges Delvallée, et Marc Lombard. Le quatuor à cordes n° 3 est créé, ainsi que la Symphonie n°2 et le drame symphonique Sire Halewyn. L’ORTF enregistre Trois Mélodies pour baryton et piano. Lors de vacances, la famille visite divers pays d’Europe.
En été 1966, ils entreprennent un long voyage en bus à travers les USA. C’est à ce moment là que Kantušer obtient la nationalité américaine. Cela lui permettra, par ailleurs, de visiter à nouveau son pays de naissance. C’est aussi en 1966 qu’une de ses pièces (Évocations pour cor et piano) est créée et enregistrée en Slovénie.
Toujours en 1966, les Éditions musicales transatlantiques (EMT) éditent la Symphonie n° 2. En 1968, Kantušer est l’un des membres fondateurs de la BIMC puis son directeur. Il consacre une partie considérable de son temps à cette fonction qu’il garde pendant plus de trente ans (la BIMC porte de nos jours le nom de Bibliothèque Božidar Kantušer).
En 1970, Jean-Jacques Werner crée à Nice l’Ouverture de concert, et le Trio Musica Rara créee Largo à Trieste. Le pianiste du trio est Léon Engelman avec lequel Kantušer entame une coopération professionnelle et une amitié durables. En 1971, les Kantušer quittent Fontainebleau et reviennent à Paris.
La famille passe souvent les étés à Grožnjan, rejoignant une colonie estivale d’artistes qui font revivre ce bourg d’Istrie, dont son ami Karel Zelenko. Les Éditions françaises de musique (EFM) éditent le concerto pour violoncelle, et en 1973, Kantušer signe la Symphonie n° 3. Georges Delvallée crée Prélude et Fugue pour orgue.
Kantušer réussit, en 1975, à ouvrir un centre BIMC en Slovénie, à Kamnik, ce qui l’amène à souvent voyager entre la France et la Slovénie. En 1976, il révise la Symphonie n°3 et écrit Lettres à ma femme (pour piano). Les Éditions de l’association des compositeurs slovènes (EDSS) éditent, en 1977, Deux images. Il signe, ensuite, Coexistence (no 1) qui est donné à Opatija la même année.
En 1978, il organise un concert de musique de chambre à la Cité des Arts en avant-première du cycle de concerts intitulé « Compositeurs de notre temps ». Toujours en 1978, la Suite pour percussions est donnée à Radenci, au Festival de musique de chambre du XXème siècle. Majna Sevnik chorégraphie ensuite cette suite, en 1979, pour RTV SLO sous le titre Nuit d’Été.
En 1980, Anton Nanut enregistre la symphonie n°3 pour RTV SLO. Grâce à Leon Engelman, RTV SLO lui dédie une émission radiophonique. À Paris, il fait connaissance de l’écrivain Godfrey Howard (Oxon) et du compositeur Griffith Rose.
Signé en 1980, le quatuor de Zagreb crée le quatuor à cordes n°4. En 1981, Kantušer signe la symphonie n°4, mais il la reverra en 1983. En plus d’un cycle de concerts, la BIMC organise occasionnellement des expositions, et des présentations de diverses institutions musicales.
Le couple fait plusieurs séjours à Venise et en 1983, Georges Delvallée y crée Esquisse, pour orgue, à Sant’ Agnese. En 1985 et 1986, l’opéra de Maribor donne le ballet Flamska Legenda (Légende flamande). En 1985, Kantušer écrit Eppur si mouve, pour orchestre à cordes, qui sera créé en 1986 au Cankarjev dom à Ljubljana. Kantušer doit reconnaître, en 1985, l’échec du centre de Kamnik où il conserve néanmoins un appartement.
À Kamnik, il fréquente notamment le vétérinaire Demeter Sadnikar et l’historien d’art Jure Mikuž dont il fait la connaissance à Paris. À partir de 1986, il s’attache à la numérisation des fichiers de la BIMC. En 1987, Anton Nanut enregistre la symphonie n°4 à Ljubljana. En 1988, Kantušer signe le dernier de ses sept quatuors à cordes.
À la fin de la décennie, le couple fait un voyage touristique artistique dans toute la Yougoslavie. Au cours des années 1990, Kantušer et Renzi font plusieurs séjours aux États-Unis, dont deux à New York. Il y organisent la diffusion des catalogues BIMC. La décennie voit plusieurs publications et émissions radiophoniques qui lui sont consacrées (notamment sur France 2), et trois CD sont pressés en Slovénie.
Il continue à organiser des concerts à la Cité des Arts. Il dédie l’un d’eux, en 1992, au compositeur Sergiu Natra. En 1992, Kantušer signe une version symphonique d’Épaves que RTV SLO enregistrera en 1993. Sarajevo, signé en 1993, est créé en 1995 à Vienne. Le concerto pour alto, contrebasse et orchestre date de 1994 et RTV SLO l’enregistre en 1996.
En 1996, a lieu à Fresnes (Ferme de Cottinville) un concert dédié à Kantušer, à l’occasion de son 75ème anniversaire. À l’occasion d’un concert en l’honneur du compositeur à la Holywell Music Room dans le cadre du Festival de musique contemporaine à Oxford, le couple entreprend un dernier voyage en commun, en 1997.
En 1998, Kantušer est en pourparlers avec le ministère slovène de la culture pour l’ouverture du centre BIMC en Slovénie. Ces pourparlers s’avèrent positifs en 1999, quand Kantušer rencontre le ministre Jožef Škol. On choisit le bourg de Šmartno comme lieu d’accueil pour le centre.
Božidar Kantušer meurt le 9 mai 1999 dans un hôpital parisien, à la suite d’un infarctus cérébral, à l’âge de 77 ans. Les manuscrits de ses œuvres sont conservés à la Bibliothèque du Congrès à Washington. L’opéra La Nuit de Noël n’est pas signé, mais cependant complet. Les sept quatuors à cordes sont édités par Marc Lombard.
Grace Renzi initie la succession de la BIMC. Grâce à Dominique Hausfater, la collection est maintenant à la Médiathèque Hector Berlioz, au Conservatoire de Paris. Il repose avec sa femme, la peintre américaine, Grace Kantušer, née Renzi (1922-2011).
Sources : Wikipedia. Date de création : 2108-08-31.