Protection du Père Lachaise
1) Le cimetière du Père-Lachaise est-il protégé par une quelconque loi de conservation ?
Oui, le cimetière du Père-Lachaise est soumis à plusieurs mesures légales et réglementaires de protection, tant au titre de l’environnement que de la culture. La partie la plus ancienne du cimetière, soit environ la moitié de la superficie totale (43,2 ha), est classée comme site remarquable au titre de la loi du 2 mai 1930 sur les Monuments naturels et les sites (arrêté ministériel du 17 décembre 1962)- Ce même périmètre, avec quelques adjonctions et quelques restrictions, est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques, pour tous les tombeaux antérieurs à 1900, au titre de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques (arrêté ministériel du 21 mars 1983). De plus, douze monuments, compris ou non dans ce périmètre, ont été classés « Monuments Historiques » au titre de la loi du 31 décembre 1913 (arrêtés ministériels 1983-1995). Enfin, l’ensemble crématorium-columbarium a été inscrit à l’inventaire supplémentaire par arrêté ministériel du 17 janvier 1995. Par ailleurs, deux cahiers des charges applicables aux zones protégées ont été institués par arrêté municipal du 13 février 1995.
2) Le cimetière possède-t-il un plan de gestion comprenant une politique de conservation ou un programme incluant le nettoyage, la restauration et la réparation des stèles et monuments abîmés ou usés par le temps ? Si oui, comment le processus est-il financé et qui fait/supervise le travail ?
Les monuments funéraires étant, aux termes de la loi française, des propriétés privées, il appartient légalement aux propriétaires de ces monuments de les entretenir, réparer et restaurer. L’administration des cimetières ne peut intervenir que sur les monuments qui appartiennent à la Ville de Paris. S’agissant de ces derniers, ils peuvent bénéficier de travaux de restauration décidés et financés par une commission d’Architecture Funéraire créée en 1984 et dotée d’un budget approprié par la Ville de Paris. Les travaux sont ensuite suivis par l’administration des cimetières. Les monuments privés ou publics classés ou inscrits peuvent bénéficier de subventions de l’Etat (Ministère de la Culture) pour leur restauration.
L’Association des Appels d’Orphée (cf. la partie Liens de ce site) a édité une brochure : Petit guide à l’usage des personnes souhaitant entretenir une sépulture. Le lecteur y apprend les gestes simples permettant de nettoyer une sépulture sans l’abîmer. Il identifie ce qu’il peut faire lui-même et ce qu’il vaut mieux confier à un professionnel.
3) Y-a-t-il des problèmes de vandalisme ? Si oui, quelle en sont l’envergure et la nature ?
Tous les cimetières connaissent des problèmes de vandalisme : vols de fleurs, dégradations de tombes par inscription, graffitis ou sous la forme d’autres dégâts. Avec plus de deux millions de visiteurs par an, le Père-Lachaise connaît malheureusement un certain nombre d’actes de vandalisme. La plupart de ces actes sont perpétrés par des visiteurs venus pour la tombe du chanteur Jim Morrison : environ 80% des graffitis et inscriptions qui souillent près de 500 tombes sur les 69 000 environ que compte le cimetière.
4) Le cimetière du Père-Lachaise peut-il encore concéder de nouvelles tombes/caveaux ? Qui peut y être enterré ?
Il n’y a plus d’espace disponible au Père-Lachaise depuis le milieu du XXème siècle. En revanche, la loi permet depuis 1924, de reprendre des concessions anciennes abandonnées ainsi que de réattribuer ces concessions reprises à de nouveaux bénéficiaires. Cette procédure permet de réattribuer environ 300 concessions par an, en moyenne. Il n’y a pas de critère particulier pour être enterré au Père-Lachaise. En France, les privilèges funéraires ont été abolis en 1790 et les règles sont les mêmes pour tous. La loi place tous les défunts sur un pied d’égalité, sans considération de fortune, de titres ou de notoriété. Pour être enterré au Père-Lachaise, il faut, soit appartenir à une famille qui y possède déjà une concession, soit être décédé à Paris (sans considération de nationalité ou de domicile), soit être domicilié à Paris au moment du décès : dans ces deux derniers cas, l’accueil au Père-Lachaise dépend des disponibilités du moment en fonction des reprises effectuées au cours de l’année.
5) Le cimetière du Père-Lachaise a-t-il un registre de visiteurs ? Approximativement combien y a-t-il de visiteurs, locaux ou étrangers, et quelle est la raison principale de leur visite ?
Le cimetière du Père-Lachaise n’est pas un lieu touristique. Sa vocation est d’accueillir des défunts dans un espace funéraire, bien que celui-ci soit ouvert à la promenade publique. Le rôle du personnel du cimetière n’est pas de tenir des statistiques touristiques (il y a des organismes qualifiés pour cela) mais d’enterrer les morts ou de les incinérer au crématorium, de gérer des concessions et des exhumations, d’assurer le bon entretien du site : voirie, espaces communs, propreté, plantations. Pour un cimetière, les visiteurs autres que les familles des défunts et les promeneurs discrets, c’est-à-dire les touristes voyants, sont une gêne car ils dérangent fréquemment tous ceux qui travaillent dans le cimetière à un titre ou à un autre. En outre, ils sont une source de dépense importante alors qu’ils n’apportent aucune recette, contrairement à ce qui se passe dans les musées et les véritables sites touristiques. Il n’y a donc aucun registre dénombrant les visiteurs car le personnel a d’autres tâches, à commencer par l’accomplissement de ses obligations légales. Les raisons des visites touristiques sont multiples, depuis la recherche de l’esthétique, de la beauté des lieux et de leur charme romantique et historique, jusqu’à ceux qui s’imaginent se trouver dans un parc de loisirs et pouvoir y commettre des actes délictueux comme si le cimetière était une zone de non-droit.
6) Comment le lieu et les détails de chaque tombe sont-ils répertoriés ? Existe-t-il un plan du site (ou plan de zones) ou une banque de données ?
Si le cimetière est un lieu public, les tombes sont des propriétés privées. Il est donc exclu de fournir au public visiteur d’autres indications que celles figurant sur les plans exposés aux 5 portes d’entrées du cimetière. Les plans cadastraux ne sont pas à la disposition du public. Les informations contenues dans les registres des cimetières ainsi que dans les titres de concessions ne sont accessibles qu’aux familles, concessionnaires et ayants droit, et non au public car elles relèvent de la vie privée et de la propriété privée. Cette règle, rappelée notamment par la Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) et de la Commission d’Accès aux Actes Administratifs (CADA) s’applique à toutes les informations indiquées ci-dessus y compris celles qui ont été informatisées. Il n’existe donc pas de « banque de données » à la disposition des tiers.
7) Les tombes de personnalités connues sont-elles indiquées d’une quelconque façon ou incluses dans des visites guidées ou encore désignées lors d’évènements commémoratifs ? Si oui, comment cela est-il fait/organisé et combien de personnes participent à la visite ?
Les défunts étant en vertu de la loi française, tous égaux devant la mort, il n’existe pas de «personnalités» proprement dites dans les cimetières, même si la coutume et l’usage ont consacré cette présence et cette catégorie de défunts. L’administration des cimetières n’ayant pas qualité pour déterminer qui est ou qui n’est pas une «personnalité», se contente d’éditer un plan général signalant une centaine de « sépultures parmi les plus demandées » par le public. Deux autres plans, thématiques, sont consacrés aux Monuments de la Déportation ainsi qu’au circuit de la Commune de Paris qui rassemblent des monuments emblématiques. Des visites guidées du Père-Lachaise sont organisées tant par la Direction des Parcs, Jardins et Espaces Verts (DPJEV) de la Ville de Paris que par des conférenciers privés. La DPJEV édite chaque année un programme de visites des cimetières parisiens, ces derniers étant gérés par cette direction du fait qu’ils sont tous des « parcs funéraires ».
Les visites privées sont généralement indiquées dans la presse parisienne consacrée aux manifestations et spectacles. Les « tours operators » ont leurs propres visites avec des guides de leur choix. Les visites rassemblent en général entre 20 et 50 personnes par groupe. On compte souvent plusieurs groupes, certaines journées. Il y a enfin beaucoup de manifestations commémoratives : Guerres (14-18, 39-45, Afrique du Nord), Déportation, Commune de Paris, anniversaire, etc. à raison de plusieurs par mois. Enfin, un certain nombre de pays étranger honorent au Père Lachaise, des monuments emblématiques rappelant des moments forts de leur histoire : Arménie, Belgique, Biélorussie, Espagne Géorgie, Grèce, Guatemala, Hongrie, Inde, Italie, Pologne, Fédération de Russie, République Slovaque, République Tchèque, Ukraine, pour n’en citer que quelques-uns.
Sources : Conservation du Cimetière. Date de création : 2006-01-17.