HAREL François Antoine, dit Charles Jean (1790-1846)
France

François Antoine Harel, couramment prénommé Charles Jean, voit le jour le 3 novembre 1790 à Rouen (Seine-Maritime). Auditeur au Conseil d’État dès l’âge de vingt ans, c’est ensuite le secrétaire de Cambacérès. Puis il devient membre de l’administration du contentieux et inspecteur général des Ponts et Chaussées. Enfin, c’est le secrétaire général du conseil des substances.

Nommé sous-préfet à Soissons (Aisne), en 1814, il se montre, pendant le siège de cette ville par les armées alliées, plein d’énergie et de dévouement. Au commencement des Cent-Jours, en récompense de ses services, il passe préfet des Landes. Il y reste jusqu’au retour des Bourbons. A ce moment là, il se voit condamné à quitter pour plusieurs années le sol de la patrie.

Homme de beaucoup d’esprit et dont l’imagination est féconde, Harel songe à faire usage de sa plume, à son retour en France en 1820. Bientôt lancé dans la polémique d’actualité, il fonde un journal intitulé le Miroir. Il devient l’un des collaborateurs de la Minerve Française et dirige Le Nain jaune.

À la Restauration, il obtient de Charles X le privilège du Théâtre de l’Odéon en 1829. Il le conserve jusqu’en 1831. Il se consacre ensuite à la direction du théâtre de la Porte-Saint-Martin du 1er avril 1832 au 19 octobre 1840. En 1837, il y fait représenter la Guerre des Servantes, drame en cinq actes et en prose, écrit en collaboration avec Théaulon et Alboize de Pujol où Mademoiselle George remplit le principal rôle.

C’est à la Porte-Saint-Martin qu’Harel monte les drames romantiques les plus retentissants : La tour de Nesle, Lucrèce Borgia, Marie Tudor, Richard Darlington.

C’est sous sa direction que Mlle George et Frederick Lemaître connaissent leurs plus beaux succès. Harel a connu Mademoiselle George à Bruxelles, alors qu’il y était réfugié comme proscrit, après Waterloo. Il devient bientôt son amant et cette liaison durera jusqu’à sa mort. C’est un causeur d’un esprit étincelant. Il a, comme directeur, un habileté pour préparer le succès d’une pièce, pour emprunter de l’argent ou pour faire patienter ses créanciers.

Il est également d’une saleté proverbiale. Alexandre Dumas raconte dans ses Mémoires qu’Harel a installé dans son appartement, où habite Melle George, un cochon qu’il a nommé Piaf-Piaf. Il a pour ce cochon une tendresse incroyable et l’embrasse du matin au soir. Quand Melle George et son entourage, Janin, Alexandre Dumas et autres, décident la mort de Piaf-Piaf, ils le font égorger pendant une absence d’Harel.

Celui-ci se montre d’abord inconsolable et se répand en lamentations. Mais son appétit, qui est de premier ordre, finit par l’emporter. Il mange sans remords côtelettes et boudins qu’on a préparés avec Piaf-Piaf.

Un jour, dans son cabinet directorial à la Porte Saint Martin, avec Frederick Lemaitre, il reçoit la visite du marquis de Custine, qui veut faire représenter un drame. Harel obtient des sommes élevées pour les décors, les costumes, se faisant faire des avances pour payer son personnel et ses créanciers.

Voulant être joué à tout prix, le marquis de Custine consent à tout. Enfin Harel ne trouve plus rien à demander, et le marquis ouvre la porte pour se retirer lorsque Harel se précipite, et veut le remercier. Frederick lui saisit alors le bras et le retint en lui disant avec cette voix et ce geste qui n’appartenaient qu’à lui : « Malheureux! Vous le laissez partir ! Et il a encore sa montre ! ».

Harel décède le 16 août 1846 à Paris, des suites d’une maladie de langueur. Ses obsèques ont lieu le 18 août à Saint-Roch. Il repose dans le caveau de l’actrice Marguerite Weimer, dite Melle George (1787-1867).

On trouve de nombreuses anecdotes sur Harel dans les dix volumes des Mémoires d’Alexandre Dumas. Il laisse un fils, Louis Marie, dit Tom Harel, né à Bordeaux. Ce dernier, directeur de théâtre, puis attaché au chemin de fer du Nord, mourra à Paris, le 17 avril 1902, à quatre-vingt-trois ans.

Œuvres :

  • La Féodalité comparée à la liberté, Petit Almanach législatif, ou la Vérité en riant sur nos députés, Paris (1820) ;
  • avec Cauchois-Lemaire et Saint-Ange – Pièces officielles et inédites sur les affaires de Naples, Paris (1820) ;
  • Dictionnaire théâtral ou Douze cent trente-trois vérités sur les directeurs, régisseurs, acteurs, actrices et employés des divers théâtres,  confidences sur les procédés de l’illusion, examen du vocabulaire dramatique coup d’œil sur le matériel et le moral des spectacles, Paris (1824) ;
  • Le succès, comédie en deux actes et en prose (représentée à l’Odéon, le 23 mai 1843) ;
  • Les Grands et les petits, comédie en cinq actes et en prose (représentée au Théâtre-Français en 1843) ;
  • Discours sur Voltaire (1844) – qui lui vaut un prix décerné par l’Académie Française en 1844 -.

Sources : Lebreton (Théodore-Éloi) Biographie rouennaise, Rouen, Le Brument, 1865, p. 179-80 ; Chéramy (Paul Arthur) Mémoires inédits de mademoiselle George, Paris, Plon-Nourrit et Cie, 1908, p. 286-7. Date de création : 2013-04-14.

Monument

Inscriptions : Aucune le concernant.

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Date de la dernière mise à jour : 18 octobre 2023