TESTE Jean-Baptiste (1780-1852)
France

Jean-Baptiste Teste nait à Bagnols-sur-Cèze (Gard), le 20 octobre 1780. C’est le fils d’Antoine Teste, avocat au Parlement de Provence, et d’Élisabeth Boyer. Il fait ses études chez les Joséphistes de Lyon. Il se distingue très tôt, selon la formule de Joseph Marie Portalis, par les « formes démosthéniques » de son débit oratoire, autrement dit par ses difficultés d’élocution.

Jean-Baptiste Teste est reçu avocat à Paris. Il s’inscrit d’abord au barreau de la capitale où il plaide quelque temps avec succès. Puis il revient s’installer à Nîmes où il acquiert une grande réputation. Pendant les Cent-Jours, Napoléon le nomme directeur de la police à Lyon.

Il est élu représentant du Gard à la Chambre des Cent-Jours le 7 mai 1815 (50 voix sur 73 votants). Mais il ne siège pas en raison de ses fonctions administratives. Proscrit à la Seconde Restauration, il se réfugie à Liège où il exerce sa profession d’avocat. Mais, s’étant fait le défenseur d’un journal, Le Mercure surveillant, qui a attaqué la Russie et l’Autriche, on l’expulse. Il n’est autorisé à revenir qu’au bout de vingt-deux mois.

Dans l’intervalle, il tente, mais sans succès, de se fixer à Paris, où on lui refuse l’inscription au barreau. Il reste donc avocat à Liège jusqu’en 1830, et se constitue une belle clientèle. Le roi Guillaume Ier des Pays-Bas le charge de la gestion de ses affaires domaniales. Il plaide également pour la maison d’Orléans lors d’un procès avec les Rohan au sujet du duché de Bouillon, réuni au royaume des Pays-Bas en 1814.

C’est à cette occasion qu’il fait la connaissance d’André Dupin (Dupin aîné), avocat de la maison d’Orléans. Il peut rentrer à Paris après la Révolution de Juillet. Il s’y inscrit au barreau, où il occupe bientôt l’une des premières places. Puis il devient avocat du domaine et du Trésor. Lors des élections générales du 5 juillet 1831, Jean-Baptiste Teste se fait élire député par le 1er collège électoral du Gard (Uzès).

Jean-Baptiste Teste siège dans les rangs du «Tiers Parti libéral» de son ami Dupin aîné, où il se signale par son ardeur à défendre le nouveau régime. Il participa plus particulièrement, toujours avec discernement et habileté, aux débats sur la législation, le commerce et les travaux publics.

Le 21 juin 1834, il est réélu et devient ministre du Commerce et des Travaux publics. Il assure, parallèlement, l’intérim du ministère de l’Instruction publique et des Cultes, dans l’éphémère ministère Maret (10-18 novembre 1834). Il est ensuite élu vice-président de la Chambre des députés et obtient sa réélection le 13 décembre 1834.

Jean-Baptiste Teste vote alors avec la majorité mais entre dans la coalition qui, en 1839, fait tomber le premier ministère Molé. Il se fait réélire député le 2 mars 1839. Puis il devient ministre de la Justice et des Cultes dans le deuxième ministère Soult (12 mai 1839-1er mars 1840). Il se fait réélire député le 22 juin 1840.

Pendant son passage au ministère, il nomme une commission chargée d’étudier les moyens de supprimer la vénalité des offices ministériels. Le maréchal Soult, qui l’apprécie, le fait ensuite nommer ministre des Travaux publics dans son troisième ministère le 29 octobre 1840.

Il fait voter la grande loi de 1841 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique, la loi de 1842 sur les chemins de fer et la loi de 1843 sur la propriété industrielle. Le 16 décembre 1843, Guizot l’écarte du ministère mais lui fait donner de somptueuses compensations. Il passe à la Cour de cassation.

Un membre de la famille royale intervient en sa faveur pour que le président de la chambre civile démissionne afin qu’on puisse le nommer à sa place. En 1847, éclate le scandale Teste-Cubières. Le général Despans-Cubières, éphémère ministre de la Guerre en 1839 et 1840, pressé par des besoins d’argent, s’est lancé dans diverses spéculations, en particulier une affaire d’exploitation minière.

En 1843, il veut obtenir le renouvellement de la concession d’une mine de sel à Gouhenans (Saône-et-Loire). Il fait alors verser par ses associés un pot-de-vin de 94000 francs au ministre des Travaux publics, Teste. On révèle l’affaire en mai 1847 à l’occasion d’un procès entre les associés de la compagnie minière devant le tribunal civil de la Seine.

Parmentier, le directeur de la compagnie des mines de sel de Gouhenans, produit des correspondance du général Despans-Cubières qui évoquent le pot-de-vin. L’affaire a une énorme publicité et le scandale est retentissant. Le roi décide d’évoquer le procès devant la Chambre des pairs.

Le 8 juillet 1847, Jean-Baptiste Teste, Despans-Cubières, Parmentier et Pellapra, ancien receveur général qui a servi d’intermédiaire comparaissent devant la haute juridiction sous l’inculpation de corruption.

On dit que Louis-Philippe reproche à son chancelier, le duc Pasquier, d’avoir mis Teste en prison préventive, en lui disant : « Comment ! Vous n’aviez pas assez d’un de mes ministres ! Il vous en faut un second ! Ainsi j’ai passé dix-sept ans à relever le pouvoir en France. En un jour, en une heure, vous le laissez retomber. »

Jean-Baptiste Teste s’est démis de toutes ses fonctions la veille du procès. Il commence par tout nier avant de s’effondrer. Il est confondu par les preuves produites devant la cour par Mme Pellapra, femme délaissée du receveur général, et par le témoignage de l’agent de change qui a converti les fonds en bons du Trésor.

Le 12 juillet, il tente de se tuer en se tirant à la tempe et au cœur deux coups d’un pistolet que son fils lui a apporté. Mais ceux ci ne le blessent que légèrement. Le lendemain, il refuse de se présenter à l’audience, «les pièces produites, écrit-il au chancelier, ne laissant plus de place à la contradiction».

Le 17 juillet, la Chambre des pairs le condamne à trois ans d’emprisonnement, à la restitution des 94.000 francs et à une amende de même montant, à verser dans les caisses de l’Hospice de Paris. On l’incarcère à la prison du Luxembourg (qu’il a fait construire !). Il y reste jusqu’au 13 août 1849.

Le président Louis-Napoléon Bonaparte l’autorise alors à purger le reste de sa peine dans une maison de santé à Chaillot. Il lui accorde une remise de 50.000 francs sur l’amende qu’il doit payer. Il sort de la maison de santé en juillet 1850 et meurt à Chaillot (aujourd’hui Paris) le 20 avril 1852.

Titres : pair de France (1843). Distinctions : grand-officier de la Légion d’honneur (1846).

Sources : Robert (Adolphe) Bourloton (Edgar), Cougny (Gaston) Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2008-06-19.

Photos

Monument

Inscriptions : FAMILLE TESTE

Caroline TESTE décédée le 8 février 1839.
Marguerite Marie Alexandrine TESTE née à Paris le 9 août 1847, décédée le 14 7bre 1854.
Jean Baptiste TESTE né à Bagnols le 20 octobre 1780, décédé à Paris le 26 avril 1852.
Catherine TESTE décédée à Paris le 6 janvier 185[…].

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Date de la dernière mise à jour : 23 janvier 2022