TALMA François Joseph (1763-1826)
France

portrait de François Joseph Talma par François Henri Riesener, 1824 - Musée Marmottan, Paris
L'acteur préféré de Napoléon

François Joseph Talma nait à Paris, le 15 janvier 1763. Ses études terminées, il se rend en Angleterre pour retrouver son père devenu dentiste à Londres. La découverte du théâtre élisabéthain éclaire son avenir et lui  délaisser le métier paternel. Talma joue en amateur en Angleterre. Il rentre en France en 1785 et, pendant un temps, s’établit dentiste.

En 1786, Talma abandonne définitivement le métier de dentiste et se fait admettre à l’école «Royale de Déclamation» lors de sa fondation. Il débute à la Comédie Française en 1787, il y joue «Brutus» et «la Mort de César» de Voltaire. Il crée «Charles IX» de Joseph Chénier, c’est un immense succès public, mais, l’église fait interdire la pièce à la trente-troisième représentation. Malgré l’interdiction, le 21 juillet 1790, on joue la pièce.

Il se forme alors une scission dans la troupe de la Comédie Française, il se forme deux groupes : «les révolutionnaires» et les autres sociétaires, qui refusent de jouer avec Talma. Ce dernier s’engage de plus en plus politiquement mais, il n’a pas d’affinités particulières avec Robespierre. Dans le même temps, il se lie d’amitié avec un jeune officier : Napoléon Bonaparte. La Comédie Française l’exclut en 1791.

Il va alors trouver refuge dans un nouveau théâtre rue de Richelieu. Cette salle prend très vite le nom de «Théâtre de la République». Quand les comédiens-français sont emprisonnés en septembre 1793, on accuse Talma d’avoir comploté contre ses anciens partenaires. La Comédie Française le réintègre en 1799. Il devient alors l’acteur préféré de Napoléon.

Le théâtre de la rue de Richelieu devient la seule salle du Théâtre-Français. C’est une représentation du Cid avec Talma dans le rôle de Rodrigue qui ouvre la nouvelle appellation. Talma devient professeur au Conservatoire en 1806. On lui prête une liaison avec la princesse Pauline Bonaparte, en 1812.

Toutes les critiques sont unanimes sur son immense talent. Dans le domaine du costume, Talma innove en incarnant Proculus en costume romain (toge, cothurnes d’époque etc…) et ce qui choque le plus : bras et jambes nues.

C’est avec l’aide et les conseils du peintre Louis David, pionnier d’une nouvelle esthétique, qu’il réforme l’esprit des costumes, il adapte la révolution politique à ses idées théâtrales. Il bouscule les conventions du spectacle tragique. Cette orientation mènera vers un nouveau style : le drame historique et politique. Talma, une année avant sa mort, a rédigé un ouvrage sur sa vision du théâtre, Réflexions sur Lekain et sur l’art théâtral.

Talma meurt le 19 octobre 1826. Il est inhumé sans cérémonie religieuse ; Paris tout entier assiste à ses funérailles, le 21 octobre 1826. C’est Alexandre Dumas qui réunit ses papiers et fait publier les Mémoires de J-F Talma, écrits par lui-même, en 1850.

Extrait (La mort de Talma, Elégie Nationale, par Gérard de Nerval, 1826) :

« Écoutez ! Écoutez ! Je crois entendre encore
les sublimes accents de cette voix sonore :
Ici, Brutus aux yeux du public transporté
Parle de la patrie et de la liberté.
Germanicus trahi périt avec courage,
Et Regulus s’écrie : À Carthage ! À Carthage !
Marius et Sylla rappellent par leurs traits
Ceux d’un héros plus grand, cher encore aux Français ;
Marius indigné contre Rome conspire,
Et César perd la vie en acceptant l’empire.
D’Otello, d’Orosmane, objets de nos terreurs,
Qu’il représente bien les jalouses fureurs !
Que de rage dans leur sourire !
Au fils d’Agamemnon qu’il prête en son délire.
Une étonnante vérité ! Rien de lui-même en lui ne reste,
Ce n’est plus Talma, c’est Oreste.
C’est Oreste ressuscité ! Et le voilà ! Pour lui la tombe s’est ouverte;
La France maintenant peut mesurer sa perte !
Elle voit son cercueil pour la dernière fois :
Où le placera-t-on ? Quelle noble demeure
Garde-t-on pour celui sur qui la France pleure ?
Va-t-il, comme Garrick, dans le tombeau des rois ?
– Non ! Le grand homme qui succombe
Est, dit-on, digne de l’enfer, L’Éternel le réprouve, et l’Église à la tombe
Refusera ses pleurs… que l’on paye si cher. »

Extrait (d’un des honneurs qui lui ont été rendus à son inhumation) :

Vous qu’il parait d’une grâce divine,
Vous dont il fut l’espérance et l’orgueil,
Pleurez, pleurez, ô Corneille, ô Racine !
Votre soutien habite le cercueil !
Fut il jamais regret plus légitime ?
Que de trésors n’avons-nous pas perdus ?
Qui nous rendra vos chefs d’œuvres sublimes ?
Talma n’est plus !

Histoire du cimetière : Le chemin qui borde le monument a pris son nom.

Sources : de Nerval (Gérard) La mort de Talma, Elégie Nationale, 1826 ; Wikipedia. Date de création : 2005-10-31.

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Monument

Inscriptions : TALMA

 

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Date de la dernière mise à jour : 12 janvier 2024