SOUDAY Paul (1869-1929)
France

Auteur de la première biographie de Marcel Proust

Paul Souday nait en 1869. Journaliste et homme de lettres, c’est l’auteur d’une biographie de Marcel Proust et d’une série de portraits de philosophes et d’écrivains publiés dans La société des grands esprits. On lui doit notamment un ouvrage sur La Bruyère qui fait autorité. Paul Souday décède en 1929.

Extrait (Article d’Henry Bidou dans le Journal des débats politiques et littéraires du 8 avril 1929) :

« Naissance au Havre du critique littéraire et essayiste Paul Souday, « l’arbitre officiel des lettres, le redouté mentor du Temps » (Roger Martin du Gard). Entré au journal Le Temps en 1892, il y sera chargé de la critique littéraire de 1912 à 1929. Il sera également l’auteur d’une biographie de Marcel Proust et d’une série de portraits de philosophes et d’écrivains. « Les grands poètes et les grands penseurs ont fait la civilisation… nous leur devons tout… ce n’est que grâce à eux qu’il vaut la peine de vivre. »

Ainsi parlait Paul Souday, au mois de février 1929, dans la préface de cette belle collection de ses articles qu’il a publiée chez Emile Hazan, et qu’il a appelé La Société des Grands Esprits. Ce n’est pas là un texte isolé. Cette prééminence de l’esprit, c’est sa conviction la plus profonde.

« Encore qu’Alexandre soit peut-être le plus grand de ceux qui n’écrivirent point, je méprise Disraëli parce qu’il eût mieux aimé être Alexandre qu’Homère. »Tel est l’univers que Souday s’est choisi : celui qui semble limité aux murs d’une bibliothèque, mais qui, à travers l’apparence du livre, s’ouvre sur l’infini de la pensée.

Il ne voyageait pas, et je crois qu’il méprisait un peu le goût que d’autres ont montré pour la figure de la terre. Il m’a conté qu’il est allé une seule fois à Venise ; il s’y est enfermé dans une chambre d’hôtel et il avait écrit son feuilleton du Temps. En fait, il n’aimait que Paris ; un livre qu’il aimait est sa joie.

Il aimait la musique d’un amour solide, sincère, profond, et il la connaissait bien. Il allait au théâtre, mais il plaisantait lui-même sur le don qu’il avait d’y dormir. De l’esprit humain, il s’est fait une idée qui est la clé même de sa doctrine. Il croyait, comme il dit, au principat de ta raison. Il suit là-dessus Berthelot et Renan.

« La raison, c’est notre seule boussole, notre seule ressource solide, les deux amis en tombaient d’accord. » Des grands esprits dont il décrit la société, le premier est Platon; mais quand on parle d’un mysticisme de Platon, il proteste énergiquement. Il cite l’autorité de Brochard. « Le platonisme ne fait nulle part au mysticisme, il reste un pur intellectualisme. »

Quand Souday vient aux philosophes modernes, il achève son livre en y introduisant non pas M. Bergson, mais M. Meyerson. « M. Meyerson est foncièrement rationaliste, dit-il, c’est-à-dire qu’il ne compte que sur la raison pour obtenir le maximum possible de connaissance. Et il termine par cette profession de foi : « Même si le monde est complètement impensable… ce n’est encore que sur la raison qu’il faudrait compter pour nous construire, en le narguant, un art et une civilisation. »

Cette conviction profonde explique assez son goût pour Voltaire, pour Renan, pour Berthelot. Elle explique aussi cet anticléricalisme célèbre, qui éclatait dans des boutades de conversation et qui s’insinuait, sous la forme d’une méfiance, quelquefois très injuste, dans les jugements qu’il portait. Mais cet anticléricalisme ne l’empêche pas d’avoir pour Pascal la plus franche admiration. Il est vrai qu’il le considère comme de son camp.

« De nos jours, dit-il, Pascal serait vraisemblablement intellectualiste, et le plus puissant soutien de la raison. Les pragmatistes, sauf leur respect, n’en mèneraient pas large, s’il leur assénait les coups qu’il réserva de son temps pour les jésuites. ». Le Génie du Christianisme ne l’empêche pas davantage d’aimer Chateaubriand.

Il y a chez Souday une sincérité dans l’admiration, un amour des belles œuvres, qui lui font un goût large et sûr. Si sa passion pour Victor Hugo est un fanatisme ombrageux, et s’il tombait, poings fermés, sur les blasphémateurs, on n’oubliera pas qu’il a soutenu aussi M. Paul Valéry dans des articles célèbres. C’est un rude polémiste. »

Sources : Wikipedia. Date de création : 2007-02-03.

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Monument

Le buste en bronze qui ornait la sépulture est désormais entreposé dans les réserves des cimetières parisiens.

Inscriptions :

A PAUL SOUDAY 1869-1929. Ses amis

La Société des Grands Esprits

Les livres du temps

Madame Paul SOUDAY, née Alix ANDRIEU, 22 septembre 1917.

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Date de la dernière mise à jour : 22 novembre 2022