SILVIU George (1900-1971)
Roumanie

Goliger Silvius, George Silviu en français, voit le jour le 2 janvier 1901, à Focşani (Roumanie). C’est le fils d’Hermina Kohl et d’Iancu Goliger, architecte restaurateur de plusieurs monastères et président de la Communauté Israélite de Focşani.

George Silviu obtient le diplôme de la Faculté de droit de Bucarest en 1922. Puis il sort de l’école d’officiers en 1923, avec le grade de sous-lieutenant. Il s’inscrit en 1920 au Parti Social-Démocrate. Il en deviendra un membre influent, puis en 1923, il devient membre de la Ligue des Droits de l’Homme.

Entre 1920 et 1937, comme journaliste, il collabore aux journaux Dimineaţa (Le matin), Adevărul (La vérité) et Lupta (Le Combat), jusqu’à l’interdiction de ce dernier.

A partir de 1924, il exerce aussi comme avocat à Bucarest jusqu’en 1939, quand on le radie, en application des lois anti- juives. En 1925, «Ciufulici» (l’Ebouriffé) comédie en vers pour enfants, obtient, à Bucarest et sur d’autres scènes nationales, un grand succès.

En 1930, il épouse Otilia Ghibu, écrivain et journaliste. Entre 1927 et 1931, il devient attaché de presse de la délégation roumaine auprès de la Société des Nations à Genève (Suisse).

En 1938, George Silviu se remarie avec Renée Şaraga, fondatrice du premier théâtre de marionnettes à gaine de Roumanie. Il écrit une pièce en vers pour marionnettes, Brumărel (Le Brumeux), dont la première représentation a lieu à l’inauguration du Teatrul Mic (Le Petit Théâtre) par la compagnie «Păcălici».

En 1940, il est assujetti au travail obligatoire. Après le ralliement de la Roumanie aux Alliés, le 23 août 1944, il retrouve ses droits civiques. Il se réinscrit alors au barreau des avocats de Bucarest.

A partir de 1945, il occupe simultanément les postes de Secrétaire Général au ministère de l’Intérieur, de président de la Commission Supérieure du Plan d’Aménagement du Territoire et du conseil d’administration des Assurances d’État, de vice-président de la Commission de Reconstruction du pays.

Il s’oppose à la fusion de son parti, le Parti Social-Démocrate, avec le Parti Communiste Roumain. Il démissionne alors, en janvier 1948, du  gouvernement et de toutes ses fonctions publiques. Les représailles commencent. En juin 1948, on lui refuse sa réinscription au barreau. Entre 1949 et 1953, ses écrits n’ont pas la «bonne orientation politique». On l’interdit donc de publication et on ne joue plus ses pièces.

Le 5 mars 1953, il est arrêté sans mandat et détenu au secret, sans jugement, à la prison politique de la rue Rahovei, à Bucarest. On le libère, le 2 juillet 1954, sans explication.

Entre 1954 et 1961, il se consacre à l’écriture. Mais il ne peut toujours pas publier, à l’exception de «Intâmplări cu tâlc» (Fables), publié en 1956. En 1958, Salba fermecată (Le collier enchanté), pièce en vers pour enfants, conçue et apprise par cœur en prison – où il n’avait ni papier ni crayon – est imprimée mais l’autorisation de diffusion est annulée.

La même année, suite à sa demande d’émigration avec les siens, on exclut sa fille aînée de l’université et son épouse du théâtre Ţăndarică.

En 1961, George Silviu, son épouse Renée, et leurs deux filles, émigrent en France et s’installent à Paris. George Silviu écrit, en exil, le roman Igrasia (Le salpêtre), témoignage sur la mécanique répressive, inspiré par les récits de ses compagnons de détention.

Avec l’exil, il perd la nationalité roumaine mais il tient à rester roumain et ne demande pas la nationalité française. De plus, il reste fidèle à son idéal laïc, démocratique et humaniste. Il continue à écrire, jusqu’à sa mort en 1971, à Paris. Il repose avec sa femme, Renée née Şaraga (1913-200), marionnettiste.

Œuvres :

  • des poésies pour enfants : Le Vieux Sage Grégoire, Jeux poétiques, Fleurs et Papillons ;
  • des recueils de poèmes : Propos du chantre Paisie, Défaites, vers inactuels, Notes ;
  • sa thèse de doctorat en droit, Les nouvelles lois pénales et la liberté de la presse ;
  • Nietzsche, note biographique, analyse de texte ;
  • des traductions de Nietzsche, George Duhamel et Paul Bourget.

Merci à Ioana George Macker pour son aide dans la réalisation de cette notice.

Sources : -. Date de création : 2009-12-10.

 

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Monument

Inscriptions :

George SILVIU, poète, Focşani 1901, Paris 1971.

Aici a trait si amuri in surghiun un biet visator, un poet, un nebun, traindu-si tristetea in care a cazut iubind libertatea in care a crezut … doar umbre de stihuri in urma-i ramin aici a trait si-a murit un romin.

(Roumain : Ici a vécu et aimé en exil un pauvre rêveur, un poète, un fou, vivant la tristesse dans laquelle il est tombé, aimant la liberté en laquelle il croyait … il ne reste ici que des ombres de vers derrière lui il a vécu et est mort un Romain.)

Renée George SILVIU, metteur en scène, Bucarest 1913-Paris 1988.
Lumioara, BILLIERE-GEORGE, sculpteure, Bucarest 1940
Ioana GEORGE MACKER, architecte, Bucarest 1946
Alain TISSOT, architecte, Tunis 1936

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Date de la dernière mise à jour : 11 février 2024