François Roguet nait le 12 novembre 1770, à Toulouse (Haute-Garonne). Le 3 mai 1789, il s’engage, à dix-neuf ans, dans le régiment de Guyenne, infanterie, devenu 21e de ligne, et fait la campagne de 1792 à l’armée du Var, comme adjudant dans le 1er bataillon de la Haute-Garonne. Il se distingue à Nice et est nommé, en 1793, adjudant-major capitaine.
Il entre ensuite dans la 21e demi-brigade de ligne, où il est chargé, en qualité d’adjudant-major, de la discipline et de l’instruction. Il est grièvement blessé à Savone en juin 1795, en sautant dans le fossé du fort, dont il s’empare sous le feu de l’armée autrichienne. En 1796, les 21e, 118e et 129e demi-brigades sont fondues pour former l’immortelle 32e ; l’adjudant-major Roguet y conserve son emploi.
Il est nommé chef de bataillon sur le champ de bataille, mais il doit quitter ses frères d’armes de la 32e pour passer à la 33e, dont il commande le 1er bataillon à Rivoli. En 1799, l’armée d’Italie se révolte et ne veut plus reconnaître l’autorité du général en chef ; seul, le commandant Roguet sait conserver à Mantoue son bataillon dans le poste qu’il doit occuper : ses soldats restent dans le devoir.
À la bataille de Vérone, le chef de bataillon Roguet, par ordre du général Moreau, marche sur le village de Sainte-Lucie, poste très-important, chasse les Autrichiens, s’établit, se maintient, mais est blessé très-grièvement d’un coup de feu à la jambe. À l’époque des insurrections des vallées d’Oneille et de Tanaro, c’est lui qui disperse les révoltés, s’empare de la ville et de la vallée d’Oneille et de celle du Tanaro, fait lever le siège de la Piève, y prend l’artillerie des insurgés, fait prisonnier le chef des insurgés et son état-major, rétablit les communications avec Gênes, l’armée et la France, et rejoint, près de Ceva, le général Moreau, qui le nomme, sur le champ de bataille, chef de brigade de la 33e demi-brigade.
Celle-ci fait des prodiges à Fossano, à Novi, à Coni et sur le Var. De 3 000 hommes, cette demi-brigade est réduite, en juillet 1800, à 160 hommes, qui reçoivent ordre de se rendre à Paris. Nommé général de brigade en 1803, il commande au camp de Boulogne les 69e et 76e d’infanterie, puis est nommé commandeur et passe en Allemagne en 1805. La brigade Roguet se distingue à Elchingen ; elle enlève le fort de Scharnitz, et s’ouvre ainsi la route d’Innsbruck.
Le général Roguet déploie sa valeur à Iéna, au blocus de Magdebourg, à l’affaire de Soldan, à la bataille d’Eylau, à la reprise de Gutstadt. Le 5 juin 1807, il forme l’arrière-garde et résiste au centre des ennemis, à la garde russe, à une artillerie formidable, lorsque son cheval est tué sous lui et une balle lui traverse le pied. Il reste sur le champ de bataille, est fait prisonnier, et pansé par le premier chirurgien de l’empereur Alexandre.
Rentré en France après la paix de Tilsitt sans être encore guéri de sa blessure, il commande l’infanterie de la garnison de Paris. Envoyé dans l’île de Cadsan, il y établit un tel système de défense, que les Anglais doivent s’éloigner et respecter Flessingue. En 1808, il se distingue aux sièges de Bilbao et de Santander, et il est nommé colonel au 2e des chasseurs à pied de la Garde impériale, avec lesquels il se trouve à Essling et à Wagram.
Il conduit ensuite, en Espagne, les tirailleurs et voltigeurs de la garde nouvellement formés, fait à leur tête les campagnes de 1809, 1810 et 1811. Il est nommé général de division le 24 juin 1811, et commandant du 6e gouvernement d’Espagne. En mars 1812, il se rend avec sa division de la Garde sur le Niémen. Arrivé le 4 juillet à Vilnius, il fait la campagne de Russie.
Après de graves désordres, presque inévitables pendant la retraite, sa division fait des prodiges : le 14 décembre, au-dessus de Smolensk, elle s’ouvre, pendant la nuit, un passage en renversant les forces accumulées de Miloradowisch, et protège la retraite de toute la Garde, se dirigeant sur Krasnoë. Ce choc arrête pendant vingt-quatre heures le mouvement de l’armée russe, forte de 80 000 hommes, et donne le temps au prince Eugène de Beauharnais de rejoindre Napoléon à Krasnoë.
Le 17, cette même division Roguet est encore admirable de courage, d’héroïsme et de dévouement ; pendant trois heures elle reçoit la mort sans reculer d’un pas, sans faire un mouvement pour l’éviter ; elle perd 1 500 hommes, mais grâce à ses héroïques efforts, les restes confus de l’armée parviennent à effectuer leur retraite. À partir de la Bérézina et à son arrivée à Posen, il rallie la vieille et la jeune garde française et italienne, qui ne tardent pas à s’immortaliser à Lützen, à Bautzen et à Wurchen.
À la bataille de Dresde, il commande 14 bataillons de conscrits à peine équipés, que Napoléon compare, ce jour même, à ses vieux soldats. À Leipzig, il culbute un corps d’Autrichiens et soutient les charges de la cavalerie réunie des gardes prussienne et russe. Dans la retraite sur le Rhin, il forme l’arrière-garde et se distingue à la bataille de Hanau.
Il prend, à Bruxelles, le commandement des troupes de la Garde, commence le 20 décembre le bombardement de Bréda, mais sans succès ; ce qui empêche Napoléon de ressaisir la ligne de la Meuse et Waal. Il va ensuite se distinguer sous les murs d’Anvers. Le 30 mars 1814, au combat de Courtrai, il renverse et détruit un corps de Saxons. Après l’abdication, le général Roguet fait à Lille sa soumission au nouvel ordre de choses.
Il garde sa position dans la Garde, devenue Garde royale, et la remet presque intacte à Napoléon en 1815. Il combat avec elle à Fleurus et à Waterloo. De retour à Paris, il signe, avec dix-huit de ses frères d’armes, une énergique protestation contre les Bourbons, et est mis en disponibilité. Après la Révolution de 1830, le comte Roguet est appelé au commandement de l’infanterie de la 1re division, puis commande la 7e division militaire.
Pendant son séjour à Lyon, il réprime la Révolte des Canuts de novembre 1831, avec une grande rigueur ; on lui reproche cependant d’avoir fait sortir les troupes de la ville, et d’avoir ainsi pactisé avec la révolte, de sorte que cette déplorable circonstance nuit au général Roguet dans l’esprit de l’armée et du peuple, et le met mal avec la cour. Le comte Roguet meurt le 7 décembre 1846, à Paris, à l’âge de 75 ans. Il est le père du général Christophe Michel Roguet, aide-de-camp de Napoléon III.
Titres : Baron de l’Empire (1807), Comte de l’Empire (28 novembre 1813), Pair de France (19 novembre 1831). Distinctions : chevalier (11 décembre 1803), commandeur (14 juin 1804), grand-officier (23 aout 1814), grand-croix (21 mars 1831) de la Légion d’honneur, chevalier de l’Ordre de la Couronne de Fer (1807), grand-croix de la Réunion (1813), grand-croix de l’Ordre de Hesse (1813), croix de Saint-Louis (8 juillet 1814).
Hommages : Une place lui est dédiée dans sa ville natale de Toulouse, la Place Roguet, dans le quartier Saint-Cyprien. Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Etoile, côté Sud.
Sources : Mullié (Charles) Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer, de 1789 à 1850, Paris, 1852 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2009-08-21.