RICHARD-LENOIR, François RICHARD, dit (1765-1839)
France

gravure par Bocourt et Tourfaut dans Les bienfaiteurs de l'Humanité, Etudes biographiques, 1878
Introducteur en France du tissage du coton

François Richard, dit Richard-Lenoir, voit le jour à Epinay-sur-Odon (Calvados), le 16 avril 1765. L’esprit de spéculation de Richard, dont le père est fermier, se manifeste de bonne heure chez lui. Dès qu’il a amassé un peu d’argent, il part à pied pour Rouen en 1782. Il entre chez un marchand, qui l’emploie comme domestique au lieu de lui apprendre le commerce.

Après avoir servi pendant un an dans un café, il vient s’établir à Paris, où l’attendent bien des mécomptes. Mais, à force d’économie et de petites spéculations, il réunit bientôt une somme de 1 000 francs, à l’aide de laquelle il achète quelques pièces de basin anglais, qui viennent d’être introduites en fraude.

Il trafique si bien que, six mois, après il possède 6 000 livres, et au bout d’un an 25 000 ! En 1789, un faiseur d’affaires fait perdre tout ce qu’il a à Richard, qui, en plus, se trouve débiteur d’une somme qu’il ne peut payer. on l’enferme alors à la prison pour dettes de la Force, sise rue Saint-Antoine. Lorsque les prisonniers de la Force profitent de l’incendie de la manufacture de Réveillon pour s’échapper, Richard emprunte quelques écus.

Il fait si bien qu’en 1790, il a acquitté ses engagements en souffrance et renouvelé son crédit. Richard devient bientôt propriétaire du domaine de Fayl près de Nemours. Il reprend ses spéculations après le 9 thermidor. Un jour qu’il veut acheter une pièce de drap anglais, il se trouve en concurrence avec un jeune négociant auquel il offre d’arrêter son enchère. Ce dernier est Joseph Lenoir-Dufresne.

Il consent à l’offre de son compatriote et l’achat se fait en commun. Dès ce moment sont jetées les bases de l’association connue sons le nom de Richard-Lenoir. Une des branches les plus lucratives de leur négoce consiste en basins anglais, qui font fureur à cette époque. Richard recherche avec ardeur le secret de la fabrication de ces tissus. Le hasard le lui ayant révélé, il se procure aussitôt cent livres de coton.

Un prisonnier anglais du nom de Browne lui monte quelques métiers dans une guinguette de la rue de Bellefonds. Les premières pièces fabriquées sont des bassins « anglais ». Lenoir donne le moyen d’en obtenir le gaufrage. Richard loue au gouvernement l’hôtel Thorigny, dans le Marais. Mais la demande de ces produits devient d’autant plus grande qu’on les achète comme de véritables marchandises anglaises. Il faut donc chercher un emplacement plus vaste.

Richard demande donc l’autorisation d’occuper le couvent de Bon-Secours, rue de Charonne. Las d’attendre, il vient un matin à la tête de ses ouvrières s’emparer du couvent abandonné. Il y introduit, avec son associé Lenoir-Dufresne, la « mule-jenny », métier-à-filer d’invention anglaise.

Première manufacture parisienne de coton, cette entreprise prospère et devient, en peu d’années, l’une des plus importantes pour le commerce du coton en France. Le premier consul lui rend visite, assiste à tous les détails de la fabrication, l’encourage et le décore de sa propre main.

En 1801, trois cents métiers sont montés dans différents villages de Picardie : l’abbaye de Saint-Martin de Sées contient ainsi cent « mule-jenny » et deux cents métiers de tisserand. Celle des Bénédictines à Alençon, celle d’Aunay-sur-Odon, les fabriques de L’Aigle, de Caen, de Chantilly se peuplent de nombreux ouvriers.

À cette époque, la fortune des associés, comme leur renom et leur crédit, est à leur apogée. En 1806, Joseph Lenoir-Dufresne meurt. Comme il a, sur son lit de mort, demandé à son associé de ne jamais séparer leurs deux noms, François Richard, fidèle à sa mémoire, devient, dès lors, « Richard-Lenoir ».

l accumule une fortune extraordinaire, passant pour l’homme le plus riche du 19ème siècle. Mais Richard-Lenoir ne croit pas avoir terminé sa mission en ayant créé la transformation du coton en France. Il veut aussi introduire la culture du coton. Il en fait semer dans le royaume de Naples, et dès 1808, il fait entrer en France plus de 50 000 de balles de coton.

Mais Napoléon, qui songe à le faire cultiver dans les départements méridionaux, frappe l’introduction de ce produit d’un nouveau droit. Dès ce moment, commencent pour Richard-Lenoir des embarras qui amèneront sa ruine complète.

Dans l’impossibilité de faire marcher ses six filatures, de payer ses cinq fermes et d’alimenter sa fabrique d’impressions à Chantilly, Richard-Lenoir est obligé d’emprunter plusieurs millions. Enfin la réunion de la Hollande à la France ayant jeté une grande quantité de marchandises anglaises en circulation, Richard ne trouve plus à vendre ses produits, ni à emprunter sur leur valeur.

Il s’adresse à l’empereur qui lui fait donner 1 600 000 francs. En 1810, il est nommé membre du conseil des manufactures. Les désastres de 1813 achèvent sa ruine. À la formation de la garde nationale, il devint chef de la huitième légion, qu’il doit habiller en quelques jours, se prononce pour la défense de Paris, et occupe, le 31 mars, l’avenue de Vincennes avec sa légion et quelques pièces de canon.

L’ordonnance du 23 avril 1814, qui supprime entièrement et sans indemnité pour les détenteurs les droits sur les cotons, fait que ce grand manufacturier, qui avait occupé vingt mille ouvriers, et qui le 22 avril avait encore une fortune de huit millions, est complètement ruiné le 24 !

Il doit alors vendre ses propriétés et accepter une pension de son gendre, le frère du général Lefebvre-Desnouettes. Il décède à Paris le 19 octobre 1839.

Hommages : À Paris, dans le 11e arrondissement, une rue, un boulevard, un square et une station de métro portent son nom.

Sources : Mémoires de Richard-Lenoir, Paris, 1837 ; Wikipedia. Date de création : 2013-01-18.

Monument

Inscriptions :

François RICHARD-LENOIR 1765-1839. Annette LAMOTE d’INCAMPS née LEFEBVRE des NOETTES 1919-2010.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 5 janvier 2024