RAVAISSON-MOLLIEN Félix (1813-1900)
Belgique

portrait par Jean-Jacques Henner - Musée du Petit Palais, Paris

(Jean Gaspard) Félix Ravaisson voit le jour à Namur (Belgique), le 23 octobre 1813. C’est le neveu du ministre Nicolas François Mollien dont il s’adjoindra le nom. Il étudie au Collège Rollin à Paris. Il est l’élève d’Hector Poret, qui défend les principes de l’école écossaise de philosophie. En 1834, il participe au concours par Victor Cousin et l’Académie des sciences morales et politiques sur la Métaphysique d’Aristote et la philosophie antique.

Ravaisson soumet son mémoire et obtient le prix en 1835. En 1836, Ravaisson est reçu premier à l’agrégation de philosophie. Victor Cousin préside le jury et la métaphysique d’Aristote est à nouveau au programme. Ravaisson remanie profondément le mémoire présenté à l’Académie. Il le publie en 1837 sous le titre Essai sur la Métaphysique d’Aristote.

Puis, il écrit un volume supplémentaire, paru en 1846, où il compare la philosophie d’Aristote avec la pensée grecque en général. Il envisage également un tome III et un tome IV qui ne seront pas publiés de son vivant. C’est dans la période postérieure à 1835 et surtout entre 1837 et 1846 que Félix Ravaisson se révèle à lui-même.

L’approfondissement de la lecture d’Aristote joue un rôle. Mais Ravaisson peut trouver dans la vie académique de cette époque et dans sa vie mondaine une émulation intellectuelle. En effet, il fréquente, chez la princesse Belgiojoso ou chez Juliette Récamier, des personnalités comme Alfred de Musset, Honoré de Balzac ou Chateaubriand. En outre, Ravaisson manifeste une disposition pour l’art et particulièrement pour la peinture.

Dans son enfance, Jean Broc et Théodore Chassériau, les disciples de Louis David, fréquentent la maison. Ravaisson expose lui-même expose au Salon des portraits sous le nom de Lacher. Dominique Ingres reconnaît du « charme » à ses dessins. Ravaisson voit en Léonard de Vinci la personnification de l’artiste.

Toute la philosophie de Ravaisson consiste, pour Henri Bergson, dans l’idée que « l’art est une métaphysique figurée et que la métaphysique est une réflexion sur l’art », que c’est la même « intuition » qui se manifeste dans l’artiste et le philosophe, de sorte qu’il y aurait une parfaite continuité entre les travaux de Ravaisson sur Aristote et ses travaux concernant l’art et le dessin.

Ravaisson soutient sa thèse de doctorat Sur l’Habitude en 1837 (elle est publiée en 1838). Il s’agit d’une réflexion sur la nature en général appréhendée à partir d’un phénomène concret : notre manière d’être quand nous contractons une habitude. L’habitude montre la nature comme une forme de « conscience obscurcie » et le mécanisme comme « le résidu fossilisé d’une activité spirituelle ».

Selon la plupart des sources historiographiques, Ravaisson aurait été écarté de l’enseignement universitaire par son Victor Cousin, dont il critique l’éclectisme. Il est certain qu’il n’est jamais devenu « un philosophe de profession » au sens où il n’a jamais enseigné la philosophie dans le cadre académique.

Ravaisson devient chef du secrétariat du ministère de l’Instruction publique, poste qu’il quitte rapidement. Il devient chargé de cours de philosophie à l’université de Rennes mais de façon purement formelle. Le ministre de l’Instruction publique, Salvandy, en 1839, le nomme inspecteur général des bibliothèques. Il doit alors visiter les bibliothèques des villes qui ont bénéficié des confiscations révolutionnaires et fait également des missions à la Bibliothèque royale (ouverture de la salle de lecture du département des estampes). Il part à l’automne 1839 à Munich pour aller voir Schelling et étudier la nouvelle philosophie allemande. Ravaisson a de nombreux entretiens avec lui et prend connaissance de sa « philosophie positive ».

Il connaissait sans doute la philosophie de Schelling de façon indirecte avant d’entreprendre ce voyage, comme en témoignent ses premiers écrits. Ravaisson est inspecteur général de 1839 à 1844 et de 1847 à 1852. Il participe également de près à deux grandes entreprises éditoriales du 19ème siècle : le Catalogue général des manuscrits des bibliothèques de France (CGM) et les Documents inédits de l’Histoire de France.

Chef du cabinet de Salvandy en 1845-1846, il passe inspecteur général de l’enseignement supérieur en 1852. Il devient ensuite conservateur des antiquités au musée du Louvre, en 1870. Hormis le deuxième tome de l’Essai sur la Métaphysique d’Aristote, Ravaisson produit alors moins d’œuvres philosophiques. Le ministre Victor Duruy, son ancien condisciple, lui demande en 1863 de rédiger un rapport sur les progrès de la philosophie.

Ravaisson y expose sa critique de l’éclectisme de Victor Cousin. Il rend compte d’un grand nombre de publications philosophiques parues en France dans les décennies précédentes. C’est un livre de philosophie qui oppose le matérialisme et le spiritualisme. Celui ci a une immense influence sur les contemporains. Ravaisson est membre de l’Institut, de l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1849 et de l’Académie des sciences morales et politiques, section de philosophie, en 1899.

Il décède à Paris, le 18 mai 1900. Il repose avec son frère, le conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal, Nicolas François Napoléon Ravaison-Mollien (1811-1884).

Sources : Wikipedia. Date de création : 2013-10-23.

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Monument

Inscriptions :

Félix, RAVAISSON MOLLIEN, de l’Institut de France, 18 mai 1900. Quand Dieu créa les, entrailles de l’homme, il y mit d’abord de la bonté.

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Date de la dernière mise à jour : 14 août 2023