MOLINIER Raymond (1904-1994)
France

Né au 24 rue Vieille-du-Temple (Paris, 4ème), Raymond Molinier est le fils d’une auvergnate, couturière à domicile, et d’un père travaillant aux Halles. C’est le cadet d’une famille de cinq enfants. Il fait le coup de feu dès l’adolescence contre les milices patriotiques. Il rencontre Trotsky, en 1915, qui parle avec Alfred Rosmer, Pierre Monatte (1881-1960), Martov et Antonov-Ovseenko.

Raymond Molinier commence à diffuser Clarté, la revue du PCF de Barbusse, en 1923. Il rencontre alors sa future épouse, Jeanne Martin des Pallières, aristocrate descendant d’une lignée de généraux d’empire. Il est élu par ses amis juifs du Bund à la direction de la section locale du PCF. Raymond Molinier quitte le Sentier après son mariage, pour s’installer rue de Géorgie, dans le 16ème.

Fréquentant Boris Souvarine après le congrès de Tours (1920), il découvre l’Opposition de gauche, menée par Trotsky, en 1924. Le PCF l’exclue en même temps que Boris Souvarine, Loriot, Alfred Rosmer et Pierre Monatte. Même sa femme vote pour son exclusion, avant de le rejoindre ! L’exclusion ne faisant alors que retirer le droit de vote au sein du parti, Raymond Molinier continue donc à militer.

Il donne, par ailleurs, des cours d’alphabétisation et de marxisme près de la place Gambetta. Avec sa femme, il fait alors partie du comité de rédaction du Bulletin communiste publié par Boris Souvarine, qui mène l’Opposition de gauche.

Après l’expulsion de Trotsky de l’URSS, en 1929, Raymond Molinier lui rend visite sur l’île de Prinkipo, en Turquie, rencontrant alors Pierre Frank (1905-1964) et Jean van Heijenoort. Il participe ensuite à la création de La Vérité, en août 1929, puis, l’année suivante, de la Ligue communiste. Pierre Naville l’écarte cependant rapidement de la direction de la Ligue.

En 1929, il se sépare de Jeanne Martin des Pallières ; celle-ci finira par devenir la maîtresse de Lev Sedov, le fils de Trotski.

En 1934, après les émeutes du 6 février et le tournant « entriste » annoncé par Trotsky qui oppose l’unité à la tactique « classe contre classe » du PCF, Raymond Molinier et Pierre Frank adhèrent en tant que tendance organisée à la SFIO. Le 3 août 1934, Raymond Molinier signe ainsi un texte, dans La Vérité, intitulé « Unité organique ? Oui ! » dans lequel il va jusqu’à envisager la fusion entre la SFIO et le PCF.

Après l’expulsion des trotskystes de la SFIO (1935) et la création du Parti Ouvrier Internationaliste (POI), Raymond Molinier et Pierre Frank, exclus du courant trotskyste officiel par Naville, créent, en mars 1936, le Parti Communiste Internationaliste (PCI). Ils publient alors La Commune. La Quatrième Internationale les exclue et ils publient, début 1939, Correspondance internationale.

Au printemps 1939, Raymond Molinier et Pierre Frank sont en Belgique, bientôt rejoints par Rodolphe Prager (futur historien de la LCR) qui a déserté. Pierre Frank et lui partent pour le Royaume-Uni. Ainsi, il sont les seuls à échapper à l’offensive allemande, alors que leurs amis belges sont presque tous arrêtés, de même que Rodolphe Prager, à son retour à Paris.

Raymond Molinier tente alors de nouer des contacts avec les trotskistes britanniques, restant isolés des trotskistes français pendant toute la guerre. Avec Pierre Frank, il envoie une lettre à Trotski, le 1er juillet 1940, pour se réconcilier. La réponse est positive, mais Trotski est assassiné avant qu’ils ne puissent accepter son offre.

La police britannique arrête Pierre Frank pour désertion. Raymond Molinier s’engage, avec des faux papiers, dans les Forces belges libres. L’Intelligence Service l’envoie à Lisbonne via un vol en direction du sud de la France, où il doit attendre les ordres. Il monte alors une couverture avec le cirque des Cairoli, très apprécié en Allemagne. Ceux-ci font venir de toute l’Europe occupée des militants, sous couverture d’artistes. Pendant trois mois, Raymond Molinier permet ainsi à de nombreux trotskistes d’échapper aux nazis (dont le fils et la maîtresse de Jean van Heijenoort), puis, ne pouvant prolonger son visa au Portugal, part pour le Brésil, où il demeure pendant toute la guerre.

Il réussit à faire venir de France Rebecca Lanis (dite Véra), sa compagne. Au Brésil, puis en Argentine, il vit avec Suzanne Demanet, jeune fille belge qu’il a connu à Lisbonne, dont il aura quatre enfants. Il anime aussi de petits groupes et échappe d’extrême justesse à l’arrestation. La Quatrième Internationale le réintégre en février 1944.

Revenu en France en 1977, Raymond Molinier adhére à la Ligue Communiste Révolutionnaire. Il meurt le 30 octobre 1994 à l’Escala, province de Gérone (Espagne).

Sources : Wikipedia ; Maitron.fr.          Date de création : 2021-11-11.

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Date de la dernière mise à jour : 29 novembre 2021