MONATTE Pierre (1881-1960)
France

Un des responsables de la CGT au début du 20ème siècle

Pierre Monatte voit le jour le 15 janvier 1881, à Monlet (Haute-Loire). Marqué par l’affaire Dreyfus, il se politise dans sa jeunesse en lisant Émile Zola et Victor Hugo. Du 10 mai 1899 à sa démission en 1902, il est surveillant dans divers collèges du Nord : Dunkerque, Abbeville, Le Quesnoy, Arras et Condé-sur-Escaut. Là, il rencontre Charles Delzant.

Il devient ensuite employé de librairie, puis correcteur de presse. Entre 1901 et1904, Charles Guieysse et l’équipe de la revue Pages libres de ce dernier l’influencent . Dès 1904, il est proche de Charles Delzant qui publie La Voix des verriers. C’est un journal national dont la rédaction est à Fresnes-sur-Escaut (Nord).

En janvier 1905, Benoît Broutchoux s’attend à ce qu’on l’incarcère. A l’enterrement de Louise Michel, il lui demande de venir le remplacer à Lens pour animer L’Action syndicale.

Après la catastrophe de Courrières (1906) et la grève atteignant la capitale, L’Écho de Paris, affolé, titre « Vers la Révolution ». C’est dans ce contexte qu’à l’approche du 1er mai 1906, Clemenceau avertit Victor Griffuelhes, secrétaire général de la CGT, qu’on le tiendra responsable pour tout débordement. Il fait aussi arrêter préventivement plusieurs militants d’extrême-gauche. Il fait enfin venir 45 000 soldats à Paris pour que la « fête du Travail » se déroule dans le respect de l’ordre et de la propriété.

On arrête Benoît Broutchoux. Pierre Monatte fait d’abord l’objet de perquisitions, puis on l’arrête et on l’incarcère à Béthune (Pas-de-Calais). Libéré le 31 mai, il dénonce un complot dans Les Temps nouveaux du 16 juin 1906 :

« Les perquisitions faites à mes domiciles ou chez des camarades, car mon dossier est bourré d’une volumineuse paperasserie, formée des procès-verbaux d’une trentaine de perquisitions faites à Lens, à Denain, à Fresnes, à Paris, à Montceau, etc. Les documents importants saisis chez moi consistaient : pour mon domicile de Paris, dans une photographie de soldats antimilitaristes que l’habile M. Hamard n’eut sans doute pas grand ’peine à découvrir, étant donné qu’elle était sur ma cheminée parmi d’autres photographies.

En outre, une lettre du mois de novembre dernier, de Dubéros, le secrétaire de l’Union des syndicats de la Seine, qu’il serait aisé de retrouver au copie de lettres de l’Union des syndicats, où Dubéros me disait ceci : « Ton syndicat a donné ton nom pour la liste des orateurs qui pourront aller dans les réunions de syndicats afin de donner le dernier coup de main à l’agitation en faveur des huit heures. Indique-moi les soirs de la semaine où tu es à peu près certain d’être libre, afin qu’on n’ait pas besoin de t’avertir plus de 24 heures à l’avance. »

C’est sur cette lettre terrible que M. Boudry, juge d’instruction de Béthune, daigne s’arrêter un long temps : « Mais ce n’est pas de la propagande normale que vous deviez faire. Le mot agitation est écrit. Qu’entendiez-vous par faire de l’agitation ? »

Et voilà pour Paris. « À Lens, on avait pris sur ma table de travail un reçu de 165 francs (si je me souviens bien) sous enveloppe, accompagné d’une lettre, prêt à être expédié. C’était le reçu d’une somme versée par le syndicat des verriers de Fresnes-sur-Escaut (Charles Delzant) pour les familles des victimes de la catastrophe de Courrières. » »

À l’Assemblée nationale, le 19 juin 1906, Jean Jaurès s’oppose durement à Clemenceau et à Ferdinand Sarrien. Selon Ferdinand Sarrien, président du Conseil,

« Les inculpés ont été arrêtés en vertu d’un mandat régulier du juge d’instruction de Béthune, à la suite de la découverte chez M. Pierre Monatte, délégué de la Confédération générale du travail, de documents qui pouvaient faire croire que cette organisation avait collaboré aux troubles fomentés dans le Pas-de-Calais ».

À la suite de la grève de Draveil Villeneuve-Saint-Georges (Essonne), en 1908, plusieurs grévistes sont tués pendant les manifestations. On arrête 31 dirigeants de la CGT après la manifestation du 30 juillet. Pierre Monatte, responsable du Syndicat général du livre et de la communication écrite CGT, s’exile en Suisse.

Léon Trotski, par l’intermédiaire de Julius Martov, l’approche afin de créer une union avec le monde des syndicats. Comme Trotski, Monatte s’oppose à l’union sacrée. Il démissionne, en décembre 1914, des instances confédérales. Par la suite, envoyé comme soldat dans les tranchées, il parvient cependant à soutenir l’action contre la guerre.

Il crée, en avril 1919, les Comités syndicalistes révolutionnaires, au sein de la CGT. On l’arrête en liaison avec la grève des cheminots de 1920 et incarcéré quelque temps.

Il rejoint le PCF en 1923, où il est proche de Boris Souvarine et Alfred Rosmer. Comme ces derniers, on l’exclue, fin 1924, au cours d’une purge de la « gauche » du parti. Il fonde, en janvier 1925, la revue La Révolution prolétarienne. Celle ci a une certaine audience chez les syndicalistes et militants de gauche entre les deux guerres.

Il publie parfois sous le nom de Pierre Lémont, anagramme de Monlet, sa ville de naissance. Pierre Monatte meurt le 27 juin 1960, à Paris.

Publications :

  • Syndicalisme révolutionnaire et communisme – Les archives de Pierre Monatte, présentées par Jean Maitron et Colette Chambelland, François Maspero, Bibliothèque Socialiste n°12, 464 pages (1968) ;
  • La lutte syndicale, présentation de Colette Chambelland, François Maspero, Bibliothèque Socialiste n°32, 320 pages (1976) ;
  • Lettres d’un syndicaliste sous l’uniforme, 1915-1918, Lettres choisies et annotées par Julien Chuzeville, éditions Smolny, 112 pages (2018).

Sources : Wikipedia. Date de création : 2021-11-11.

Photos

Monument

Photos


Date de la dernière mise à jour : 18 août 2023