MAIZEROY, René Jean TOUSSAINT, baron, dit René (1856-1918)
France

photo par Reutlinger - Collection Félix Potain

René Maizeroy, pseudonyme du baron René Jules Jean Toussaint, voit le jour à Metz le 2 mai 1856. Il est l’arrière-petit-fils, du côté maternel, du marquis Paul-Gédéon Joly de Maizeroy, colonel du Royal-Aunis sous Louis XV qui a laissé quelques ouvrages militaires reconnus. Il est le fils du vicomte Frentz Gustave Toussaint.

Sorti de l’école de Saint-Cyr et débutant dans les lettres alors qu’il est sous-lieutenant, il prend son pseudonyme littéraire et donne sa démission en 1880. Ses premiers ouvrages sont des études de la vie militaire puis il se lance ensuite dans le roman de mœurs. René Maizeroy se lie d’amitié avec de nombreux auteurs de son temps. Il est notamment l’ami et le voisin à Étretat de Guy de Maupassant, qui l’aurait pris pour modèle du Duroy de Bel-Ami.

Il publie un portrait de Maupassant dans le Gaulois en juillet 1912. Ses nouvelles sont très populaires, mais il est surtout connu pour ses romans et, en particulier, pour Les Deux amies dont le style érotique comme d’autres de ses nouvelles le fait condamner pour obscénité. Son duel avec un autre écrivain, Jean Lorrain, a aussi beaucoup de retentissement.

Ce duel se termine par une blessure pour René Maizeroy mais une amitié par la suite. Il décède en novembre 1918 Il repose avec son grand-père, le vicomte Jean-François Toussaint (1772-1820), général, et son père, le vicomte Frentz Gustave Toussaint (1813-1891), maire de Toulouse.

Ouvrages :

  • Les malchanceux, Victor Havard (1880) ;
  • Deux femmes de Mademoiselle, histoires de garnison, Havard (1880) ;
  • Souvenirs d’un Saint-Cyrien, Havard (1880) ;
  • Le Capitaine Bric-à-Brac (mœurs militaires), Charpentier (1880) ;
  • Mire Lon La, Rouveyre et Blond (1882) ;
  • Le mal d’aimer. Illustrations de Courboin. Garnier frères (1882) ;
  • La dernière croisade : mœurs parisiennes, Havard (1883) ;
  • Celles qu’on aime, Paul Ollendorff (1883) ;
  • Les amours défendues, Chez tous les libraires (1884) ;
  • Au régiment , Ollendorff (1885) ;
  • Deux amies, Havard (1885) – roman lesbien ;
  • Petites femmes, L. Frinzine (1885) ;
  • Amours de garnison, Librairie illustrée (1886) ;
  • Le boulet, Havard (1886) ;
  • Bébé Million, Ollendorff (1886) ;
  • La première fois, Dentu et Cie (1887) ;
  • L’Adorée (Les parisiennes), Havard (1887) ;
  • Lalie Spring, Marpon et Flammarion (1887) ;
  • Les passionnées, Joseph Ducher (1888) ;
  • Billets de logements, Marpon et Flammarion (1888) ;
  • La belle, Ollendorff (1889) ;
  • P’tit Mi (Les parisiennes), Havard (1889) ;
  • Coups de cœur, Havard (1889) ;
  • Sensations, Plon, Nourrit et Cie (1889) ;
  • La grande bleue, Plon (1890) ;
  • Papa la Vertu (Les parisiennes) (1890) ;
  • Vieux garçon, Les parisiennes, Havard, Paris (1891) ;
  • Cas passionnels, Ollendorff (1892) ;
  • Le miroir : pantomime en deux tableaux, Ollendorff (1892) ;
  • La Fête, Ollendorff (1893) ;
  • Le mauvais mirage, Ollendorff (1893) ;
  • Journal d’une rupture, Ollendorff (1895) ;
  • Petite reine (Les parisiennes), Ollendorff (1897) ;
  • Joujou, Ollendorff (1897) ;
  • L’adorée (Les parisiennes), Ollendorff (1897) ;
  • La chair en joie, Le cœur en peine, Nilsson (1899) ;
  • L’ange, Juven (1900) ;
  • Trop jolie, Ollendorff (1902) ;
  • Mesdemoiselles leurs filles, Nilsson (1903) ;
  • Les jeux de l’amour, Nilsson (1907) ;
  • Toujours aimer, toujours souffrir, Alphonse Lemerre (1911) ;
  • Trop jolie, Laffite (1912) ;
  • Le doute, Lemerre (1912) ;
  • L’Amour perdu, La Renaissance du livre (1918) ;
  • L’amant de proie, Albin Michel ;
  • Éducation amoureuse, Albin Michel.

Extraits (de l’article de Paul Mathiex publié dans La Presse, édition du 16/11/1918) :

« Quelques lignes pour annoncer la nouvelle dans la « Nécrologie » des journaux. C’est peu, c’est trop peu, pour un écrivain comme René Maizeroy. Pas un mot de commentaire sur une œuvre considérable par le nombre des volumes publiés ; pas une anecdote sur un romancier qui a tenu, pendant longtemps, un rang honorable et une place privilégiée dans les Lettres ; pas un souvenir sur celui dont les œuvres assuraient autrefois la vogue d’un journal, le succès d’un éditeur, étaient attendues par toute une catégorie de lecteurs et savourées par une clientèle élégante de lectrices fidèles ; pas même un portrait dans les colonnes des quotidiens qui reproduisent si volontiers les traits de tant de personnages d’une notoriété discutable ! Maizeroy méritait mieux ; il méritait davantage !

Mais aussi quelle malchance de disparaître le jour même où les journaux publiaient l’arrivée des plénipotentiaires, allemands au grand quartier du maréchal Foch ! Et c’est le jour où l’on apprit la conclusion de l’armistice que furent célébrées les obsèques de l’écrivain ; c’est parmi les rumeurs d’un peuple trépidant d’enthousiasme et délirant d’allégresse qu’il est conduit à sa demeure dernière. Quand se jouent les destinées d’un peuple, quand se décide le sort d’une nation, qu’elle est peu de chose la disparition d’un écrivain, surtout quand il s’en va une fois passée la période de ses grands succès, et quand une génération nouvelle, ayant imposé un genre nouveau, a écarté résolument, à coups de coude impatients, les aînés, et a pris dans l’attention du public la place des anciens.

Chaque génération de lecteurs grandit également avec des goûts différents de ceux que manifestait telle qui l’a précédée, et affecte de rejeter et de mépriser les auteurs qui plaisaient la veille. Ils sont rares, les écrivains dont le talent est assez robuste pour braver ainsi l’épreuve du temps, et mériter l’estime des jeunes, après avoir été l’objet de la prédilection des pères. De George Sand, qui enchanta nos aïeules, on ne lit plus guère que ses trois romans champêtres François le Champi, la Mare au Diable et la Petite Fadette ; cent autres volumes sont tombés dans le complet oubli !

Par contre, Flaubert, Alphonse Daudet, Maupassant résistent, et le nombre de leurs admirateurs ne cesse de grandir ; ils ont subi victorieusement l’épreuve et franchi 1’écueil, dont les maîtres seuls peuvent triompher ils ont fait des livres qu’on lira, tant que durera la langue française et tant qu’il existera une élite pour apprécier les œuvres d’imagination ; le temps ne pourra, rien contre Madame Bovary, Sapho, et certains contes de Maupassant, pas plus que contre Manon Lescaut et Adolphe qui restent parés d’une éternelle jeunesse et sont d’une constante actualité.

Il serait absurde de comparer René Maizeroy à ces maîtres et de placer ses romans à côté de leurs chefs-d’œuvre. Il n’écrivait pas pour la postérité, et ne se flattait pas, sans doute, de survivre à son époque. Laissera-t-il seulement un nom ? Beaucoup s’en contenteraient en cette période de production tellement intense que, chaque semaine, les libraires sont obligés de renouveler leurs étalages, d’éliminer les livres exposés depuis huit jours pour faire de la place à ceux parus le matin même, et qu’on ne reverra plus, la semaine d’après.

Maizeroy, plus qu’aucun de ses contemporains, est le romancier d’une époque: il n’appartenait pas à l’école naturaliste, mais il s’y rattachait par l’audace de ses peintures, le réalisme de ses descriptions, la hardiesse de ses sujets ; il en tempérait, toutefois, la brutalité par les raffinements d’un style qui lui est propre, qui est bien à lui, dont on peut discuter la qualité, critiquer l’exubérance, blâmer la préciosité, mais qui, du jour au lendemain, vaut à l’écrivain un succès flatteur et lui attira la clientèle féminine.

Tous les tourments créés par le désir, toutes les souffrances engendrées par la jalousie, toutes les tortures infligées par la rupture, toute la détresse provoquée par l’éloignement, il les a décrits dans une quarantaine de romans, davantage peut-être, dont quelques-uns (l’Adorée, le Boulet, P’tit Mi, Petite Reine) ont connu les forts tirages et le bruyant succès. Pendant quinze ou vingt ans, René Maizeroy est vraiment le romancier à la mode, dont les journaux littéraires se disputaient la collaboration et annonçaient les œuvres avec fracas.

Et puis, le vent changea ; le genre de Maizeroy parut de plus en plus suranné ; le romancier avait eu le tort de ne pas se renouveler. Peut-être aussi que la fougue de son style avait fléchi, que son exubérance avait fait place au procédé. Et, depuis des années, l’écrivain ne produisait plus guère. Il meurt trop tôt pour avoir connu la joie la plus grande qu’il pût souhaiter : celle de voir sa province, sa cité natale, redevenues françaises. Car Maizeroy est né à Metz, et descendait d’une très ancienne famille lorraine.

Il expirait le jour même où sa ville est délivrée par la capitulation de l’Allemagne. Metz voudra sans doute garder le souvenir de celui de ses fils qui, avant d’être un romancier brillant, avait été un séduisant sous-lieutenant : il va falloir donner des noms français aux rues dont les plaques ne portent que des indications boches ; j’aimerais à lire bientôt sur l’une d’elles le nom de René Maizeroy, officier et écrivain français (1856 – 1919). »

Sources : Journal La Presse (16/11/1918) ; Wikipedia. Date de création : 2108-11-08.

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Monument

Inscriptions :

Baron TOUSSAINT (René MAIZEROY) ancien officier – Homme de lettres décédé à Paris le 8 novembre 1918 à l’âge de 62 ans. Il aima et fut aimé.

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Date de la dernière mise à jour : 18 août 2023