LABBEY de POMPIERES Guillaume Xavier (1751-1831)
France

Guillaume Xavier Labbey de Pompières nait à Besançon (Doubs), le 3 mai 1751. C’est le fils de Jacques François Joseph Labbey et d’Étiennette Marie Roux. Il sert, avant la Révolution française, dans l’artillerie où il atteint le grade de capitaine. Il se retire en 1789 après vingt-sept ans de service. Partisan très modéré des idées nouvelles de la Révolution, il ne tarde pas à s’effrayer du tour pris par les évènements. On l’arrête et on l’emprisonne comme suspect en 1793.

Rendu à la liberté après dix-huit mois de détention, il devient membre et président du district de Saint-Quentin. Sous l’Empire, il devient conseiller de préfecture du département de l’Aisne. Puis il assure l’intérim du préfet de ce département en 1812, avant de devenir député de l’Aisne (6 janvier 1813).

Il siège dans le petit groupe des opposants. Il vote l’impression du rapport de Laîné sur la situation politique de la France après la bataille de Leipzig. Partisan du retour des Bourbons, il contribue à leur rappel après avoir pris part à la déchéance de Napoléon Ier.

Dans la Chambre de 1814, il prend assez souvent la parole :

  • contre le rétablissement de la censure proposé par le ministre de l’Intérieur, l’abbé de Montesquiou,
  • sur le budget,
  • sur la naturalisation des habitants des pays réunis à la France,
  • sur la restitution aux émigrés de leurs biens non vendus,
  • sur les douanes,
  • sur la franchise du port de Marseille.

Le 8 mai 1815, Labbey de Pompières se fait élire représentant de l’Aisne à la Chambre des Cent-Jours. Durant cette brève législature, il ne paraît pas à la tribune mais est choisi comme l’un des cinq inspecteurs de la salle. Partisan de la monarchie constitutionnelle, il reste dans la retraite pendant quelques années à la Seconde Restauration. Le 11 septembre 1819, le collège de département de l’Aisne l’élit député.

Il prend place à gauche, avec l’opposition libérale, et montre, malgré son âge avancé, beaucoup d’ardeur, interrompant les orateurs ministériels. Il vote contre les lois d’exception, contre le système électoral, et dénonce avec énergie la violation de la Charte de 1814 :

« Le pacte social est rompu, le corps politique est dissous, la loi n’est plus qu’un fantôme : il ne reste que l’arbitraire et la force, précurseurs de l’anarchie […] Les Français ont entrevu la liberté, ils la veulent, ils l’auront, dussent-ils briser sur la tête de leurs ennemis les chaînes qu’ils voudraient leur donner ! »

De plus, il parle contre la censure, appuyant un amendement de Benjamin Constant, réclame plusieurs réductions sur divers articles du budget, et fait ressortir la disparité de traitement entre l’archevêque de Paris et un simple vicaire de campagne. Le 6 mars 1820, il développe une proposition relative à la régularité des scrutins. Il demande qu’on dépose à côté de l’urne des votes un registre d’émargement sur lequel chaque votant devrait s’inscrire avant de déposer son vote et qu’on proclame le nombre des votants avant le dépouillement. Cette proposition est rejetée.

En 1821, il ne propose pas moins de 62 amendements sur le budget, qu’on appelle plaisamment des « amendements à coulisse ». Dans la session de 1822, il renouvelle ses attaques contre le régime de la presse et contre le ministère à propos de l’affaire du sous-caissier Mattéo, qui a détourné 1900000 francs, dont il demande que le ministre se porte garant.

Citation (de Raban, 1826) :

« M. Labbey de Pompières lit souvent de fort longs discours qui ne sont pas sans mérite. Il est vif, acrimonieux, malgré son grand âge, c’est un des athlètes les plus infatigables de l’opposition ; il parle sur toutes les parties du budget, et présente plusieurs amendements sur chaque chapitre : il en a présenté soixante-deux. »

Adversaire résolu de l’expédition d’Espagne de 1823, il proteste également contre l’expulsion du député Jacques Antoine Manuel. Il compte aussi parmi les opposants les plus actifs et les plus déterminés. Le 6 mars 1824, Labbey de Pompières se représente sans succès devant le collège de département de l’Aisne, mais il se fait élire le 2 août de la même année dans le 2e arrondissement électoral (Saint-Quentin). Il y est réélu le 17 novembre 1827.

On le voit encore paraître très fréquemment à la tribune pour combatte le « milliard des émigrés », la septennalité de la Chambre des députés, la loi sur le sacrilège, le rétablissement du droit d’aînesse, etc. Il ne perd aucune occasion de critiquer vivement les actes politiques et financiers du comte de Villèle à qui il prédit un jour que les « paratonnerres » dont il a surchargé les toits de son ministère ne lui serviront pas de « parachute ».

Après la chute du ministère Villèle, il dépose lui-même, le 30 mai 1828, sur le bureau de la Chambre des députés, un projet de résolution de mise en accusation formelle contre le cabinet ainsi conçu : « J’accuse les précédents ministres de trahison envers le roi qu’ils ont isolé de son peuple ». Renvoyée aux bureaux, la proposition est discutée le 4 juin, prise en considération, sous une autre forme et, le 21 juillet, le rapporteur, Girod de l’Ain, conclut à son adoption.

On ajourne toutefois la discussion à la session suivante. La Chambre finit par renoncer à cette procédure. Labbey de Pompières n’épargne pas le ministère Martignac. Il fait partie de ceux qui préparent sa chute par d’incessantes critiques et une guerre continuelle à coups d’amendements. Il signe l’adresse des 221 contre le ministère Polignac après avoir présidé, comme doyen d’âge, la première séance de la session de 1830. Après la dissolution du 16 mai 1830, on le réélit député, le 23 juin.

Labbey prend une part très active aux délibérations des députés présents à Paris contre les ordonnances du 25 juillet 1830. Il les réunit sous sa présidence, le 27 juillet, et proteste avec eux. Il excite personnellement le peuple à la résistance dans plusieurs quartiers de la capitale. Bref, il met toute son influence au service de l’avènement de Louis-Philippe. Dès les premiers temps de la monarchie de Juillet, la politique du nouveau régime déçoit toutefois ses attentes libérales.

Il se sépare de la majorité et refuse le poste de questeur qu’elle lui offre. Puis il cesse de paraitre aux séances de la Chambre. Il meurt peu après, le 14 mai 1831, à Paris. Il repose avec son beau-fils, Odilon Barrot (1791-1873), ministre, et le père de celui ci, Jean André Barrot (1753-1845), juge et député de la Convention.

On a de lui plusieurs de ses discours et opinions à la Chambre, imprimés à part.

Sources : Robert (Adolphe), Bourloton (Edgar), Cougny (Gaston) Dictionnaire des parlementaires français, 1789 1891, Bourloton éditeur, Paris, 1891 ; Raban, Petite biographie des députés de 1826, Paris, 1826. Date de création : 2008-05-15.

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Monument

Inscriptions : Aucune

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Date de la dernière mise à jour : 15 août 2023