MANUEL Jacques Antoine (1775-1827)
France

portrait par Michel Martin Drolling, 1822 - Château de Versailles

Jacques Antoine Manuel voit le jour le 10 décembre 1775, au hameau de la Conchette, près de Barcelonnette (Alpes-de-Haute-Provence), dans une famille de magistrats. Il a de nombreux frères et sœurs. Après l’équivalent de l’école primaire passé dans la vallée, on le place au couvent des Doctrinaire, à Nîmes (Gard).

Cependant, malgré de bons résultats, il arrête ses études jeunes, à 14 ans. Après son temps de service dans l’armée révolutionnaire, il part travailler quelque temps en Italie, comme marchand chez un membre de sa famille. Il trouve peu après sa vocation : avocat. D’abord au tribunal de Digne (Alpes-Maritimes), puis en 1798, il a un poste à la Cour d’Appel d’Aix-en-Provence, où il se fait une réputation et une petite fortune.

Il intègre la société mondaine de la ville. En 1793, il s’enrôle dans l’armée. Il rejoint l’armée d’Italie et son courage lui vaut de devenir officier. Il participe notamment à la fameuse bataille du Pont d’Arcole, sous le commandement de Bonaparte. Cependant, peu après, il est blessé et retourne à la vie civile. Redevenu avocat, il s’intéresse à la politique, mais sans intention d’y participer.

En 1815, il se fait élire député des Basses-Alpes malgré lui, mais finit par l’accepter. Cette première expérience est courte, la Chambre ayant été dissoute. Il a des difficultés car il est pour que Napoléon. Il reprend alors son travail d’avocat mais à Paris. En 1818, il se fait réélire député du Finistère et de Vendée. Il se rallie alors à Louis XVIII, mais en tant que libéral, désireux de préserver toutes les conquêtes politiques et sociales de la Révolution.

Grand orateur, ses opinions lui valent beaucoup d’ennemis parmi les députés ultras. Il devient l’ami du libéral Louis Adolphe Robin-Morhéry. Réélu député de Vendée en 1820 et 1823, les députés ultra demandent son exclusion, le 27 février 1823.

En effet, ce jour-là il prononce un discours sur l’expédition d’Espagne, dans lequel certains voient une justification de la déchéance de Louis XVI en 1792, par comparaison avec la situation du roi d’Espagne en 1823. Bien qu’il se défend d’un tel but, on expulse Manuel de la Chambre. Bravant sa déchéance, il revient le lendemain.

Il prononce alors sa fameuse phrase :

« Mr le Président, j’ai annoncé hier que je ne céderais qu’à la violence, aujourd’hui je viens tenir ma parole. »

Il faut faire appel à la gendarmerie pour l’expulser de force et la foule ovationne Manuel, en sortant de l’Assemblée. Victor Hugo relate dans Les Châtiments cet incident de la chambre des députés :

 « Vicomte de Foucault, lorsque vous empoignâtes,
L’éloquent Manuel de vos mains auvergnates ».

Manuel ne se fait pas réélire aux élections suivantes et meurt à Paris, le 20 août 1827.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes accompagnent son cortège funèbre. Son collègue député, Auguste de Schonen, lit un discours dont la publication vaut des poursuites à l’éditeur et à l’imprimeur. Il repose avec son ami, l’auteur de chansons Pierre Jean de Béranger (1780-1857), dans une concession achetée par le banquier Jacques Laffite.

Sources : Wikipedia. Date de création : 2010-01-18.

Photos

Monument

La concession à perpétuité est entretenue gratuitement par la ville de Paris. Les médaillons en bronze sont l’œuvre de Pierre Jean David d’Angers (1827).

Inscriptions :

(Sur une plaque de fer moulé) MANUEL, né à Barcelonnette le 10 décembre 1775, soldat volontaire en 1793, avocat, membre de la chambre des représentants, député expulsé par la majorité de 1823, mort le 20 aout 1827. Hier j’ai annoncé que je ne céderai qu’à la force, aujourd’hui je viens tenir parole. Séance du 4 mars 1823.

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Date de la dernière mise à jour : 20 novembre 2023