JECKER François Antoine (1765-1834)
France

gravure par Geille (?) d'après un dessin de J. Boilly

François Antoine Jecker voit le jour à Hirtzfelden, près de Colmar (Haut-Rhin), le 14 novembre 1765, d’un père agriculteur. A dix-neuf ans, Jecker obtient la permission de se rendre à Besançon (Doubs), où deux de ses oncles sont établis musiciens. Il sollicite la permission de se placer apprenti chez un mécanicien. C’est là qu’il puise les premières notions de sa future profession.

Au bout d’un an, Jecker en sait plus que son maître et a épuisé les ressources scientifiques de Besançon. Il veut alors venir à Paris. Mais comme la France est inférieure à l’Angleterre pour la mécanique, il s’embarque pour Londres en 1786. Là, il se présente à Ramsden, le premier des mécaniciens de la Grande-Bretagne.

Celui-ci l’admet dans ses ateliers et il lui reconnait une intelligence vive et un amour de son art, tant qu’il le prend en affection. En peu de temps, le maître et l’élève deviennent amis pour la vie. Ramsden est alors à l’apogée de sa renommée : la Société Royale de Londres vient de le recevoir en son sein.

Pendant six ans, Jecker travaille sans relâche avec Ramsden. Il s’initie à toutes les découvertes récentes et se lie avec plusieurs mécaniciens. En 1792, il revient en France. Coulomb, Lagrange, Gaspard Monge, Carnot, Darcet lui tendent les mains.

Sous leurs auspices, il présente au Bureau de Consultation des Arts, une machine propre à diviser les lignes droites en partie égales et une autre machine pour tailler une vis de toutes sortes de pas avec une grande régularité. Le bureau lui accorde une récompense de trois mille francs.

Encouragé par ce premier succès et par plusieurs savants célèbres, Jecker va s’adonner exclusivement à la fabrication d’instruments scientifiques. Il fonde une manufacture sur le modèle de celle de Ramsden.

Mais soudain la réquisition l’enlève de ses travaux et le force à ajourner ses projets. Aux armées, Jecker se fait remarquer par son courage et ses talents. Ses connaissances théoriques et pratiques le font nommer capitaine du génie.

Il serait sans doute parvenu aux premiers rangs dans cette arme, mais il demande son congé. Jecker revient à Paris reprendre ses travaux. Il organise sur une vaste échelle, dans un quartier populeux de la capitale, une fabrique d’instruments d’astronomie, de géodésie et d’optique. Il enseigne et dirige de nombreux ouvriers dont il devient le bienfaiteur.

Sous ses ordres se créent plusieurs machines dont la perfection excite l’admiration des hommes de l’art. A la chute des assignats, lorsque les monnaies reparaissent, le plus souvent rognées et altérées, Jecker invente un nouveau Pèse-Monnaies. Celui ci est d’une exactitude si rigoureuse qu’il est facile de constater les plus légères altérations.

Il en vend plus de quatre-vingt mille en peu de temps. Jusqu’alors l’Angleterre en avait conservé la fabrication exclusive. En 1801, Jecker obtient une médaille de l’honneur à l’exposition des produits de l’industrie française.

A l’expédition suivante, en 1806, il reçoit une nouvelle médaille de première classe, en argent. Enfin, en quelques années, la maison Jecker devient célèbre non seulement en France, mais à l’étranger. C’est lui qui approvisionne les flottes d’instruments nautiques.

Il soumet à l’Institut une machine pour diviser le cercle et ses parties inventée par Ramsden, mais perfectionnée par lui, un instrument pour tailler les verres plans à faces parallèles, etc… Le 3 août 1812, l’Institut impérial de France sanctionne la renommée que Jecker a acquise comme opticien et ingénieur.

Les conclusions du rapport de l’Institut soulignent, à cette époque de lutte contre les Anglais, que :

« ses efforts, en abaissant les prix de fabrication, contribuaient à fournir d’instruments nautiques toute cette brave et laborieuse jeunesse, qui s’empressait avec un enthousiasme si louable à servir sur les vaisseaux de l’état. »

Ce rapport est signé par Francois Arago, Burkardt, Rossel, Lévèque et Jean-Baptiste Delambre. Les Anglais eux-mêmes rendent témoignage à son talent : en 1815, le major-général Brisbane lui écrit une lettre flatteuse dans laquelle il le félicite de ses brillants succès.

En 1819, Jecker reçoit pour la quatrième fois une médaille et il est breveté de confirmation à toutes les expositions suivantes: en 1823, 1827 et 1834. De nouveaux baromètres et des instruments de géodésie valent à Jecker les félicitations de tous les connaisseurs.

Jecker déploie encore toute l’activité et l’ardeur de ses jeunes années, quand il est soudainement enlevé par une congestion cérébrale, le 30 septembre 1834, à soixante-neuf ans.

Sources : Arthur Backer Date de création : 2008-03-08.

Monument

La sépulture était ornée d’un buste en bronze, de facture inconnue, et qui a disparu.

Inscriptions : Sépulture de la famille JECKER

Photos


Date de la dernière mise à jour : 4 janvier 2023