GUYOTAT Pierre (1940-2020)
France

Pierre Guyotat voit le jour le 9 janvier 1940, à Bourg-Argental (Loire). C’est le fils d’un médecin de campagne et d’une mère née en Pologne. Il fait des études secondaires dans des pensionnats catholiques. En même temps qu’il peint, il commence à écrire à l’âge de 14 ans.

À 16 ans, il envoie ses poèmes à René Char, qui lui répond et l’encourage. À 19 ans, mineur, un an après la mort de sa mère, il s’enfuit à Paris où, tout en continuant d’écrire, il fait plusieurs petits métiers.

En 1960, il écrit sa première fiction, Sur un cheval. Puis il est appelé en Algérie, en 1960. Au printemps 1962, il est arrêté et interrogé pendant dix jours par la Sécurité militaire. Puis celle ci l’inculpe d’atteinte au moral de l’armée, de complicité de désertion et de possession de livres et de journaux interdits. Après trois mois de cachot « au secret », on le transfère dans une unité disciplinaire. De retour à Paris, lecteur aux éditions du Seuil, il publie aussi des articles dans Arts et spectacles.

En 1964, il entre comme responsable des pages culturelles de l’hebdomadaire dans France Observateur qui devient Le Nouvel Observateur.

Son premier livre, Tombeau pour cinq cent mille soldats paraît aux éditions Gallimard en 1967. En 1969, Catherine Claude publie, dans La Nouvelle Critique, revue théorique du Parti Communiste Français, un article élogieux. Le livre connaît alors un grand retentissement, du fait de son écriture, et sans doute aussi parce qu’il mêle sexe (entre hommes, pour une grande partie du livre) et guerre.

Le général Massu fait interdire le livre dans les casernes françaises en Allemagne. Pierre Guyotat se lie d’amitié avec Philippe Sollers. Ils sont tous deux récompensés par le prix de la Bibliothèque nationale de France (BnF) en 2009 et 2010. Il fréquente aussi Jacques Henric et le groupe Tel Quel, dont il se détachera peu à peu à partir de 1973. Par l’intermédiaire de Jacques Henric, à la même époque, il se lie d’amitié aussi avec Catherine Millet.

Pendant les événements de mai 1968, il participe avec Jean-Pierre Faye, Nathalie Sarraute, Michel Butor et d’autres, à la création de l’Union des écrivains de France. Arrêté deux fois, il adhère au Parti communiste, après avoir entendu un discours du général de Gaulle accusant ce parti de subversion. Il en démissionne en 1972.
Un de ses poèmes, illustré par le peintre cubain Wifredo Lam, paraît dans le cahier Insolation no 3 aux éditions Fata Morgana, en décembre 1968.

De 1967 à 1975, il fait de nombreux séjours en Algérie et au Sahara. En 1969, il fait la connaissance de Paule Thévenin, amie d’Antonin Artaud et éditrice de ses œuvres complètes. En 1970 parait, chez Gallimard, Éden, Éden, Éden préfacé par Michel Leiris, Roland Barthes et Philippe Sollers. Le livre est aussitôt interdit par le ministère de l’Intérieur à l’affichage, à la publicité et à la vente aux mineurs.

Une pétition de soutien internationale à l’ouvrage est signée (notamment par Pier Paolo Pasolini, Jean-Paul Sartre, Pierre Boulez, Joseph Beuys, Pierre Dac, Jean Genet, Joseph Kessel, Maurice Blanchot, Max Ernst, Italo Calvino, Jacques Monod, Simone de Beauvoir, Nathalie Sarraute…). François Mitterrand, dans une communication orale à l’Assemblée, et Georges Pompidou, alors président de la République, dans une lettre à son ministre de l’Intérieur Raymond Marcellin, interviennent en faveur de l’ouvrage, mais l’interdiction ne sera levée qu’en novembre 1981.

En 1973, sa pièce de théâtre Bond en avant est créée aux Rencontres internationales de musique contemporaine de La Rochelle puis à La Cartoucherie de Vincennes. Puis, en 1975, paraît chez Gallimard Prostitution, où il intègre le texte de Bond en avant. Ce livre marque le début d’une transformation de la langue. La même année, il écrit Vive les bouchères de l’interdit (Libération, 13 juin 1975). C’est un texte de soutien aux prostituées qui occupent l’église Saint-Nizier à Lyon, qu’il filme avec ses amis Carole et Paul Roussopoulos (Les Prostituées de Lyon parlent, 1975).

En 1986, Michel Guy, directeur du Festival d’automne, lui commande un texte pour le théâtre, Bivouac. Au printemps 1988, il travaille à Los Angeles avec le peintre américain Sam Francis à un livre d’artiste dont il écrit le texte : Wanted Female. A sa parution, en 1996, la BnF fait l’acquisition d’un exemplaire pour le département des Livres rares et précieux.

En 1991, il commence la rédaction de Progénitures, dont la première et la deuxième partie paraissent chez Gallimard en 2000 accompagnées d’un CD d’une lecture de l’auteur. En 2005, les éditions Léo Scheer publient le tome 1 (1962-1969) des Carnets de bord.

Puis il écrit Formation, récit de ses premières années. Il revient alors longuement sur l’action de certains membres de sa famille dans la Résistance. En 2014, dans Joyeux animaux de la misère, il met en scène une mégapole dans l’une desquelles se trouve un district « chaud » et son bordel. Le récit des aventures de trois personnages est mené dans une langue de comédie, crue et enjouée.

Puis, en 2018, Idiotie est un âpre récit de sa jeunesse. Il décrit ses années de misère à Paris, à la fin des années 1950, et surtout sa guerre d’Algérie.

Par ailleurs, on expose ses dessins à Paris (galerie Azzedine Alaïa), Londres (galerie Cabinet), Los Angeles (The Box) et Bruxelles (galerie Xavier Hufkens).

Enfin, de 2001 à 2004, il devient professeur associé à l’Institut d’études européennes de l’université Paris VIII. Il y fait des lectures commentées de textes de la littérature française et étrangère depuis le Moyen Âge jusqu’à Paul Claudel, devant des étudiants, étrangers principalement, de premier cycle.

Il meurt à Paris, le 7 février 2020.

Œuvres :

  • Ashby (Le Seuil, 1964) ;
  • Tombeau pour cinq cent mille soldats (Gallimard, 1967) ;
  • Éden, Éden, Éden (Gallimard, 1970) ;
  • Bond en avant (1973) ;
  • Prostitution (Gallimard, 1975) ;
  • Bivouac (1986) ;
  • Wanted female (1988) ;
  • Progénitures (Gallimard, 2000) ;
  • Carnets de Bord 1962-1969 (Léo Scheer, 2005) ;
  • Coma (Mercure de France, 2006) ;
  • Formation (Gallimard, 2007) ;
  • Joyeux animaux de la misère (Gallimard) ;
  • Par la main dans les enfers (Gallimard, 2016) ;
  • Idiotie (Grasset, 2018) – prix Médicis ;
  • Depuis une fenêtre (Gallimard, 2022).

Distinctions : commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres

Sources : Wikipedia. Date de création : 2024-03-01.

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Monument

Inscriptions :

Pierre GUYOTAT, 1940-2020.

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Date de la dernière mise à jour : 6 mars 2024