FIEVEE Joseph (1767-1839)
France

Joseph Fiévée voit le jour le 9 avril 1767, à Paris.  C’est le fils d’un restaurateur parisien et le beau-frère de Charles Frédéric Perlet. Il devient imprimeur sous la Révolution, éditant notamment La Chronique de Paris, où il fait ses débuts comme journaliste. Cela lui vaut la prison sous la Terreur. Membre du réseau royaliste de l’abbé de Montesquiou, il doit se cacher sous le Directoire.

Il rédige dans la clandestinité un roman sur les valeurs de l’époque et ses remous, La Dot de Suzette, qui rencontre un grand succès littéraire en 1798. Il s’adonne ensuite à la politique et se jette, en 1795, dans une opposition périlleuse. De 1800 à 1803, il est chroniqueur à la Gazette de France. Ecroué au Temple sur ordre de Fouché et libéré sur intervention de Roederer à la demande de Bonaparte, il devient l’agent secret de ce dernier.

Il l’informe sur la situation politique du pays et sur celle de l’Angleterre. De 1804 à 1807, il est rédacteur en chef au Journal des débats, qui devient le Journal de l’Empire. Il est nommé maître des requêtes au Conseil d’état en 1810, puis préfet de la Nièvre, de 1813 à 1815. Rallié à Louis XVIII pendant la Première Restauration, on le révoque pendant les Cent-Jours.

Il devient un des penseurs du parti ultra, collaborateur de La Quotidienne et du Conservateur. ll écrit aussi dans le Journal des débats et contribue par l’habileté de sa polémique au succès de cette feuille. Il évolue vers le libéralisme après 1818. Défendant la liberté de la presse, il est condamné à trois mois de prison à la Conciergerie, où Casimir Périer (1777-1832) lui rend visite.

Il collabore au Temps, en 1829, puis au National, en 1831. Fiévée se mue en modéré (peut-être même libéral) avec la publication de De l’Espagne et des conséquences de l’intervention de l’armée, en 1823. Beaucoup des ultras le condamnent à cause de ses opinions contre la guerre.

Vie privée

Il se marie en 1790, mais sa femme meurt en couches en lui laissant un enfant. Joseph Fiévée vit sa relation homosexuelle avec une liberté surprenante pour son temps, bien qu’un Regis de Cambacérès, par exemple, se soit trouvé dans une situation similaire. Il vit ouvertement avec son ami Théodore Leclercq, rencontré à la fin des années 1790, qui l’accompagne en toute occasion.

Quand Napoléon l’envoie en mission en Angleterre, il emmène son ami et son fils chez lui. Lorsqu’il devient préfet, il s’installe à Nevers avec son ami. L’historien Jean Tulard indique qu’il « transforme son ami en maîtresse de maison faisant les honneurs des salons de la préfecture pour le plus grand ébahissement de ses administrés ».

On reçoit les deux hommes ensemble dans les salons de la Restauration. Interrogé par Montalivet sur les rumeurs qui circulent, il lui répond dans un courrier :

« Sur ces bruits, je serai toujours mal instruit parce que je suis fort peu causeur, excepté dans mon intimité, et que je n’en ai point ici et ne suis point désireux d’en avoir. Peut-être même est-ce par la facilité que je trouve à vivre sans aucune sujétion de société que ma fonction me plaît tant. Je ne vois personne ou je vois cent personnes à la fois, et comme j’ai toute ma vie eu un souverain mépris pour les propos et un dégoût insurmontable pour les bavards, il m’est impossible de connaître tous ces bruits. »

Il dit aussi :

« Quand on a un vice, il faut savoir le porter. »

Stendhal note de lui : « On dit qu’il a été fait maître des requêtes parce qu’il avait tenu une espèce de contre-police. ». Il meurt le 9 mai 1839, à Paris. Il repose avec son ami, l’homme de lettres Michel Théodore Leclercq (1777-1851).

Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (1812).

Sources : Bouillet (Marie-Nicolas), Chassang (Alexis) Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, Paris, 1878 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2009-09-12.

Monument

Inscriptions :

[…] 1825, décédé le 14 janvier 1832.
Marie Elisabeth FIÉVÉE, veuve ST VINCENT, née le 30 mai 1763, décédée le […].
Adolphe Joseph Louis Théodore FIÉVÉE, lieutenant-colonel de cavalerie en retraite, chevalier de la légion d’honneur, né le 21 juin 1822, décédé le 3 janvier 1905.
Joseph FIÉVÉE né le 16 avril 1767, décédé le 8 mai 1839.
Michel Théodore LECLERCQ, décédé le 15 février 1851 dans sa 74ème année.
MME Marie Berthe FIÉVÉE, née THIBAULT le 4 août 1839, décédée le 1er mars 1911.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 7 mars 2022