DUFRENOY Adélaïde Gillette, née BILLET (1765-1825)
France

gravure dans Dufrenoy Biographie des jeunes demoiselles, 1820
Femme de lettres pensionnée par Napoléon

Adélaïde Gillette Billet voit le jour à Nantes (Loire-Atlantique), le 3 décembre 1765. C’est une poétesse, et un auteur prolifique. Fille de Jacques Billet, joaillier de la couronne de Pologne, elle apprend, après avoir reçu une éducation soignée au sein de sa famille, le latin au point d’être en état de traduire Horace et Virgile tandis que Laya l’initie aux charmes de la poésie française. Elle épouse, à quinze ans, un riche procureur au Châtelet de Paris, qui est l’homme de confiance de Voltaire, Dufrenoy.

Sa demeure devient le rendez-vous des beaux esprits de l’époque alors qu’elle sent se développer en elle une véritable vocation poétique. Elle débute, en 1787, dans la carrière des lettres, par une petite pièce intitulée Boutade, à un ami et de charmantes poésies insérées dans L’almanach des Muses.

L’année suivante, elle se risque au théâtre où elle fait jouer L’amour exilé des Cieux, mais elle doit surtout sa réputation littéraire à ses Elégies. Elle semble au comble de la fortune et du bonheur lorsque survient la Révolution et éclate un incendie qui achève la ruine de son mari.

Le Directoire ne leur accorde aucun dédommagement et Dufrénoy accepte, sous le Consulat, une mince place de greffe en Italie, à Alexandrie. Adélaïde-Gillette l’y accompagne et, lorsqu’il devient aveugle, fait de son mieux pour le suppléer, copiant les dossiers et les jugements, sans toutefois rien perdre de son génie poétique car c’est de cette époque sombre que date la plupart de ses élégies. La mélancolie qu’elle y exprime n’est pas feinte car elle se meurt d’ennui loin de la France.

Enfin revenue en France à la retraite de son mari, elle y vit presque uniquement de travaux littéraires jusqu’au jour où, par l’entremise d’Arnault et du comte de Ségur, elle reçoit de Napoléon Bonaparte, à qui elle voue une reconnaissance sans bornes, des secours qui l’affranchissent du souci des premières nécessités de la vie.

Quittant alors le métier pour l’art, elle fait de nombreuses poésies érotiques qu’elle voile du nom de «poésies élégiaques». C’est en 1807 que parait la première édition de ses Élégies qui connait un grand succès. En 1811 et 1812, elle chante le roi de Rome et, en 1813, elle fait partie de la suite qui accompagne l’impératrice Marie Louise à Cherbourg.

La chute de l’empire ayant une nouvelle fois dérangé ses affaires, sa plume lui devient, une nouvelle fois, une ressource. Elle rédige des ouvrages pour l’enfance et la jeunesse, dirige la Minerve littéraire, L’almanach des Dames et L’Hommage aux Demoiselles. Elle voit une partie de ses pièces couronnées par diverses académies et elle obtient, en 1814, le prix de l’Académie Française pour le poème Derniers moments de Bayard.

De plus, elle donne aussi des traductions de l’anglais, quelques romans et des livres pour l’éducation des filles. Le recueil de ses élégies parait en 1807, et est plusieurs fois réimprimé avec des augmentations. Adélaïde Dufrénoy s’éteint à Paris, le 7 mars 1825. Elle repose avec son fils, le géologue Ours Pierre Armand Dufrénoy (1792-1857).

Œuvres :

  • Cabinet du petit naturaliste (A. Rigaud, 1810-1819) ;
  • L’Anniversaire de la naissance du Roi de Rome (P. Didot l’aîné, 1812) ;
  • La femme auteur, ou Les inconvénients de la célébrité (Béchet, 1812) ;
  • Élégies, suivies de poésies diverses, par Mme Dufrénoy (A. Eymery, 1813) ;
  • L’Hymne des Français à S. A. R. la duchesse d’Angoulême lors de son entrée à Paris (Brasseur aîné, 1814) ;
  • Le Tour du monde ou Tableau géographique et historique de tous les peuples de la terre (A. Rigaud, 1814) ;
  • Étrennes à ma fille, ou Soirées amusantes de la jeunesse (A. Eymery, 1816) ;
  • Biographie des jeunes demoiselles ou vies des femmes célèbres depuis les hébreux jusqu’à nos jours (A. Eymery, 1816) ;
  • L’Enfance éclairée, ou les Vertus et les vices, par Mme Dufrénoy (A. Eymery, 1816) ;
  • Faits historiques et moraux (A. Rigaud, 1817) ;
  • Hommage aux demoiselles (Le Fuel, 1818) ;
  • Les Françaises nouvelles (A. Eymery, 1818) ;
  • La Petite ménagère, ou l’Éducation maternelle (A. Eymery, 1821-1822) ;
  • Abécédaire des petits gourmands (Lefuel, 1822) ;
  • La Convalescence, élégie (J. Tastu, 1823) ;
  • Beautés de l’histoire de la Grèce moderne, ou Récit des faits mémorables des Hellènes depuis 1770 jusqu’à ce jour (A. Eymery, 1825);
  • Les Conversations maternelles (A. Eymery, 1826) ;
  • Nouvel Abécédaire des petits gourmands (J. Langlumé, 1837-1857), etc…

Sources : -. Date de création : 2007-11-12.

Monument

Inscriptions :

Ses chants venaient du cœur, le cœur fut son génie ;
Instruite aux doctes lois du Dieu de l’harmonie ;
De Sapho, de Corinne, émule tour à tour,
Dufrénoy célébra la Patrie de l’Amour ;
De leurs malheurs communs volontaire victime.
L’Hymen et l’Amitié la trouvèrent sublime ;
Maintenant descendue au tombeau maternel
Son laurier protecteur se transforme en autel.

Ici repose, Ours Pierre Armand Petit DUFRENOY, membre de l’académie des sciences, inspecteur général de 1ère classe, du corps impérial des mines, directeur de l’école des mines, professeur au Muséum d’Histoire Naturelle, commandeur de la légion d’honneur, et de plusieurs ordres étrangers, né le 5 7bre 1792 et décédé le 20 mars 1857.
Rien ne pouvait égaler son jugement, son esprit judicieux et éclairé, que l’inépuisable bonté de son cœur, et l’élévation de ses sentiments. Profonds et éternels regrets de ses […], et de sa veuve qui n’existent […] chéri.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 14 mars 2023