DESCLEE Aimée Olympe (1836-1874)
France

photo prise par son frère, 1912

Aimée Olympe Desclée voit le jour à Paris, le 16 novembre 1836. Après des débuts indolents, des fugues ici et là, des aventures brèves, rachetées au fond d’une retraite sévère, elle devient une comédienne exceptionnelle.

Son visage étrange, sa voix un peu nasale, une sensibilité quasi maladive, un goût profond de la vérité humaine, toute simple et nue, des cris étouffés, venus du cœur, en font l’héritière de Marie Dorval, chérie des poètes romantiques.

Un tragédien dit que ni Sarah Bernhardt, avec son génie, ni la Duse, avec son âme brûlante, n’ont pu lui faire oublier le charme douloureux d’Aimée Desclée dans Frou-Frou, puis dans Diane de Lys, La princesse Georges et les autres héroïnes que Dumas fils, son conseiller, presque son confesseur, crée pour elle.

Aimée Desclée est aussi une épistolière émouvante avec ses Lettres à Fanfan. Elle meurt jeune, après une maladie cruelle, le 9 mars 1874.

Extrait (du Figaro daté du 10 mars 1875, rubrique la Gazette du jour) :

« Inauguration du monument funéraire de l’actrice de théâtre Aimée Desclée, morte … à l’âge de 37 ans…Hier matin, à onze heures, on célébrait à l’église Saint-Laurent un service religieux pour le repos de l’âme d’Aimée Desclée, morte l’année dernière à pareil jour. La nef de l’église est pleine.

Les auteurs et les artistes de tous les théâtres de Paris avaient considéré comme un devoir de rendre ces derniers honneurs à la grande comédienne morte si prématurément. Plus de douze cents personnes se pressaient dans l’église. Conformément au vœu de la défunte, le service a été des plus simples. A midi, les artistes du Gymnase, presque au complet, MM. Alexandre Dumas et Henri Meilhac, M. le prince Galitzine, les deux fils de M. Montigny, M. Victor Chéri et M. Derval, représentant le directeur du Gymnase, très souffrant en ce moment, se retrouvaient au cimetière du Père-Lachaise…

Henri Mirault, son ami et son exécuteur testamentaire, s’adresse à ce petit auditoire…et lui dit : « La grande artiste à qui nous venons dire un nouvel adieu avait, pour ses funérailles, laissé des instructions qu’on n’a pas pu suivre exactement. Elle a recommandé de ne faire aucune dépense c’est son expression pour le tombeau. Et même ses dernières dispositions, consignées dans une lettre des plus touchantes, disaient textuellement « Si je ne craignais l’affectation, je vous demanderais le convoi des pauvres. »

Ce vœu n’a pu être exaucé, le soin pieux d’une mère ne le permettait pas. D’ailleurs le concours des artistes, de tout ce monde d’artistes affolés par cette mort qui enlevait si fatalement cette jeune femme dans son plein talent, devait forcément donner à son convoi l’éclat extraordinaire que vous avez vu. Ce concours ne s’arrêtait pas là. Les artistes les plus éminents offraient de contribuer à une représentation dont le produit aurait servi à élever à Desclée un monument digne d’elle. De leur côté, les amis fidèles réclamaient une souscription pour arriver au même résultat.

Ces pensées généreuses contrastaient trop avec la dernière volonté de celle qu’on veut honorer ; il a fallu s’y refuser. Voilà pourquoi il n’y eu ni représentation, ni souscription publique ou particulière ; voilà pourquoi ce monument si simple garde un caractère privé. Du moins, les traits de Desclée sont là reproduits par ce buste dû à un ciseau célèbre. La sépulture est surmontée d’un obélisque où sont inscrits les titres de ses plus fameuses compositions… La tombe est recouverte d’une pierre plate, à l’extrémité de laquelle s’élève un dé surmonté du buste en bronze, de Carrier-Belleuse.

Cette image est d’une grande ressemblance. La comédienne est représentée telle qu’elle est dans Frou-Frou, heureuse et souriante. Au-dessous, sont gravés les noms de ses dernières grandes créations Frou-Frou, Marceline, la Princesse Georges, la Femme de Claude. Ce monument a été élevé par les soins de MM. Montigny, Alexandre Dumas, Meilhac et Halévy. Il se trouve au carrefour, à droite de la chapelle, auprès des tombes de Frédéric Soulié, Lachambeaudie et Boutin. »

Sources : Gaillard (Roger), Olympe Desclée (Aimée Olympe) Les Femmes célèbres, Mazenod, Paris, 1961. Date de création : 2007-01-07.

Photos

Monument

Le buste en bronze signé Carrier Belleuse a été volé en 2006. Retrouvé, il est désormais entreposé dans les réserves du cimetière.

Inscriptions :

Aimée DESCLEE, née à Paris, le 16 novembre 1831, Paris, le 9 mars 1874.

(Œuvres, sur le piédestal) Frou-Frou, Marceline, la visite de noces, la Princesse Georges, la gueule du loup, la Femme de Claude.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 21 décembre 2023