CLEMENT-THOMAS Jacques Léonard (1809-1871)
France

Général fusillé par la Commune

Dans le cadre de l’Empire libéral, à partir de 1860, le mouvement ouvrier français décapité après les journées de juin 1848, se reconstitue. La guerre Franco-Prussienne de 1870-71 ressuscite les tendances révolutionnaires. Après avoir battu et fait prisonnier l’Empereur Napoléon III à Sedan, les prussiens ont assiégé la capitale et défait les armées de l’intérieur réunies par Léon Gambetta.

Le gouvernement de la défense nationale se voit contraint de signer un armistice le 28 janvier1871. De même, il se doit de préparer des élections générales. Adolphe Thiers alors âgé de 73 ans devient le chef du pouvoir exécutif de la république française. Il obtient de l’assemblée nationale repliée à Bordeaux, qu’elle ratifie les préliminaires de paix, dès le 2 mars.

La réaction des parisiens est immédiate, malgré le soulagement apporté par la fin du siège et des privations. Pour exemple, le maire de Montmartre, Georges Clemenceau, âgé de 31 ans, souffle sur les braises et les ressentiments de la population en affichant une proclamation où l’on peut lire :

« On vous a livrés sans merci. Toute résistance a été rendue impossible ».

La signature des préliminaires de paix, et surtout, le défilé des troupes prussiennes sur les champs Elysées et autour de l’Arc de Triomphe exaspèrent le peuple de Paris. Une fédération des bataillons de la Garde Nationale se constitue, dont le mot d’ordre est « République ». Suprême insulte pour le peuple, l’assemblée nationale décide de ne pas rentrer à Paris par peur de sa population à majorité républicaine, voire socialiste.

Le gouvernement s’installe à Versailles, le 10 mars 1871. Dès le 11, on prend des mesures discriminatoires : on supprime l’indemnité journalière de la Garde Nationale (30 sous par jour) et on lève le moratoire sur les loyers et le remboursement des effets.

A Paris, la Garde Nationale comprend près de 180 000 hommes, issu de la petite bourgeoisie et du monde ouvrier, tous volontaires pour défendre Paris contre les prussiens. Ils se sont donc habitués à vivre sous les armes. Dans la nuit du 17 au 18 mars 1871, Thiers décide de désarmer Paris, c’est-à-dire de récupérer les canons de la Garde Nationale (227 pièces) regroupés à Montmartre et Belleville.

Ces pièces d’artillerie, financées par une souscription des parisiens, ont été mises hors de portée de l’ennemi lors de son entrée dans la capitale. Le samedi 18 mars, coupant court aux négociations avec les Montmartrois, Thiers charge le général Lecomte, à la tête d’une colonne de 4000 soldats, de récupérer les canons. Thiers n’a cure, en réalité, de reprendre ces armements. Ce qu’il souhaite, c’est un soulèvement populaire lui permettant d’instaurer une république conservatrice hors des mouvements monarchiques ou autres.

La mission du général Lecomte est de surprendre les sentinelles qui gardent le parc. Il doit s’emparer des pièces d’artillerie et passer par les armes immédiatement tous ceux qui résisteraient. Le jour se lève, une brève fusillade fait quelques blessés et alerte le quartier. A sept heures les rues sont pleines, la Garde Nationale bat le rappel, ouvriers et soldats fraternisent. Le général Lecomte, sans cheval, sans attelage et sans chariot les attend.

Les insurgés reçoivent très vite des renforts. Le général Lecomte sent que la position difficile est en train de lui échapper. Il n’hésite pas, il commande le feu. La population se jette sur les fusils. Les militaires lèvent aussitôt la crosse et fraternisent avec la Garde Nationale. En un instant, Montmartre est reprise et le général Lecomte fait prisonnier avec ses officiers. Thiers a gagné, il a sa révolution, il réalise tout simplement le plan qu’il avait proposé à Louis-Philippe en 1848.

Un nouveau siège va commencer. Dans l’après-midi, la foule reconnaît place Pigalle, un ancien fusilleur de 1848, le général Clément-Thomas. On l’arrête immédiatement et on l’emmène au poste de la rue des Rosiers. Moins d’une heure après, les insurgés les jugent sommairement et les condamnent à mort pour avoir tiré sur le peuple. On les sort dans le jardin où ils sont fusillés.

C’est le début de l’insurrection que l’on appellera la Commune et qui finira dans le sang le 28 mai 1871. Le général  Jacques Léonard Clément-Thomas repose avec le général Claude Martin Lecomte, fusillé avec lui par la Commune (1817-1871).

Sources : Bernard Noël Dictionnaire de la Commune, Flammarion, 1978. Date de création : 2005-12-22.

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Monument

La concession à perpétuité a été attribuée gratuitement par arrêté préfectoral du 25 novembre 1871. Les deux généraux reposent sous un imposant monument élevé par souscription nationale qui est signé mais non daté et est dû à l’architecte Georges Ernest Coquart (1831-1902). Celui ci est orné d’une statue représentant La patrie, signée mais non datée, de Louis Léon Cugnot (1835-1894).

Inscriptions :

République Française. L’Assemblée Nationale a adopté. Le président du Conseil, chef du pouvoir exécutif de la République Française, promulgue la loi dont la teneur suit :
art. 1, L’assassinat des généraux CLEMENT-THOMAS et LECOMTE, est un deuil public auquel l’assemblée appelle le pays tout, entier à s’associer.
art. 2., L’assemblée nationale assistera à un service, solennel qui sera célébré à cette occasion dans, la cathédrale de Versailles.
art 3. Un monument funèbre sera élevé, aux frais de l’état, aux généraux, CLEMENT-THOMAS et LECOMTE.
Loi du XXVI mars, MDCCCLXXI.

Jacques Léonard CLEMENT-THOMAS, ex représentant du peuple, général commandt en chef, la garde natione de Paris, en MDCCCXLVIII en MDCCCLXX., né à Ronzac Gironde, le XXI décembre MDCCCIX.

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Date de la dernière mise à jour : 18 octobre 2023