CLAIROUIN Denyse (1900-1945)
France

Denyse (Henriette Léonie) Clairouin voit le jour le 27 août 1900, à Paris (6eme). Femme de lettres, c’est une remarquable traductrice d’œuvres de langue anglaise. On lui doit la traduction des premiers romans de Graham Green, des œuvres les plus célèbres de D. H Laurence (Le Serpent à plume) et d’un nombre important de nouvelles.

Dès l’été 1940, elle offre sa connaissance de la langue anglaise et sa générosité à la Résistance de la première heure (groupe Armée Secrète) : elle rejoint le réseau Mithridate. Elle rencontre le capitaine d’aviation de l’armée secrète, Jean Biche, devient sa compagne dans la vie comme dans l’organisation, l’action et le péril.

En octobre 1941, elle a raison des obstacles qui s’opposent alors à un voyage en Amérique, s’y rend, et est là, à la veille de l’entrée en guerre des Etats-Unis, une propagandiste précieuse de la cause française.

Mais elle ne veut pas être coupée de sa patrie et y revient en hâte, préférant à la sécurité la lutte comme chef-adjoint de son mari. La Gestapo les arrête tous deux, à Lyon, en 1943. Emprisonnée cinq mois, au fort de Montluc, elle y montra une âme inflexible. Le 15 mars 1944, elle est déportée à Ravensbrück. Durant un martyre d’un an, elle ne cesse de réconforter ses compagnes, sachant sourire dans la tourmente.

Elle garde pour elle, se révélant poète, le merveilleux Appel qui est le digne pendant du De profundis de Jean-Marc Bernard. Deux mois avant la capitulation allemande, alors que l’espoir se fait jour, on la transporte à Mauthausen (Autriche) et, à bout de souffrances, elle expire à peine arrivée au camp, le 12 mars 1945.

Extrait (de L’appel) :

« Le ciel est noir, la terre est noire, Dur est le gel, lourd est mon cœur. Tristes victimes expiatoires, Nourries de haine et de rancœurs. Nous attendons. L’aube blafarde Sans cesse creuse nos rangs, Nul sang ne ranime et ne farde Ces visages de chiens errants. Reverrons-nous ces jours qu’en rêve Nuit et jour nous imaginons ? Visages aimés, heures brèves, Un feu, un pain, une maison.

Se souvient-on encore d’elles, Celles qui paient argent comptant Pour que la vie soit libre et belle Et que la France ait un printemps ? Et si nous revenons un jour Comme un troupeau de spectres hâves, Affamées de joie et d’amour, Serons-nous les tristes épaves Qu’on enfouit sous un sable lourd ? »

Traductions :

  • Graham Greene, L’Homme et lui-même ;
  • Graham Greene, Orient-express ;
  • Henry James, L’Autel des morts ;
  • Du Bose Heyward, Porgy ;
  • David Herbert Lawrence, Le Serpent à plumes ;
  • Joan Lowell, Le Berceau sur l’abîme ;
  • Helen Ashton, Le Docteur Serocold ou la Journée d’un médecin ;
  • Carl Wilhelmson, La Nuit de la Saint-Jean ;
  • Catherine Carswell, D. H. Lawrence, le pèlerin solitaire ;
  • Keith Winter, Avant la vie.

Distinctions : légion d’honneur (date inconnue car dossier absent de la Base Léonore), croix de Guerre. Hommages : En 1945, est créé le Prix Denyse Clairouin en sa mémoire.

Sources : Piot (André) Anthologie des écrivains morts à la guerre 1939-1945, Albin Michel, 1960 ; Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2015-03-12.

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Monument

Inscriptions :

In memoriam, Denyse CLAIROUIN femme de lettres, résistante, mort pour la France, en déportation (10.1943) à Mauthausen. 27.8.1900 – 12.3.1945. Légion d’honneur Croix de guerre.

Henri, GANTOIS, 18 avril, 1890.
Joséphine CRANNEY, née PIOT, 21 8bre 1891.
Germaine CLAIROUIN, née GANTOIS, 31 juillet 1903.
Mme GANTOIS, née CRANNEY, II V 1935.
Albert CLAIROUIN, 25 I 1936.

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Date de la dernière mise à jour : 2 juin 2023