ANTIGNY Marie-Ernestine Blanche d’ (1840-1874)
France

Marie-Ernestine Blanche d’Antigny voit le jour à Martizay (Indre), le 9 mai 1840. C’est la fille de Jean Antigny, menuisier et sacristain, et d’ Eulalie Florine Guillemain, son épouse.

En 1849, elle suit ses parents à Paris où sa mère est lingère chez la marquise de Galliffet qui la fait entrer au couvent des Oiseaux. Au décès de la marquise en 1853, elle devient demoiselle de magasin dans la rue du Bac, à Paris.

Âgée de treize ans, elle y attire bientôt l’attention d’un valaque, qu’elle suit à Bucarest. Avant son retour à Paris, début 1856, elle côtoie des bohémiens et ceux-ci lui apprennent à monter à cheval. C’est grâce à cela qu’à seize ans elle trouve un emploi d’écuyère au Cirque Napoléon (qui deviendra le Cirque d’hiver).

Puis au Bal Mabille, elle rencontre Jeanne de Tourbay dont le protecteur, Marc Fournier, est directeur du théâtre de la Porte-Saint-Martin. Grâce à ses formes à la Rubens, ce dernier l’engage pour jouer le rôle muet de la statue vivante d’Hélène, dans le Faust d’Adolphe d’Ennery, joué à la Porte Saint-Martin, le 27 septembre 1856.

Jules Janin écrit alors :

« Pour être muette, elle n’en parlait pas moins aux sens ».

En 1857, elle pose pour Paul Baudry. En 1862, au Bal Mabille, elle fait la connaissance du prince Alexandre Gortchakov, chancelier de l’Empire russe, diplomate de 65 ans, qui la convainc de partir à Saint-Pétersbourg. Il l’introduit auprès d’hommes riches et puissants qu’elle séduit par le charme et le dynamisme de ses 22 ans.

Parmi eux, le général Nicolas Mesentsoff, préfet de police de l’empire russe qui en fait la femme la mieux entretenue de Russie. S’écoulent trois années de fêtes au cours desquelles Marie-Ernestine devient Blanche et gagne une particule.

À l’été 1865, elle rencontre Caroline Letessier, comédienne à succès, avec laquelle elle partage le goût du luxe et de la vie de plaisirs des demi-mondaines. Peu de temps après, la tsarine Maria Alexandrovna la fait expulser car elle avait osé s’habiller comme elle.

Couverte de fourrures, de roubles et de diamants, elle arrive à Paris vers la fin de l’automne 1865. Là, elle se rend chez Henry de Pène, journaliste émérite et vieux routier du Boulevard. Il doit lancer au théâtre cette jolie blonde venue de Russie avec charmes et bijoux. Il trouve un théâtre, paye des comédiens pour la former, prépare un plan presse et orchestre un plan relations publiques avec le Tout-Paris, le monde et le demi-monde.

Blanche d’Antigny circule alors sur les Boulevards et au Bois dans une voiture à quatre roues attelée à deux trotteurs, conduite par un moujik en blouse de soie écarlate. Elle habite un appartement loué par Nicolas Mesentsoff, très attentif à ces préparatifs et à sa réussite. Puis elle fait la connaissance du banquier Raphaël Bischoffsheim qui devient son protecteur régulier. Le futur patron de presse Arthur Meyer est son secrétaire.

Gustave Courbet qui apprécie sa en fait le modèle de La Dame aux bijoux, en 1867. Le 3 juillet 1868, elle fait ses débuts au théâtre du Palais Royal. Puis, le 29 juillet 1868, elle remplace Hortense Schneider dans Les Mémoires de Mimi-Bamboche. Ensuite elle obtient le rôle de Frédégonde dans Chilpéric d’Hervé, qu’elle crée le 23 octobre 1868. La pièce fait plus de cent représentations. Le 23 avril 1869, elle est la Marguerite du Petit Faust d’Hervé.

Il semble qu’elle ait été la première femme à faire du vélo en public en France. Ceci lui a nécessité de remplir un formulaire d’autorisation préfectorale pour pouvoir porter un pantalon. Elle fait même de la publicité pour les vélos Michaux et donne son nom à la coupe de glace Antigny. Son portrait par le peintre Henri de l’Étang la représente posant à côté d’un vélocipède à une époque où la liberté de mouvement qu’il procure reste mal vu pour une femme.

L’armistice signé, elle réapparaît sur scène le 17 mars 1871, dans le rôle de La femme à barbe, représentation arrêtée par la proclamation de la Commune. Vers la mi-juillet 1871, elle reprend avec succès Le Petit Faust aux Folies dramatiques. Le 17 octobre 1871, elle se présente cuirassée en Minerve dans La boîte de Pandore. Suivent créations et reprises jusqu’en juin 1872 où la troupe des Folies Dramatiques va se produire à Londres.

A ce moment là, elle entretient une relation intermittente avec un comédien partenaire, Léopold Luce. Mais ce dernier meurt le 28 janvier 1873 d’une phtisie galopante. Au même moment, Raphaël Bischoffsheim la quitte.

Poursuivie par des créanciers,  elle est saisie mais continue à jouer. Elle part, pleine d’espoir, le 15 octobre 1873, pour Alexandrie (Egypte) où elle débute le 13 novembre. Mais, à cette première, on doit baisser le rideau devant le charivari et les sifflets d’une partie du public.

Déçue et malade, elle quitte l’Égypte le 2 mai 1874 et arrive à Marseille le 28 mai où elle apprend le décès de sa mère. Elle est à Paris le 31 mai et s’installe à l’Hôtel du Louvre, méconnaissable. Toujours en contact avec Nicolas Mesentsoff, son amie Caroline Letessier vient à son secours. Elle la fait conduire chez elle au 93 boulevard Haussmann où Blanche meurt le 27 juin 1874, à l’âge de 34 ans.

Son agonie inspirera Émile Zola pour mettre en scène la mort de Nana. C’était l’une des femmes les plus chères de Paris après la Païva :

« On parla beaucoup de ses 500 000 francs de diamants dont elle se paraît sur scène. Parmi ses adorateurs, elle a eu aussi le duc de Castres. Le prince Demidoff a payé ses faveurs pour une nuit 2000 francs, huit jours avant sa mort. »

Elle repose, avec son amie, la comédienne Caroline Letessier (1832-1903). La concession a été achetée par le prince Serge Dimitri Narichkine (décédé en 1897) qui y était inhumé mais depuis sa dépouille a été transférée dans la 90ème division.

Sources : Archives de la préfecture de police, Fiche 138, 1873. Date de création : 2005-09-13.

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Inscriptions : Aucune

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Date de la dernière mise à jour : 11 juillet 2024