Chimiste connu pour ses travaux sur les composés liés à l’ammoniac et au glycol. Il découvre l’éthylène glycol en 1859 et l’aldol, un aldéhyde incolore et la théorie sur la disposition des atomes dans les composés organiques.
Charles Adolphe Wurtz, voit le jour à Strasbourg (Bas-Rhin) le 26 novembre 1817. Il passe son enfance à Wolfisheim (Bas-Rhin) où son père est pasteur luthérien et sa mère, Sophie Kreiss, une femme cultivée. Quand il quitte le Gymnase protestant de Strasbourg, en 1834, son père lui permet d’étudier la médecine plutôt que la théologie.
Il se consacre spécialement au côté chimique de sa profession et avec un tel succès que, en 1839, il est nommé chef des travaux de chimie à la faculté de médecine de Strasbourg. Après son doctorat, passé en 1843 avec une thèse sur l’albumine et la fibrine, il étudie pendant une année à Giessen sous la direction de Justus von Liebig. Il va ensuite à Paris où il travaille au laboratoire privé de Jean-Baptiste Dumas qui devient son mentor.
En 1845, il devient l’assistant de ce dernier à l’École de médecine et, quatre ans plus tard, commence à donner des cours de chimie organique à sa place. Son laboratoire à l’école est très pauvre et, pour mieux travailler, il doit en ouvrir un à lui rue Garancière, en 1850 ; mais peu après, la maison est vendue et il faut abandonner le laboratoire.
En 1850, il est nommé professeur de chimie au nouvel Institut Agronomique de Versailles, mais l’institut est supprimé en 1852 par Napoléon III. L’année suivante, la chaire de chimie organique de la faculté de médecine devient vacante par la démission de Dumas et la chaire de chimie minérale et de toxicologie par celle de Mathieu Orfila.
Les deux sont réunies et Wurtz est nommé au nouveau poste. Près de l’amphithéâtre, il s’attribue un local pour en faire un laboratoire voué à la chimie et il fait payer des droits d’inscription à ses étudiants, ce qui lui attire des réprobations de l’administration académique. Son laboratoire accueille 155 élèves en trente ans, dont une majorité d’étrangers car, devenu un des ardents défenseurs de l’atomisme scientifique, il a acquis une renommée internationale.
Il est un des fondateurs de la Société chimique de Paris (1858), devient son premier secrétaire et exerce trois fois les fonctions de président. D’août 1864 à avril 1865, il accueille le jeune chimiste russe Aleksandr Zaitsev qui travaille sur les réactions des dérivés d’acides carboxyliques.
En 1852, il épouse Constance-Pauline-Henriette Oppermann, fille du banquier Chrétien Guillaume Oppermann (1777-1846) et de Constance de Luze (1791-1830), sœur d’Alfred et Louis-Philippe de Luze, fondateur de la maison de cognac De Luze. Le couple aura quatre enfants. Il est élu membre étranger de la Royal Society le 9 juin 1864.
En 1866 il reçoit la charge de doyen de la faculté de médecine. À ce poste, il travaille à obtenir le réarrangement et la reconstruction des bâtiments consacrés à l’instruction scientifique, en insistant sur le fait que, pour disposer de laboratoires d’enseignement correctement équipés, la France est loin derrière l’Allemagne.
Il encourage l’admission des femmes (comme Madeleine Brès ou Mary Putnam) aux cours de l’enseignement supérieur et aux examens de la faculté de médecine. Il est également directeur d’études au sein de la 2e section de l’École pratique des hautes études. En 1875, il démissionne de son poste de doyen mais reçoit le titre de doyen honoraire.
Il est le premier titulaire de la chaire de chimie organique, qu’il a créé à la Sorbonne ; mais il a de grandes difficultés à obtenir un laboratoire convenable. Wurtz est membre honoraire de presque toutes les sociétés scientifiques d’Europe. En 1880, il est vice-président et en 1881 président de l’Académie des sciences, où il est entré en 1867, succédant à Théophile-Jules Pelouze.
Il devient sénateur inamovible en 1881. Il décède le 12 mai 1884, à Paris. Il repose avec son beau-père, le banquier Chrétien Guillaume Oppermann (1777-1846).
Publications : Leçons élémentaires de chimie moderne, Paris, Masson, 1867-1868, dernière édition revue et augmentée, 1892 ; Histoire des doctrines chimiques depuis Lavoisier jusqu’à nos jours, Paris, Hachette, 1868 ; Dictionnaire de chimie pure et appliquée, Hachette, Paris, 5 tomes, 1869-1874 ; 1er suppl., 2 tomes, 1880 et 1886 ; 2e suppl., 7 tomes, 1892-1908 ; La Théorie atomique, préface de Charles Friedel, Librairie G. Baillière, Bibliothèque scientifique internationale, 4e éd., Paris, 1879 ; Traité de chimie biologique, 1885 ; Contributions aux Annales de chimie et de physique.
Hommages : Il donne son nom à la réaction de Wurtz, une réaction de couplage entre deux halogénures d’alkyle en présence de sodium métallique qu’il a observé en 1855. Cette réaction sera adaptée quelques années plus tard par le chimiste allemand Rudolph Fittig, en remplaçant l’un des halogénures d’alkyle par un halogénure d’aryle, pour former des dérivés alkylés du benzène.
Cette réaction est appelée réaction de Wurtz-Fittig. Un monument dédié à Charles Adolphe Wurtz est érigé devant l’église Saint-Pierre-le-Jeune protestante de Strasbourg, à proximité de sa maison natale.
Il fait partie des soixante-douze savants dont le nom est inscrit sur la tour Eiffel. Depuis 1893, une rue du 13e arrondissement de Paris porte son nom. Une rue de Strasbourg (Bas-Rhin) porte son nom à la Krutenau. Une rue de Wolfisheim (Bas-Rhin) porte son nom. Une préparation culinaire (un gel foisonné) a été nommée « würtz ».
Sources : -. Date de création : 2019-10-03.