WATY Philippe (1956-2012)
France

photomaton par Gilles Blanchard (du duo Pierre et Gilles)

Philippe Waty voit le jour le 8 février 1956. Il commence à peindre dès l’âge de 19 ans. Une vie qu’il consacre à l’art, qui relevait pour lui autant du savoir être que du savoir-faire, et qu’il résume par ces mots : « L’art, j’y suis né, j’y habite et j’y surprendrai la mort ».

Sur la trace de ses ainés de la Figuration Narrative, ses premières toiles, à partir des années 75, sont de grands formats d’une teneur expressionniste. Il y révèle déjà un sens aigu des couleurs et un goût pour déstructurer et recomposer les formes.

À la fin de l’été 1980, Waty, César Maurel et Tristam fondent le collectif les Musulmans Fumants (nom tiré d’un roman de Chester Himes), très vite rejoint par Francky Boy, Fabrice Langlade et Dominique Gangloff. Jusqu’en 1990, le groupe expose en France et en Europe et collabore avec des créateurs dans tous les domaines artistiques : Mondino, Goude, Gaultier, Plassier, Africa Bambataa, Liberatore…

Chaque année, ils organisent une grande expo, en marge du circuit traditionnel des galeries.

Ils accompagnent le lancement de la revue Actuel et réalisent des performances dans la boite de nuit parisienne Le Palace. Ils se produisent partout, y compris la rue, en précurseurs du Street Art.

Au sein des Musulmans Fumants, Waty peaufine son art singulier, sur les traces de Robert Indiana. Il aime les logos ésotériques ou empruntés au quotidien. À partir des années 90, sa peinture se fait plus abstraite. Il explore la géométrie et sa figure la plus aboutie, le cercle, au travers d’une série de grands formats comme autant de « Mandalas » qu’il remplit de formes et de couleurs primaires, aux déroulés infinis.

En 1994, lors d’une exposition à Washington (Etats-Unis), il dit :

« Pendant 12 ans, ma peinture a évolué vers une étude graphique et spirituelle des signes, des symboles, des logos et d’autres types de calligraphie moderne qui remplissent nos vies quotidiennes. Nous sommes entourés de signes, tout signe amène un sens. Presque une philosophie à lui tout seul. Alors quand on manipule plusieurs signes ensemble, tout devient autre. J’essaye simplement de donner un sens à toutes ces choses ».

Il transcrit sa quête artistique, autant que philosophique ou spirituelle, dans des carnets qu’il noircit de citations et de ses propres interrogations et visions.

De 2000 à 2010, il collabore avec Dominique Fury, avec laquelle il compose une œuvre hybride et prolifique signée « Fury/Waty ». Celle-ci donne lieu à plusieurs expositions en France et aux Etats Unis.

Dans la revue Arena en 2003, Fury parle de leur collaboration en ces termes :

« Les signes, les figures géométriques, les logos de Waty, c’est l’exact contrepoint de ma peinture. Nos deux écritures se sont liées. Une vraie musicalité est née : Waty occupe les basses, il assure une rythmique comme dans la musique techno. Moi, j’emprunte, j’enregistre. Sa rythmique soutient l’ensemble. C’est un immense plaisir de travailler ensemble. La base commune, c’est mon format 40/40 et mes supports hétérogènes : toiles plastifiées, imprimées, transparentes, sur lesquelles il intervient en peinture après ou avant mon empreinte sérigraphique. »

Waty continue dans le même temps à peindre en solo et à exposer. Son écriture (« Scriptures ») se fait plus épurée, ses logos s’affranchissent des figures qui les assemblaient, existant par eux-mêmes, puisés dans l’alphabet urbain ou dans le riche livret de nos calligraphies.

Philippe Waty décède le 26 mars 2012.

Sources : BNF data. Date de création : 2022-02-10.

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Date de la dernière mise à jour : 20 avril 2022