VISCONTI Ennio Quirino (1751-1818)
Italie

Portrait - gravure par Luigi Rados, d'après un dessin de Tirsi Capitani, 1828
Le prodige romain, archéologue d’origine italienne

Ennio Quirino Visconti voit le jour le 30 octobre 1751, à Rome (Italie). C’est le fils de Giovanni Battista Antonio Visconti (1722-1784), archéologue et fondateur du Musée du Vatican. Son père se charge seul de son éducation. Dès son plus jeune âge, il lui fait étudier les langues, vivantes et mortes, la littérature et les sciences.

Il lui fait traduire des auteurs classiques grecs. Il l’entraine aussi à écrire. Ainsi, il fait une louange à l’occasion de la visite de Joseph II à Rome, en 1769, en grec, latin et italien. Son père qui vise pour lui le cardinalat lui fait étudier le droit. Ennio Quirino obtient son doctorat en droit canonique et en droit romain, le 7 août 1771. Peu de temps après, le Pape l’agrège au nombre de ses camériers d’honneur et le nomme sous-bibliothécaire du Vatican (1771).

En 1778, il compose les textes pour accompagner les gravures du Musée Pio-Clementino (publiés en 1782). Le succès de cet ouvrage fait sa renommée. Ennio Quirino publie seul le deuxième tome en 1784, son père étant décédé la même année. Il devient presque aussitôt conservateur du musée du Capitole à Rome.

Il épouse, le 3 février 1785, Angela Theresa Doria. Ils auront quatre enfants : Sigismond (1785-),  écrivain ; Louis (1791-1853), architecte ; Agostino (1792-1793) et un dernier fils.

À la suite de la découverte du tombeau des Scipions, il rédige Monumenti degli Scipioni, avec ses recherches sur la langue et l’orthographe latines. Thomas Jenkins rassemble une  collection de cippes, de vases et de tables de marbre. Il explique alors tous les objets, rétablissant et interprétant toutes les inscriptions.

Le quatrième volume du Musée Pio-Clementino parait en 1788. Il devient une référence : tous les dieux et tous les héros y sont nettement reconnus, les restaurations et les dénominations trompeuses mises à l’écart.

En 1788, il fait paraître une Dissertation sur un bas-relief transporté d’Athènes en Angleterre, représentant Jupiter et Minerve recevant les hommages d’une foule d’Athéniens, imprimée à Londres, dans le Museum Worstlianum.

Le chevalier Zulian a acquis à Smyrne un camée avec le buste de Jupiter, l’épaule gauche couverte d’une portion de cuirasse, la tête ceinte de lauriers. Il y reconnait Jupiter Ægiocus (ou armé de l’égide), sujet extrêmement rare.

En 1794, il publie ses observations sur les peintures d’un vase grec trouvé dans la Campanie, et appartenant au prince Stanislas Auguste Poniatowski, puis en 1796 sa Lettre au cardinal Étienne Borgia, sur la tessère de spectacles de la ville de Velletri, déjà illustrée par l’abbé Sestini.

L’homme politique

Visconti devient ministre de l’Intérieur de la République romaine, en 1798. Le savant, obligé de renoncer à ses travaux accoutumés, remplit pendant deux mois ces fonctions politiques. Puis les commissaires de la république française instituent à Rome un consulat. Visconti en devient alors un des cinq membres, pendant sept mois.

Vers la fin de novembre 1798, une armée napolitaine s’empare de Rome. Visconti, accompagné de sa famille, se réfugie alors à Pérouse. La contre-offensive française, menée par Championnet, lui permet de revenir, après vingt-six jours d’absence.

Mais en novembre 1799, une autre armée napolitaine reprend Rome. Visconti doit fuir, séparé de sa femme et de ses deux fils. Lui et les nombreux fugitifs auxquels il s’associe affrètent un bâtiment qui les transporte en France.

Le conservateur du Musée du Louvre

À peine foule-t-il le sol français, qu’on le nomme, sans qu’il ait rien demandé, parmi les administrateurs du Musée des antiques et des tableaux, que l’on forme alors dans le Louvre. Le ministre de l’Intérieur, François de Neufchâteau, charge le chef du bureau des beaux-arts, de lui proposer un moyen d’attribuer à l’ancien conservateur du Musée du Capitole des honoraires dignes de son mérite. Celui-ci, M. Amaury Duval, propose de nommer Visconti professeur d’archéologie auprès du Musée.

Ce projet est adopté, et l’exilé se trouve presque en même temps investi de deux emplois. Sa piètre connaissance du français le dispense de professer. Mais dès son arrivée il s’occupe de la muséographie du Musée des antiques, où se trouvent bientôt réunis les chefs-d’œuvre de Rome, de Florence, puis tous les trésors des Palais Borghese. À la fin 1803, Vivant Denon devient directeur général du Musée, Dufourny, conservateur des tableaux, et Visconti, conservateur des antiques.

Il entre à l’Institut de France le 28 janvier 1803 dans la classe des beaux-arts. L’année suivante, le 20 juillet, il intègre la classe d’histoire et de littérature ancienne (ancienne Académie des inscriptions et belles-lettres). Son premier travail est la composition du Catalogue descriptif et explicatif des richesses exposées au Musée des antiques, publié en 1801.

La dernière réédition, en 1817, sous le titre de Description des antiques du Musée royal, faite après l’enlèvement des objets réclamés par différentes puissances, devient le modèle de tout nouveau livret de musée. En 1802, il fait paraître une Description des vases peints du Musée. Puis, en 1803, il publie une Explication de la tapisserie de la reine Mathilde que l’empereur a fait venir de Bayeux à Paris.

En 1804, Napoléon lui demande de rassembler des portraits d’hommes illustres grecs et romains, pour en former une collection. Sur-le-champ est ordonnée l’exécution aux frais du gouvernement de l’Iconographie grecque et romaine. L’Iconographie grecque, est publiée en trois volumes, en 1808. Le premier volume de l’Iconographie romaine est donné en 1817, peu de temps avant sa mort.

Le moment le plus glorieux de la vie de Visconti est celui où il est appelé à Londres. Il doit mettre un prix aux sculptures du Parthénon, enlevées d’Athènes par Lord Elgin, et transportées en Angleterre en 1815. Il prend pour son évaluation la somme déboursée par lord Elgin et fixe l’indemnité à la rentrée du capital.

De retour en France, Visconti publie ses observations sur les sculptures qu’il vient de voir. Il y démontre que l’ensemble des bas-reliefs du Parthénon représentent la marche sacrée des Panathénées. Chaque groupe de cette longue série reçoit son explication.

Il distingue également les figures qui enrichissent les deux frontons du temple : à l’est, la naissance de Minerve, et à l’ouest, sa dispute avec Neptune.

Il expire, le 7 février 1818. Ses obsèques sont pour lui un jour de triomphe. Chacun des états de l’Europe a formé une députation pour y prendre part. L’Italie, la Grèce, l’Allemagne, la Suède, le Danemark, l’Angleterre, l’Espagne, et le Portugal s’y trouvent représentés par des hommes illustres.

Il est tout d’abord inhumé dans la 10eme division. Puis on le transfère, après le décès de son fils, sous le monument actuel. Il repose avec son fils, Louis Tullius Joachim Visconti (1791-1853), l’architecte du Louvre de Napoléon III et du tombeau de Napoléon Ier.

Publications :

  • traduction du grec vers l’italien, en vers, d’Hécube d’Euripide, Rome, 1765 (il n’a que 14 ans !) ;
  • traduction des Olympiques de Pindare (non parue), Réflexion sur l’art de traduire Pindare dans le Nuovo giornale de Letterati d’Italia (Modena ; Mem., tome II, page 27) ;
  • Texte joint par Francesco Piranesi aux gravures du Temple de l’Honneur et de la Vertu (1780) ;
  • Monumenti degli Scipioni (1780) dans l’Anthologie romaine, réimprimé, avec des additions, par Francesco Piranesi, en 1780, à la tête des gravures du tombeau des Scipions ;
  • Monumenti scritti del museo del signor Tommaso Jenkins, Rome, 1787 ;
  • Musée Pio-Clementino (tome I : 1782, tome II : 1784, tome III : 1790, tome IV : 1788, tome V : 1796, tome VI : 1792, tome VII (composé à Paris et publié à Rome) : 1807 ;
  • Osservazioni su due musaici antichi istioriati, Parme, 1788 ;
  • Osservazioni sopra un antico Cammeo, rappresentante Giove Egioco, Padoue, 1793 ;
  • Lettera su di un’ antica argenteria nuovamente scoperta in Roma, a S. E. R.Monsign delia Somaglia (lettre sur la toilette en argent d’une dame romaine), Rome, 1793 ;
  • Iscrizioni greche Triopee, ora Borghesiane, con versioni, Rome, 1794, 104 p. ;
  • Pitture di un antico vaso fittile, trovato nella Magna-Grecia, ed appartenente a S. A. il sig. principe Stanislao Poniatowski, Rome, 1794 ;
  • Lettere su d’un antico piombo Veliterno, Rome, 1796 ;
  • Monumenti Gabini della villa Pinciana, descritti da Ennio, Rome, 1797 ;
  • Iconographie grecque (1811, 3 tomes) ;
  • Ier volume de l’Iconographie romaine (4 vol., 1817-26), terminée par Antoine Mongez.

Titres : chevalier de l’Empire (2 juillet 1808), marquis Visconti (retour d’un titre ancien) par la Restauration. Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (17 juillet 1804), chevalier de l’Ordre de la Réunion.

Sources : Base Léonore (Légion d’honneur), Wikipedia. <img> Gravure du monument initial Détail d’une façade du Palazzo Brentani à Milan. Date de création : 2108-02-08.

Photos

Monument

Le monument comprend un buste en marbre d’Ennio par Pierre-Jean David d’Angers, ni signé ni daté, et une statue grandeur nature de Louis par Victor Edmond Leharivel-Durocher, ni signée ni datée ainsi qu’une plaque de bronze représentant le Louvre, signée  par Louis Villeminot et daté de 1859.

Inscriptions :

Memoriae, Enniovirini Visconti Ioanis, doctissimi philologorum, diem functi VII id Febra MDCCCXXVIII, anno aetatis LXIV, Petrus Collot amicus, Theresia Doria uxor, Sigismundus et Ludovicus fil, amoris et pietatis caussa, posuere.

(Latin : En mémoire de Ennio Visconti, le plus savant des philologues, décédé le 7 février 1818, à l’âge de 64 ans. Pierre Collot son ami, Theresia Doria son épouse, Sigismond et Louis ses fils, ont établi ceci par amour et par piété).

Sophie, VISCONTI, décédée, à Paris le 4 juin 1849.
VISCONTI, Louis Tullius Joachim, décédé à Paris le 29 Xbre 1853.
Léon, VISCONTI, décédé, à Paris le 1er août 1865.
Charles, […] DODUN de KEROMAN, décédé à, Paris le 7 juin 1866.
Eugène, Mis DODUN de KEROMAN, décédé à, […] le 31 8bre 1870.
Louis, Cte DODUN de KEROMAN, décédé à, Menton le 13 juillet 1872.
[…] VISCONTI, […], décédé, […] le 31 mars 1884.

Ernest Frederic, VAN DEN BROEK d’OBRENAN, décédé à Paris le 8 octobre 1905.
Charles, VAN DEN BROEK D’OBRENAN, né à Paris le 17 avril 1855, décédé à La Haye le 18 décembre 1907.
Mme Vve van den BROEK , née Inès DODUN de KEROMAN, décédée, à Compiègne le 17 avril 1900.
William, Marquis DODUN de KEROMAN, décédé à Larnaca (île de Chypre), le 22 mars 1923.
Madame Charles VAN DEN BROEK d’OBRENAN, née Wilhelmine Charlotte de VOGEL, née à Samarang le 5 janvier 1863, décédée à Paris le 14 février 1940.
Frantz John, VAN DEN BROEK d’OBRENAN, décédé le 26 juillet 1944 à St Denis.
Anna Wilhelmine, VAN DEN BROEK D’OBRENAN, décédée le 28 décembre 1944, à Ravensbruck,
morts pour la France, décorés, de la médaille de la résistance.

 

Photos


Date de la dernière mise à jour : 24 février 2023