VANDAMME Maurice Frédéric, dit MAURICIUS (1886-1974)
France

Maurice Frédéric Vandamme voit le jour le 24 février 1886, à Paris (18ème). C’est le fils d’un ouvrier d’art et de Pauline Louvet, qui tient une boutique d’articles de peinture pour les artistes de la Butte Montmartre. Elève brillant à l’école communale, il obtient une dispense pour passer, à 10 ans, le certificat d’études primaire. Ensuite, il bénéficie d’une bourse pour poursuivre sa scolarité secondaire. Puis il commence des études de médecine.

Il collabore au journal L’anarchie dès sa création en 1905. Il y rédige une chronique intitulée « Choses de la vie » consacrée à la médecine et à la biologie humaine. En 1906, il publie une petite brochure intitulée : « Du refoulement sexuel dans l’étiologie des psychoses ».

De mars à novembre 1909, il reprend avec sa compagne Rirette Maîtrejean la direction de L’Anarchie. En avril 1912, il y publie, sous le pseudonyme de Lionel, un panégyrique de Bonnot et des bandits tragiques. Cela lui vaut une condamnation à cinq ans de prison et 3000 francs d’amende. Arrêté en 1913, il fait appel de ce jugement et est acquitté en janvier 1914.

Fin 1913, il reprend la gérance de L’Anarchie jusqu’à la veille de la déclaration de guerre, avant que la censure ne se mette en place. Réformé, mais inscrit au carnet B, il prend la fuite avec sa nouvelle compagne, Benoîte Lagrange, et ne revient à Paris qu’en octobre 1914.

Début 1916, il fréquente les réunions anarcho-pacifistes qui se tiennent à la Bourse du travail et fonde, avec Sébastien Faure, l’hebdomadaire pacifiste Ce qu’il faut dire (CQFD), qui tire à plus de 5000 exemplaires.

En 1917, il est impliqué dans l’affaire Malvy. Ce dernier, ministre de l’intérieur, est partisan déclaré d’une paix blanche à la fin de la guerre. Sous la pression de l’Action Française, on le traduit devant la Haute Cour de justice le 6 août 1918. Au cours du procès, Malvy affirme que Mauricius est un indicateur appointé par la Préfecture de police.

Devenu suspect dans les milieux militants, Mauricius publie, en 1918, pour sa défense, une brochure intitulée Ce que j’aurais dit en Haute Cour. En mars 1918, il fonda avec Delong, dit Genold, le journal Franchise, suspendu après le troisième numéro, et collabore au journal La Mêlée d’Armand.

Membre du Comité de Défense syndicale et du Comité pour la Reprise des relations internationales, la Fédération des cheminots le mandate pour assister au deuxième Congrès de l’Internationale communiste. Celui ci se tient à Moscou du 21 juillet au 6 août 1920. Mais il est suspecté par les bolcheviks d’être un émissaire du gouvernement français pour rapporter des informations sur les services de liaison de l’Internationale. on le jette donc en prison dès son arrivée et un conseil de guerre le condamne à mort. C’est grâce à l’intervention de syndicalistes français qu’on le libère.

A son retour, le 5 mars 1921, on l’arrête pour défaut de passeport. Il passe alors quelques semaines à la la prison de la Santé. En juin 1921, il fait le récit de son voyage en Russie, salle Wagram, devant un auditoire nombreux. Il fait l’éloge de certains aspects des soviets mais dénonce l’arbitraire du nouveau pouvoir. Ainsi il cite l’exemple d’ouvriers emprisonnés pour faits de grève alors qu’on ne les avait pas payé depuis plusieurs jours.

« Parti anarchiste de Russie, j’en suis revenu plus anarchiste que jamais. Je m’élève contre le principe d’autorité qu’il soit bolchéviste ou autre ».

Toujours suspect aux yeux des militants, il demande qu’un jury d’honneur statue sur son cas. Ce comité se réunit le 10 août, sous la présidence de Louis Sellier. Celui ci cite une lettre rédigée par Malvy affirmant qu’il n’avait jamais employé d’indicateurs et qu’il n’avait fait que reprendre lors de son procès les allégations du préfet de police Hudelo. Le Comité réfute alors toutes les accusations portées contre Mauricius. L’Humanité du 5 octobre 1921 publie ce jugement.

Ensuite, il assiste, comme représentant du 20ème arrondissement de Paris, au congrès anarchiste de Lyon en 1921. Puis c’est le délégué au congrès anarchiste international de Berlin en 1922. Il accuse les bolchevistes d’avoir institué une dictature pire que celle des tsars et une incroyable bureaucratie. Il appelle les anarchistes à se doter d’une meilleure organisation pour ne pas être écrasés comme l’avaient été les anarchistes russes.

Par ailleurs, il collabore aussi à la Revue anarchiste et fait paraître le journal humoristique Cupidon. Certains articles lui valent, le 5 novembre 1923, une condamnation à 500 F d’amende pour outrages aux bonnes mœurs. En mai 1925, c’est le candidat abstentionniste aux élections municipales du quartier de Clignancourt, à Paris. En 1932, il collabore à Controverse, revue publiée par Louis Louvet.

Il reprend alors ses études scientifiques et soutient une thèse de docteur es-sciences. Il s’intéresse aux propriétés thérapeutiques de l’ozone et fonde, en 1936, à Paris (9ème), un centre médical où l’on pratique des insufflations d’ozone à des patients souffrant de pathologies diverses, en particulier cancéreuses. C’est une activité fort lucrative qui le fait sortir définitivement de l’état de pauvreté qui était le sien depuis la fin de son adolescence.

Mais accusé d’exercice illégal de la médecine, il mène pendant vingt ans une lutte acharnée contre les trusts pharmaceutiques et l’Ordre des médecins. Il reste directeur de cet établissement jusqu’en 1958.

Pendant la Seconde Guerre, il noue des relations avec des membres du Parti socialiste clandestin. Il entre ainsi en liaison avec le réseau Libération-Nord, faisant de sa clinique un des points de rencontre fréquentés par la Résistance.

Après la guerre, il devient secrétaire général de l’Union des syndicats de sinistrés du département de la Seine. Par ailleurs, il est proche de la Ligue nationale pour la liberté des vaccinations et se déclare partisan de la gymnastique oculaire. Il se définit comme un médecin naturiste.

Il meurt le 28 juin 1974, à Paris.

Publications :

  • Au pays des Soviets, neuf mois d’aventures, Ed. Figuière (1921) ;
  • sous le pseudonyme de Lionel d’Autrec, L’Outrage aux mœurs, Ed. de l’Epi (1922) ;
  • sous le pseudonyme de C. V. d’Autrec, Les Charlatans de la médecine, Ed. de la Table Ronde (1954 )…

Hommage : Avec le leg qu’il a fait à l’Institut Français d’Histoire Sociale, celui-ci crée un prix Mauricius.

Sources : Maitron. Date de création : 2023-12-20.

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Monument

Inscriptions :

Ginette VANDAMME, 1886-1971.
Maurice Frédéric VANDAMME, alias MAURICIUS Lionel C.V. d’AUTREC, 1886-1974, qui lutta toute sa vie pour libérer, les hommes de tous les préjugés de, tous les tyrans extérieurs et intérieurs, qui les asservissent.

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Date de la dernière mise à jour : 4 janvier 2024