SEGALAS Anaïs, née Anne Caroline MENARD (1811-1895)
France

Anaïs Ségalas, née Anne Caroline Menard, voit le jour le 24 septembre 1811 à Paris (6ème). C’est la fille de Charles Menard et d’Anne Bonne Portier, une créole de Santo Domingo.

Enfant précoce, elle compose une ode d’anniversaire pour son père à l’âge de huit ans. A l’âge de seize ans, elle édite sa première collection de poésies, Les Algériennes.

A quinze ans seulement, elle épouse un avocat Basque, Victor Ségalas, frère cadet de Pierre Salomon Ségalas. Mais elle établit, comme condition préalable de son mariage, son droit de développer ses talents littéraires. Eugène de Mirecourt décrit Anais Ségalas, comme une amazone libre et accomplie, défiant avec succès les ordres de son mari.

Un jour afin d’entreprendre quelques exercices équestres particulièrement dangereux, elle n’hésite pas à défier son époux. À cet égard, c’est une féministe dans le sens du dix-neuvième-siècle, dans la lignée de Marie d’Agoult, de George Sand, de Rosa Bonheur …

Elle pense qu’une femme de talent a le droit de poursuivre une carrière par ses propres moyens. Cela signifie une certaine  égalité dans le mariage. Anais Ségalas montre également une foi catholique ardente. Pour elle, le royaume normal de la femme est la maison et le salon.

Là, elle doit exercer son amour et sa charité pour réprimer le vice, la violence, et le désordre moral, y compris l’esprit de l’avarice et de la spéculation matérielles qui affecte la monarchie de juillet. L’amour et le devoir maternels sont reflétés dans sa collection de poésies appelées Enfantines (1844).

Extrait (de La Femme, 1847) :

« Femmes, soyez les Béatrix, les guides, Menant leurs bien-aimés par des routes splendides Du beau, de l’infini, du génie embrasé. Votre amour tout puissant les conduira sans peine, Ce n’est qu’un fil léger que sa divine chaîne, Mais vous savez en faire un fil électrisé. »

Dans La Femme (1847), poésies sur les états des femme, fortement moralisantes et didactiques, c’est se rapproche de Maria Edgeworth. Elle déclare que l’art doit avoir un but moral sérieux. Elle pense que les femmes de lettres doivent utiliser leur talent pour l’édification et la charité sociales.

La Femme invite l’ouvrière à surmonter la propension des parisiens à fomenter la violence révolutionnaire par l’amour, et la femme du monde à cultiver les arts pour remplir sa vie vide du plaisir.

Dans sa préface à La Femme, elle refuse d’être accusée du «plus léger fragment de Saint Simonisme». Elle «n’entonne pas la Marseillaise à chaque page », « Dieu me préservant de cette idée révolutionnaire ».

Ses poésies sur les femmes montrent le bien que les femmes pourraient réaliser dans la société existante par la puissance de l’amour et de l’affection. La mission d’une femme est :

« d’adoucir, épurer, et dans un sens de rendre spirituel le monde que les hommes contrôlent, actionnent et rendent toujours plus puissant et riche.»

Symptomatique également de sa modération est sa collaboration au «Le Journal des Femmes» de Fanny Richomme. Ce journal chrétien a, au début, réclamé des droits civiques et l’éducation pour des femmes, tout en rejetant le Saint Simonisme. Mais il est devenu un journal de mode pour dames.

Après la révolution de février 1848, Anais Segalas assiste à des réunions de la «Société de la Voix des Femmes», organisées par Eugènie Niboyet. Elle offre son ouvrage, Le travail de la femme, à la bibliothèque de la littérature féministe qu’Eugènie Niboyet établit au journal. Anais Ségalas s’implique également dans l’organisation de centres éducatifs et d’emploi coopératif pour les femmes.

Plus tard, elle soutient le Second Empire, l’ordre et les droits de l’église catholique. Elle fait partie d’une poignée d’auteurs qui reçoivent les éloges de Napoléon III. Ensuite, elle anime un salon littéraire dans sa maison du boulevard des Capucines à Paris. Elle manifeste son hostilité à la troisième République en raison de sa politique anticléricale.

Les positions d’Anais Ségalas sur le caractère et les droits des femmes et pour l’amélioration de la position de la femme en font une féministe typique de son époque.

Anaïs Ségalas décède en 1895. Elle repose avec son mari, Victor Ségalas (1802-1886), avocat, initiateur de la poste par pigeons voyageurs pendant le siège de Paris en 1870.

Merci à André Béranger pour son aide dans la réalisation de cette notice.

Distinction : officier d’académie. Hommages : Une rose porte son nom.

Sources : Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922 ; Encyclopédie et recueil des poètes français, 1891. Date de création : 2007-04-28.

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Monument

Inscriptions :

Anaïs SEGALAS, officier d’académie, membre de la société, des gens de lettres et des, auteurs dramatiques.

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Date de la dernière mise à jour : 11 février 2024