ROLIN Dominique (1913-2012)
France

Dominique Rolin voit le jour le 22 mai 1913, à Bruxelles (Belgique), rue Saint-Georges, à Ixelles. Son père, Jean Rolin, est directeur de la bibliothèque du ministère de la Justice. Sa mère, Esther Rolin, fille de l’homme de lettres Léon Cladel, enseigne la diction à l’école Daschbek (Bruxelles). Elle montre une grande précocité à la lecture.

À dix ans elle se lance dans la lecture d’Edgar Poe avec les Histoires extraordinaires. En 1927, Jean Rolin, épris d’une de ses élèves, demande le divorce et quitte la maison familiale. Esther refusant cette séparation, un climat de forte tension et de violence règne durant quatre ans. À dix-sept ans, Dominique Rolin obtient son diplôme d’études secondaires au Lycée Daschbek. A dix-huit, elle commence des études artistiques à La Cambre (Ixelles). En 1932, elle entreprend des études de bibliothécaire.

De 1933 à 1936, Dominique Rolin travaille à la librairie générale de Bruxelles. Elle écrit son premier roman, Les Pieds d’argile, mais ne trouve pas d’éditeur. En 1936, elle publie une nouvelle, La Peur, dans la revue littéraire de Jean Paulhan, Mesures. Elle épouse, en 1937, Hubert Mottart, qui se dit poète. En 1938, de cette union naîtra Christine. La publication des Marais, en 1942, la fait connaitre du milieu littéraire parisien.

Début 1946, elle décide de tout quitter, Belgique, mari, famille et enfant pour s’installer à Paris. Lors d’un cocktail donné aux éditions Denoël, à l’occasion de la sortie de son ouvrage Les Deux sœurs, elle fait la connaissance d’un journaliste des Nouvelles littéraires qui souhaite publier un article sur elle. Il lui précise qu’il aime que ses articles soient illustrés et qu’il fait appel, pour cela, à Bernard Milleret, sculpteur et illustrateur aux Nouvelles littéraires.

Rendez-vous est rapidement pris pour une séance de pose. Au mois d’avril 1947, elle quitte sa chambre d’hôtel pour s’installer avec lui à Villers-sur-Morin. Tous deux, bien que démunis, vivent quelques années de félicité, au milieu de l’élite littéraire et artistique de Saint-Germain-des-Prés.

En 1952, Gaston Gallimard lui propose d’être son éditeur : elle continuera néanmoins à être publiée chez Denoël, acquis récemment par Gaston Gallimard. En janvier 1955, l’écrivain et le sculpteur décident de se marier. Mais Bernard Milleret meurt en mars 1957.

En 1958, André Barsacq monte L’Epouvantail, son unique pièce, au Théâtre de l’Œuvre. Elle quitte Villiers-sur-Morin, en février 1959, et retourne s’installer définitivement à Paris.

Ces trois années sont nécessaires pour « faire son deuil ». Le 11 février 1965, on l’évince du jury du Prix Femina, en partie de son fait. Elle trouve que les femmes membres du jury sont trop imprégnées de la littérature du 19ème siècle et qu’elles n’ont pas apprécié qu’elle soutienne Robert Pinget, auteur de L’Inquisitoire. Dominique Rolin devient alors membre du jury du Prix Roger Nimier, prix créé par Florence Gould en 1963.

En 1978, Dominique Rolin publie L’Enragé, une autobiographie du peintre Pieter Bruegel l’Ancien, qui reçoit le prix Franz Hellens. Elle donne des conférences, rédige des articles critiques et participe à des colloques. Elle voyage en Europe, aux États-Unis, en Égypte pour y retrouver sa fille et se rend régulièrement à Juan-les-Pins, où l’invite Florence Gould.

Lors d’une émission de Bernard Pivot en 2000, à sa question, « le Jim de vos livres, c’est bien Sollers ? », elle répond « oui ». Elle succède à Marguerite Yourcenar comme membre étranger représentant la France, en avril 1989, à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Cela consacre sa carrière.

Elle reçoit le Grand Prix Thyde Monnier de la Société des gens de lettres pour l’ensemble de son œuvre, en 1991. Jean Antoine réalise, l’année suivante, un documentaire retraçant sa vie et sa carrière, Dominique Rolin, l’infini chez soi. Il est diffusé sur la chaîne belge RTBF et sur France 3. Dominique Rolin devient présidente du jury du prix Roger Nimier, en 1995. Elle y restera jusqu’en 2001.

C’est à l’occasion de travaux dans l’immeuble de la rue de Verneuil que La rénovation voit le jour, en 1998. En mars 2000, paraît Journal amoureux, roman à la gloire de l’être aimé depuis quarante ans, Philippe Sollers.

Dominique Rolin décède le 15 mai 2012, à Paris. Il repose avec son grand-père, l’homme de lettres Léon Cladel (1835-1892), son oncle, le sculpteur Marius Léon Cladel (1883-1948), et sa tante, Judith Cladel (1873-1958), femme de lettres.

Œuvres :

  • Repas de famille (nouvelle, dans Le Flambeau, revue politique et littéraire belge, dirigée par Henri Grégoire) ;
  • Anne la bien-aimée (1944) ;
  • Moi qui ne suis qu’amour (1948) ;
  • Le Souffle (1952, Prix Femina) ;
  • Les Quatre coins (1954) ;
  • Artémis (1958) ;
  • Le Lit (1960) ;
  • Maintenant (1967) ;
  • Le Corps (1969) ;
  • Les Éclairs (1971) ;
  • Lettre au vieil homme (1973) ;
  • Vingt chambres d’hôtel (1990, prix Roland Jouvenel de l’Académie Française) ;
  • L’Accoudoir, appui de fenêtre (1996) ;
  • Le Futur immédiat (2001) ;
  • Plaisirs (2001) ;
  • Lettre à Lise (2003).

Prix : prix Kléber Haedens pour L’Infini chez soi (1980), grand prix national des lettres, pour l’ensemble de son œuvre (1995).

Sources : -. Date de création : 2014-06-24.

Photos

Monument

Inscriptions :

LÉON CLADEL homme de lettres 1835-1892.
MME LÉON-CLADEL, née Julia MULLEM compositeur de musique 1843-1923.
En mémoire de RACHEL-LOUISE CLADEL 1878-1943.
JUDITH CLADEL écrivain 1873-1958.
MARIUS LÉON CLADEL statuaire 1883-1948.
DOMINIQUE ROLIN écrivain 1913-2012.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 1 avril 2022