Fils d’un ouvrier boutonnier, lui-même ouvrier boutonnier en corne, Alexandre Retiès habite avec sa mère, impasse du Saumon (Paris, 20ème), de 1861 à 1887. Militant syndical, c’est également un militant politique. Il est membre du comité radical du 20ème, dont il est expulsé en 1877, puis membre du Comité Trinquet. Il préside de nombreuses réunions publiques dans l’arrondissement.
Alexandre Reties est, notamment, à la fameuse réunion de la rue Saint-Blaise, le 16 juin 1881. Là, Gambetta furieux, dominant les ruées des partisans de Retiès, leur lance le fameux :
« Esclaves ivres, je vous poursuivrai jusque dans vos repaires… ».
Alexandre Retiès adhère au Parti Ouvrier (PO) dès sa constitution. Il se range aux côtés des « possibilistes » dans la Fédération des Travailleurs Socialistes de France (FTSF), lors de la scission de 1882. Il devient membre du Comité national de la FTSF en 1885. Après un échec, en 1884, dans le 20ème où il s’oppose à Édouard Vaillant, il se fait élire conseiller municipal de Paris dans le quartier Saint-Fargeau (20ème), en 1887, puis réélire, en 1890 et 1893.
Son refus de suivre les « allemanistes » provoque des remous avec son comité. Quelques mois avant sa mort, le président du comité, Jubrot, le dénonce. Puis il fomente une scission dans le groupe du 20ème.
Extrait (de Nos édiles, par Ernest Gay, dans La Presse du 15 août 1894) :
« A. Retiès né à Paris le 18 octobre 1852. Boutonnier. Socialiste révolutionnaire. Tout jeune au moment de la guerre de 1870. Il fit bravement son devoir comme garde national dans le 15e bataillon et, plus tard, il prit le fusil pour la défense de la Commune. Se faisant particulièrement remarquer dans la vigoureuse campagne qu’il mena a Belleville contre Gambetta et présida la fameuse réunion de la salle Saint-Blaise où le chef de l’opportunisme fut si malmené.
M. Retiès est de ceux qu’on menaçait d’aller « chercher jusque dans leurs repères ». M. Retiès est malade et va peu au Conseil où.il a toujours voté avec les plus avancés. Il procède par interruptions, de sa place généralement. Envoyé en délégation, à Londres, la traversée l’avait fortement éprouvé. Il fut même si incommodé que lorsque ses collègues lui parlèrent de rentrer en France, il s’écria : Oui, tout ce que vous voudrez, pourvu que nous ne revenions pas par le même chemin. Il est le troisième représentant du quartier Saint-Fargeau.
Chargé, au Conseil, du rapport relatif à la dénomination des rues, M. Retiès aurait fini par proposer de retrancher la moitié des noms de son quartier et de faire disparaître le mot : saint. Sa maladie l’a peut-être empêché de mutiler son domaine municipal. »
Sources : Le Maitron ; Gay (Ernest) « Nos édiles », dans La Presse du 15 août 1894 ; Tillier (Bertrand) La Commune de Paris, révolution sans images ?, 2004 ; Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922. Date de création : 2016-04-16.