MICHELET Jules (1798-1874)
France

photo par Félix Nadar, 1855
Auteur de l’ « Histoire de la Révolution Française »

Né en 1798 à Paris, fils d’un imprimeur pauvre, Jules Michelet connait la misère dans son enfance. Mais il parvient à faire de brillantes études au lycée Charlemagne. Docteur en histoire en 1819, puis agrégé en 1821, il devient professeur au collège Sainte-Barbe.

Jules épouse Pauline Rousseau (1792-1839), fille du ténor Jean Joseph Rousseau, de sept ans son ainée. Ils auront deux enfants, Adèle (1824-1855) et Charles (1829-1862).

Jules Michelet devient chargé de cours d’histoire ancienne à l’Ecole Normale Supérieure, en 1827. Catholique et royaliste, Charles X le charge de l’éducation de la fille de la duchesse de Berry. Pourtant, les idées libérales de la révolution de 1830 le gagnent.

Elu en 1838, à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, il reçoit la même année une chaire au Collège de France. Il la transforme en tribune politique. A une jeunesse enthousiaste, il répand les idées démocratiques et anticléricales.

Il poursuit parallèlement ses travaux historiques. En effet, il désire embrasser l’ensemble des événements, personnages, symboles, fondements géographiques et races en un creuset unique. C’est là la force et la faiblesse de son œuvre : une histoire pleine de vie, lyrique et pittoresque. Mais ses émotions personnelles submergent néanmoins parfois les faits.

Passé à l’opposition ouverte dans les dernières années de la monarchie de Juillet, il accueille avec enthousiasme la révolution de 1848. Mais il est suspendu en 1849, destitué en 1851, et, ayant refusé de prêter serment à Napoléon III, déchargé de son poste aux Archives Nationales. Dans sa retraite, Michelet se considère désormais comme un éducateur social chargé d’élever spirituellement le peuple. C’est dans cet esprit qu’il rédige, de 1847 à 1853, son œuvre la plus connue, l’Histoire de la Révolution française.

Profondément germanophile, comme la plupart des romantiques, la guerre franco-prussienne de 1870 le bouleverse profondément. Il meurt à Hyères (Var), en 1874. Michelet, anticlérical, souhaite pouvoir être incinéré puis enterré sans cérémonie religieuse. Il crée, avec 300 intellectuels, la « société pour la propagation de la crémation.

Mais à sa mort, à la demande de sa veuve, on l’inhume, le 18 mai 1876, avec des funérailles officielles et publiques organisées par Gabriel Monod et la police estime que 10 000 personnes suivent le cortège funéraire depuis l’appartement de Michelet, rue d’Assas jusqu’au Père-Lachaise. Il repose avec sa seconde femme, la femme de lettres Adèle Athénaïs née Mialaret (1826-1899).

Sources : Bertrand (Régis), Groud (Guénola) Patrimoine funéraire français, Cimetières et tombeaux, Editions du patrimoine, CNM, 2016, page 180 ; Fauquet (Eric) Michelet ou la gloire du professeur d’histoire, Éditions du Cerf, 1990, page 438 et 452 ; Pascal (Jean-Louis) Tombeau de Michelet au Père-Lachaise, Revue Générale de l’Architecture et des Travaux Publics, 1885, page 2-4 ; Le Temps du 14 juillet 1882 ; Wikipedia. Date de création : 2005-09-15.

Photos

Monument

La concession à perpétuité est entretenue gratuitement par la ville de Paris. Le tombeau, en marbre blanc, élevé par souscription internationale et inauguré en 1882, est l’œuvre de l’architecte Jean-Louis Pascal et du sculpteur Antonin Mercié.

Extrait (du journal Le Temps, 14 juillet 1882.) :

« C’est un élégant édicule grec, en marbre, une stèle encadrée de deux colonnes corinthiennes et d’un entablement dont la frise est ornée de rameaux, d’insectes et d’oiseaux. De la stèle se détache un groupe qui s’ajoutera à la liste des chefs d’œuvre de Mercié. Michelet est étendu sur un sarcophage, la poitrine découverte, le reste du corps enveloppé d’un suaire, la tête appuyée sur un oreiller qui inonde sa longue chevelure, la main gauche posée sur le cœur, le bras droit étendu le long du corps, la main tenant encore la plume.

Les yeux sont fermés, les lèvres ont le sourire que donne au juste le contentement intérieur ; tout le visage respire une admirable sérénité. On a écrit au-dessous cette phrase du testament du grand historien : Que Dieu reçoive mon âme reconnaissante de tant de bien, de tant d’années laborieuses, de tant d’amitié ! Au-dessus du sarcophage, l’Histoire, sous la figure d’une jeune femme d’une beauté sévère, s’élance au milieu des mille plis d’une draperie d’une légèreté aérienne.

La main gauche tient un rouleau sur lequel on lit : Histoire de France ; la main droite, dans un geste qui semble entraîner tout le corps vers les régions supérieures, indique cette phrase célèbre gravée dans le haut de la stèle : L’histoire est une résurrection. »

Le monument est orné d’un médaillon en marbre représentant un jeune enfant sous des étoiles, avec l’inscription « Lazare Michelet 1850 ».

Inscriptions :

(Devant du tombeau) Que Dieu reçoive mon âme reconnaissante de tant de bien, de tant d’années laborieuses, de tant d’amitiés. J. Michelet. 1798-1874

(Tout en haut) A Jules Michelet souscription internationale.

Au côté du monument sont gravées la liste des nations (France, Angleterre, Grèce, Hongrie, Italie, Pologne, Portugal, Roumanie, Russie, Suisse) et la liste des conseils municipaux de France (… Rouen, Le Havre, Toulon, Amiens, Alger, Montpellier, Le Mans, Dijon, Grenoble […] Moulins, Agen, Macon, Bar-le-Duc, Compiègne, Rodez, Laon, Toul, Vesoul, Mustapha, Privas, Vire, Tournon, Clamecy, Mézières, Neufchateau […]) qui ont payé pour la souscription.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 30 août 2023