LIEUSSOU Aristide Jean Pierre Hippolyte (1815-1858)
France

buste par Mossot dans la salle des Illustres de l'abbaye école de Sorèze (Tarn)

Aristide Jean Pierre Hippolyte Lieussou voit le jour le 19 juin 1815, à Fanjeaux (Aude). C’est le fils de Jean Lieussou, notaire, et de Jeanne Paule Etienne de Capella. Il est poussé vers les idées populaires et de liberté comme son père, mais par sa mère il tempère cette tendance démocratique en y mettant le frein d’une foi vive et d’un respect profond de l’autorité et de la tradition. En 1834, il entre à l’école Polytechnique.

En 1836, il en sort dans un assez bon rang pour pouvoir prendre place dans le corps des ingénieurs hydrographes de la marine. II travaille d’abord, sous la direction de M. Beautemps-Beaupré, à la reconnaissance des côtes de Bretagne. De 1839 à 1842, il fait le levé de dix-sept ports secondaires de l’Algérie et s’occupe de dresser des devis de leur établissement immédiat ou définitif.

Il remet le mémoire qui contient ses recherches au ministre de la marine en 1847. La Direction générale de l’Algérie le fait imprimer à ses frais, en 1850. Toute la côte de la colonie y est étudiée dans ses propriétés nautiques, commerciales et militaires. Cet important ouvrage ne laisse pas les ministres spéciaux indifférents ; la presse s’y intéresse ; le nom de Lieussou sort de l’ombre : il a alors trente et un ans. En 1843, il étudie les améliorations du port de la Nouvelle.

De 1843 à 1853, il dresse la carte des mers d’Irlande et préside, avec M. Chazabon, à la rédaction de l’Annuaire des marées. Chargé en 1850 du service des chronomètres au dépôt de la marine, il s’inquiète des variations que l’état atmosphérique fait subir à ces instruments. Le problème intéresse au plus haut point les navigateurs. Après de patientes et longues recherches, il établit la loi des influences atmosphériques sur les montres marines.

En 1854, il complète, à la Hougue, des études déjà faites par Vauban et de la Bretannière, et ses conclusions rajeunissent l’idée d’un port de refuge en ce coin de la côte normande. Son œuvre capitale est le canal de Suez. En octobre 1854, de Lesseps, parcourant l’Égypte d’Alexandrie au Caire, sait enflammer l’esprit du vice-roi et l’intéresser à une conception qui doit régénérer son pays. Une objection se présente : la dénivellation des deux mers.

Cette difficulté constatée par les ingénieurs que Bonaparte traînait à sa suite lors de l’expédition d’Égypte existe-t-elle ? Laplace, Volney, Fourrier avaient des instruments grossiers qui avaient pu les tromper. Rentré en France, Lieussou rédige un rapport général qu’il soumet au Congrès des ingénieurs. Dans un long exposé qui ne comprend pas moins de vingt-deux chapitres, le jeune savant expose les côtés historiques, économiques et agricoles de la question.

Il fait la critique technique des divers projets qui ont précédé et justifie si brillamment le projet de la commission que le Congrès est unanime à approuver les conclusions du rapport. Le principe de l’œuvre est acclamé ; le canal de Suez est fait. Les ingénieurs n’ont plus qu’à céder la place aux terrassiers. Quelques années après, le premier vaisseau portant à son bord Napoléon III et de Lesseps traverse le canal.

Lieussou n’est pas là pour admirer l’œuvre gigantesque à laquelle il a collaboré. En 1856, l’empereur l’appelle à Bayonne. Il s’agit de rechercher le meilleur moyen de combattre la barre de l’Adour. Lieussou réfute les idées de l’empereur qui lève l’audience en disant d’un ton de bonne humeur :

« Je consens à admettre vos raisons et à trouver mon projet mauvais ; mais je compte sur vous pour en trouver un bon. »

De retour à Paris en 1857, Lieussou se met à l’œuvre, mais la mort l’empêche de porter sa réponse à Napoléon. Lieussou meurt, en pleine activité, le 6 janvier 1858 à son domicile du 23 rue Saint Georges à Paris.

Dans la revue l’Isthme de Suez, Barthélemy Saint-Hilaire lui rend justice en ces termes :

« Le nom de M. Lieussou restera toujours attaché à la grande entreprise du canal de Suez, comme il le sera également à l’étude des montres marines et à la création des ports de l’Algérie… M. Lieussou pouvait être, de bien longues années encore, utile à la science et à son pays. »

Distinctions : officier de la Légion d’honneur (25 mai 1853, dossier absent de la Base Léonore).

Sources : Les Soréziens du siècle, 1800-1900, Privat, Toulouse, 1901 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2009-12-25.

Monument

Sur l’autel de la chapelle se trouve une Vierge à l’enfant (qui a perdu sa tête !), en plâtre ou en porcelaine, de facture inconnue.

Inscriptions : Familles, BALAINE et LIEUSSOU

Caroline Hélène, BALAINE, née le 8 mars 1862, morte le 3 février 1863.
Madame LIEUSSOU, née Caroline Victoire Amélie, BALAINE, née à Paris le 28 avril […], décédée à Forcalquier, le 23 septembre […].

[…] officier de la Légion d’honneur, né à Fanjeaux (Aude) le 20 juin […], décédé à Paris le 6 janvier 1858.
Jean Charles Georges LIEUSSOU, né à Pari le 18 août 1857, décédé à Dinard (Ille-et-Vilaine), le 15 juillet 1920,époux de Victoire Emile, Jeanne BALAINE, née à Paris le 18 août 1869, décédé à Nantes (Loire-Inférieure), […] novembre 1910, […] cimetière de Nantes […].

Photos


Date de la dernière mise à jour : 2 août 2023