LAVALETTE, Antoine Marie CHAMANS, comte de (1769-1830)
France

gravure anonyme - Source Geneanet
Directeur général des Postes sous l'empire, auteur d’une évasion rocambolesque

Antoine Marie Chamans, futur comte de Lavalette, voit le jour en 1769 dans une famille de petits bourgeois parisiens. Après des études au collège d’Harcourt, il opte pour une carrière militaire. Garde national sous les ordres de Lafayette, il rejoint l’armée en 1792. Aide de camp de Napoléon, ce dernier le charge rapidement de missions diplomatiques secrètes en France comme en Europe.

En 1798, Bonaparte lui fait épouser la nièce de Joséphine, Emilie Louise de Beauharnais, née en 1781 et fille d’un officier émigré. Après avoir pris une part active à la campagne d’Egypte, Lavalette prépare en sous-main le coup d’état du 18 brumaire. Bonaparte, Premier Consul, lui confie la direction du Service des Postes, direction qu’il conservera 12 ans, de 1802 à 1814.

Administrateur efficace, il conçoit un système permettant d’acheminer rapidement les dépêches : les postillons se passent, à chaque relais, une sacoche cadenassée dont seul l’expéditeur et le destinataire possèdent la clé. Napoléon le fera conseiller d’Etat. Après l’abdication de Napoléon, le 6 avril 1814, il est démis de ses fonctions.

Durant la Restauration, Lavalette dissimulera sous le plancher de son château de La Verrière à Rambouillet la somme de 1. 600. 000 francs appartenant à l’Empereur. Le 1er mars 1815, Napoléon débarque en Provence après s’être échappé de l’île d’Elbe. Le 20, Lavalette reprend autoritairement la direction des Postes et fait tout son possible pour faciliter le retour de son maître. Les Cent Jours seront une période faste.

Mais après Waterloo et la chute définitive de Napoléon, en juin de la même année, les ultra-royalistes crient vengeance : on arrête Lavalette en juillet, en même temps que d’autres généraux et hauts fonctionnaires de l’Empire. Lavalette attend son procès dans un cachot de la Conciergerie. C’est là qu’il apprend les exécutions de Labédoyère (19 août) et de Ney (7 décembre), arrêtés pour les mêmes motifs que lui.

Son procès s’ouvre le 20 novembre. Malgré de nombreux témoignages en sa faveur, on le condamne à la peine capitale. On fixe son exécution au 21 décembre. Il redoute la guillotine, préférant mourir en soldat sous les balles d’un peloton d’exécution. Sa femme, quant à elle, fait tout son possible pour sauver son époux. Elle sollicite amis et simples connaissances, allant jusqu’à se jeter aux pieds du Roi. En vain…

C’est alors qu’elle conçoit un plan audacieux : elle propose à son mari d’échanger leurs vêtements respectifs. Le plan est d’autant plus audacieux que la comtesse est grande et élancée alors que le comte est petit et rond (si l’on en croit le signalement donné par la police). Lavalette se laissera convaincre – a-t-il le choix ? – et son évasion aura lieu le 20, la veille de son exécution : vêtu des habits de sa femme – robe, collerette et chapeau – il sortira de la Conciergerie, tenant par la main sa fille de 13 ans.

L’évasion réussit donc, contre toute attente. Finalement, en janvier 1816, il parvient à quitter le royaume grâce à la complicité de plusieurs amis ainsi que de trois militaires anglais. Le général Wilson, en particulier, lui fournira déguisement et faux papiers, l’accompagnant même jusqu’à la frontière Belge. Le général a combattu Napoléon à travers l’Europe, notamment en Espagne et en Russie, mais il s’indigne des persécutions dont sont victimes les bonapartistes.

Il a même participé à un complot visant à faire échapper Ney. C’est ainsi que Lavalette trouve refuge en Bavière où il restera six ans en exil. Mme de Lavalette, quant à elle, demeure prisonnière à la Conciergerie jusqu’au 23 janvier, les ultras réclamant sa tête et le peuple admirant son dévouement. Sa santé, au demeurant fragile, se détériore rapidement. Elle est sujette à des accès de mélancolie suivis de crises de panique.

A sa sortie, elle se retire dans une maison de santé : se croyant traquée par la police, elle demande même à être ramenée à la Conciergerie, seul lieu où elle se sente en sécurité. Elle ne se remettra jamais vraiment de son mois d’incarcération. En mai 1821, Louis XVIII gracie Lavalette qui peut enfin regagner la France et revoir les siens.

Lavalette vit alors retiré du monde, consacrant tout son temps à son épouse. Il meurt le 15 février 1830. Il repose avec sa femme (décédée en 1855) et sa fille (décédée en 1866).

Titres : comte de l’empire.

Distinctions : légionnaire (25 mars 1804), commandant (14 juin 1804), grand-officier de la Légion d’honneur (30 juin 1811).

Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : -.

Photos

Monument

Le monument est orné d’un bas-relief en marbre qui décrit le comte en train de changer de vêtement dans la prison, de facture inconnue. Dans une niche, en haut du monument, se trouve un buste en fer du comte, de facture inconnue.

Inscriptions : Famille LAVALETTE

Le comte, de LAVALETTE, décédé, le 15 février 1830.
Mme la comtesse, de LAVALETTE, née de BEAUHARNAIS, décédée, le 18 juin 1855.
Mme la baronne de FORGET, née Louise Joséphine de LAVALETTE, décédée le 23 octobre 1886.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 20 octobre 2023