LAMOTE-BARACE Alexandre de, vicomte de SENONNES (1781-1840)
France

Alexandre (Ferdinand Marie Adrien Charles) de Lamote-Baracé, vicomte de Senonnes, voit le jour le 3 juillet 1781, dans le château de ses ancêtres à Senonnes (Mayenne). C’est le fils de François Pierre de La Motte-Baracé et de sa femme créole, Suzanne Drouillard de la Marre. Il perd très jeune ses parents qui périssent pendant la Terreur, en 1794.

Il cultive les arts pour échapper aux dangers de l’époque. En 1802, les deux frères, devenus majeurs, peuvent disposer de leurs biens. A cette époque, le château de Rancy est vendu. La propriété de Senonnes reste un long moment indivise. Alexandre se trouve seul en 1805, après le mariage de son frère. Poussé par ses goûts d’artistes et fortuné, il se met à voyager et à mener vie large et libre.

En 1805, il part pour l’Italie, en même temps qu’Ingres d’ailleurs. Il va là-bas s’éprendre de beaux paysages, de belles œuvres d’art, et tout spécialement d’un très joli modèle dont il va faire sa femme. Il convole en justes noces avec Marie Marcoz qui sera peinte par Ingres dans le portrait de Madame de Senonnes.

Alexandre de Lamote-Baracé se remarie, le 2 juin 1835 avec Wilhelmine Caroline Hoffmann, âgée de 25 ans. Le vicomte de Senonnes, conforme à sa tradition familiale, est un ardent royaliste partisan du retour des Bourbons au trône. On le connait dans les milieux aristocrates, en 1812, comme le vicomte de Senonnes.

Il est en Italie un des agents actifs de Louis XVIII. Madame de Senonnes accompagne le vicomte dans ses visites, et a la réputation d’émerveiller partout par sa beauté. C’est en 1814 que le vicomte cherche à la faire peindre. La peinture est réalisée en Italie par un ami : Ingres.

Lorsque Napoléon Ier est contraint d’abdiquer le trône aux Bourbons, lui, sa femme et sa fille se rendent à Paris pour profiter des faveurs royales. Le vicomte dépense largement et gagnait peu. En échange de son dévouement à la cause royale, il attend une place honorifique et lucrative.

Alexandre de Senonnes se fait d’abord connaître par quelques paysages anonymes qu’il expose à différents salons, et en même temps il travaille dans les journaux, particulièrement à «la Gazette de France», où il défend les doctrines monarchiques et religieuses. Il fournit quelques articles à la «Biographie universelle».

Après le second retour du roi en 1815, il devient secrétaire de la Chambre du roi. C’est bientôt un des familiers du duc de Berry, ce qui lui valut encore de nouvelles faveurs. Le 31 mai 1816, il obtient la place de secrétaire général des musées royaux et conserve le titre de secrétaire honoraire de la chambre.

L’Académie des Beaux-Arts le reçoit ensuite au nombre de ses membres honoraires, le 10 avril 1816. En 1819, il se lie plus étroitement avec le duc de Berry. Le duc et la duchesse de Berry ont grand plaisir de parler de l’Italie avec Alexandre de Senonnes et sa femme. Ils demandent comme mécènes, de rassembler en un volume les vues les plus belles dont il a pris le croquis en Italie.

Le volume ne parait qu’en 1821 après l’assassinat du duc. En 1821, il est nommé secrétaire général du ministère de la maison du roi. Puis il est conseiller d’État sous le maréchal Lauriston qui le protège spécialement. On lui a reproché d’avoir fait destituer sans motifs le savant bibliographe Antoine-Alexandre Barbier, bibliothécaire du roi.

Entraîné par ses goûts artistiques, par le désir de jouir de beaux paysages, et de les reproduire, Alexandre de Senonnes voyage avec sa famille ou sans elle. En 1828, on l’envoie  en mission à Ancône. Puis il parcourt toute la Suisse, à l’origine d’un de ses ouvrages : «Promenades au pays des Grisons». En 1829, sa première femme décède.

Alexandre de Senonnes perd tous ses emplois après la révolution de 1830. Ecarté du pouvoir, il reste sans emploi, sans ressources et chargé de dettes. Sa situation financière devient très critique. Acculé par des créanciers, il souscrit des lettres de charge qu’il ne peut pas payer. Il se trouve bientôt sous le coup de la contrainte par corps et doit s’expatrier pour échapper à la prison.

Le vicomte de Senonnes quitte Paris en 1831 et va se réfugier d’abord à Lyon, puis en Suisse, sur les bords du lac de Genève. Il se remarie en 1835. Mais ce second mariage ne le tire pas de la gêne.

En 1840, après une longue maladie, il est dénué de ressources. De Cailleux, Secrétaire Général des Musées, essaie de faire hâter le paiement de la collection d’antiquités qu’Alexandre de Senonnes a cédée à la collection du roi Louis-Philippe.

Alexandre de Senonnes s’éteint le 21 mars 1840, à Paris. Il repose avec sa femme, Marie Geneviève Marcoz, vicomtesse de Senonnes (1783-1828), modèle d’Ingres, entre autres.

Publications :

  • Lettres de Jacopo Ortis, traduit de l’italien sur la seconde édition, Paris (1814) – cette traduction reparait, la même année, sous le titre du «Proscrit – Amour et suicide, ou le Werther de Venise» ;
  • Choix de vues pittoresques d’Italie, de Suisse, de France et d’Espagne, dessinées d’après nature et gravées à l’eau-forte (1821) – cet ouvrage, dédié à la duchesse de Berry, devait être composé de trente livraisons. Il n’en parait que sept, composées de six planches et de deux feuilles de texte. – ;
  • Promenade au pays des Grisons (Suisse) ou Choix des vues les plus remarquables de ce canton, dessinées d’après nature et lithographiées par Édouard Pingret, avec un texte historique, Paris (1827-1829) ;
  • Œuvres dramatiques de Philippe Néricault Destouches, précédées d’une notice sur la vie et les ouvrages de l’auteur, Paris (1811, 1820, 1822).

Distinctions : chevalier (16 mars 1816) de la Légion d’honneur.

Sources : Michaud (Louis Gabriel) Biographie universelle ancienne et moderne : histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes avec la collaboration de plus de 300 savants et littérateurs français ou étrangers, 2e édition, 1843-1865 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2007-11-17.

Photos

Monument

Monument :

La sépulture est ornée d’un médaillon en marbre blanc de la vicomtesse et d’un bas-relief représentant un jeune homme appuyé sur une urne, dus au ciseau de Charles Normand, mais non signés ni datés.

Inscriptions :

Marie Geneviève MARCOZ Vsse de SENONNES décédée le 25 avril 1828. Alexandre Ferdinand Marie Adrien Charles de LAMOTE-BARACE de SENONNES décédé le 31 août 1835. Madame Amélina de LAMOTE-BARACE de SENONNES vicomtesse Joseph de LA TULLAYE, 1832-1907.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 22 janvier 2022