JOYEUX Maurice (1910-1991)
France

Maurice Joyeux voit le jour le 29 janvier 1910, à Paris. Orphelin de guerre (son père était un militant socialiste), il est très tôt apprenti puis devient ouvrier.

À l’âge de 14 ans, il passe pour la première fois en correctionnelle. On le condamne à 1000 francs d’amende pour avoir cassé une côte au patron chez lequel il fait son apprentissage de serrurier et qui avait levé la main sur lui.

En 1928, il devance l’appel et effectue son service militaire, au Maroc, dans le 135e régiment du train automobile. Il écope d’un an de prison pour une altercation avec son supérieur. Puis il finit dans un régiment disciplinaire à Colomb-Béchar (Algérie).

Son premier contact avec l’anarchisme s’effectue en 1927 à l’occasion de la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Il milite au sein de la CGTU et s’engage avec le Comité des chômeurs dont il devient le secrétaire.

Le 16 février 1933, il proteste contre la mort d’un ouvrier polonais dans un baraquement où des rats lui avaient mangé la moitié d’un bras. On l’arrête suite à l’occupation et au saccage du consulat polonais à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). On l’incarcère à la prison de la Santé. Il comparait le 12 avril devant la 13e Chambre correctionnelle. Celle ci le condamne à trois mois de prison et à 25 francs d’amende pour bris de clôture, violation de domicile et vagabondage. Il raconte cette période dans son livre Le Consulat polonais.

En 1935, devant son refus de devenir membre du Parti communiste, la CGTU l’exclue de la direction du Comité des chômeurs. Il adhère alors à l’Union anarchiste. Puis, on le condamne à six mois de prison pour violence à agents. En 1936, il participe aux occupations d’usines et anime le Front révolutionnaire. En 1938, il fait encore six mois de prison pour violences.

Réfractaire après l’entrée en guerre de la France (3 septembre 1939), Maurice Joyeux est arrêté en 1940. On le condamne à 5 ans de prison et on l’incarcère à Lyon, à la prison Montluc. Il s’en évade après avoir fomenté une mutinerie, mais on le reprend et on ne le libérera qu’en 1944. C’est le sujet de son livre Mutinerie à Montluc, publié en 1971.

Après la Seconde Guerre mondiale, il fait partie des refondateurs de la Fédération anarchiste aux côtés de, notamment, Robert Joulin, Henri Bouyé, Georges Fontenis, Suzy Chevet, Renée Lamberet, Georges Vincey, Aristide et Paul Lapeyre, Maurice Fayolle, Maurice Laisant, Giliane Berneri, Solange Dumont, Roger Caron, Henri Oriol et Paul Chery.

Il assume la gérance du journal Le Libertaire du 21 août 1947 et au 5 août 1949. Pour un article du Libertaire du 3 avril 1947, Préparation militaire, la 17e Chambre correctionnelle le condamne, le 17 février 1948, à 5 000 francs d’amende.

À partir de 1948, il milite activement dans le syndicat CGT-FO. Un peu plus tard, il ouvre une librairie à Paris, Le Château des brouillards. Le 4 novembre 1950, on le condamne pour « apologie de meurtre », pour un autre article du Libertaire du 17 février, à 40 000 francs d’amende.

En 1953, Georges Fontenis, qui a créé l’Organisation Pensée Bataille (OPB), organisation clandestine à l’intérieur de la fédération, provoque la scission de la Fédération anarchiste en plusieurs organisations, dont la Fédération Communiste Libertaire (FCL).

Maurice Joyeux est anarcho-syndicaliste et antimarxiste convaincu. Il alors participe à la reconstruction de la Fédération anarchiste, d’un nouveau journal, Le Monde libertaire, et de sa propre librairie, Publico. Les principes de base de la nouvelle fédération sont rédigés de façon à regrouper le plus grand nombre d’anarchistes. Un pari difficile à tenir, car il doit faire des compromis avec les anarchistes individualistes. Il en résulte un mode de fonctionnement qu’il juge « impossible ». La prise de décision se fait à l’unanimité, chaque membre disposant d’un droit de veto.

Maurice Joyeux est, en septembre 1960, parmi les signataires du Manifeste des 121, la Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie.

En mai 68, avec sa compagne, Suzy Chevet, et le Groupe Louise Michel, il crée La Rue, revue culturelle libertaire. 87 numéros paraitront, de 1968 à 1987.

En 1981, Maurice Joyeux est le premier invité de Radio libertaire, radio libre de la Fédération anarchiste à Paris.

C’est l’ami d’André Breton, d’Albert Camus, de Georges Brassens et de Léo Ferré.

Maurice Joyeux meurt le 9 décembre 1991, à Paris. Il repose avec sa compagne, la syndicaliste et anarchiste Suzanne dite Suzy Chevet (1905-1972).

Hommage : Dans sa chanson Les Anarchistes, Léo Ferré lui rend un discret hommage : « Qu’y’en a pas un sur cent et pourtant ils existent, Et qu’ils se tiennent bien le bras dessus bras dessous, Joyeux, et c’est pour ça qu’ils sont toujours debout, Les anarchistes… »

Sources : -. Date de création : 2021-09-10.

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Date de la dernière mise à jour : 22 décembre 2022