GRUN Jules (1868-1938)
France

Jules (Alexandre) Grün voit le jour à Paris (4ème), le 26 mai 1868. C’est un élève de Jean-Baptiste Lavastre, peintre-décorateur de l’Opéra de Paris, et du peintre paysagiste Antoine Guillemet. Ses thèmes de prédilection sont les natures mortes, les portraits et les scènes de la vie parisienne.

En 1881, Rodolphe Salis ouvre le Cabaret du Chat noir au 84 boulevard Rochechouart, proche du magasin de brocante de sa mère Mathilde Grün. Fasciné par les soirées de théâtre d’ombres, Jules Grün devient naturellement l’auteur de piécettes pour La Corneille (108, boulevard Rochechouart) ou Le Décadent Concert (16 bis, rue Pierre-Fontaine).

À la suite de sa rencontre, en 1890, avec Léon Xanrof, il commence une carrière d’illustrateur. Celle ci l’amène au dessin satirique pour la presse. Il collabore alors, entre autres, à Cocorico et L’Assiette au beurre. La même année, il signe sa première affiche pour le comique troupier Polin.

De 1890 à 1931, il en dessinera environ 135. Il travaille pour l’imprimerie Chaix, dirigée par son ami Jules Chéret. Son style se distingue par le recours à l’opposition franche des noirs et des blancs avivés par le rouge en saillie.

Il peint aussi des placards publicitaires pour les fêtes (La Vachalcade de 1897), les music-halls (Moulin rouge, Au Violon, Café Riche), et les cafés-concerts montmartrois comme Le Carillon ou Le tréteau de Tabarin puis touristiques, avec Les chemins de fer de l’Ouest.

Il reçoit une commande, en 1909, du sous-secrétaire d’État aux beaux-arts, Étienne Dujardin-Beaumetz, pour célébrer, en 1911, le 30e anniversaire du Salon des artistes français. L’audace de sa composition dans Un vendredi au Salon des artistes français restitue autant la vanité d’un soir de vernissage mondain qu’elle offre l’occasion de montrer des toilettes.

Le 12 avril 1904, Jules Grün épouse Marie Juliette Toutain (1877-1948) à l’église Saint-Louis des Invalides. En 1920, 1921 et 1927, Jules Grün expose en Argentine, à la galerie Witcomb de Buenos Aires. Très attachée à son œuvre, cette galerie lui consacre une exposition rétrospective posthume en 1948.

De 1898 à son décès, il est membre de la Société artistique et littéraire Cornet. Celle ci a été créée au Cabaret de l’Ane rouge par Bertrand Millanvoye, Paul Delmet, Albert Michaut et Georges Courteline. Sa caricature en chat d’un membre du Cornet, l’artiste peintre et philanthrope Léon Huber, paraît dans la revue du Cornet en juin 1908. Dès 1934, Jules Grün souffre de la maladie de Parkinson. Il décède le 24 janvier 1938, à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine).

Extrait (de Dans l’atelier d’un grand disparu : Jules Grün du Breuil-en-Auge, dans le journal L’Ouest-Éclair du 20/05/1941) :

« Peu d’artistes ont été, surtout dans les années 1900, plus populaires; disons plus célèbres. On l’a dépeint; à son tour; « une barbe à la François-Premier, une calvitie légendaire, des yeux étrangement clairs, pénétrants et, sous le nez aquilin, une bouche d’où jaillissait la répartie ». Nul, en effet, n’avait plus d’esprit, plus d’entrain ; il savait aussi bien conter que peindre.

Pour tout dire, un des survivants, avec Maurice Donnay, de la phalange héroïque du « Chat-Noir ». Depuis 1885, il exposait au Salon des Artistes Français, des « Cuivres » que la Grande Critique se plaisait à qualifier de « Sonores », lorsqu’« Un Vendredi au Salon » et « Fin de Souper », deux grandes compositions, de dimensions sensationnelles, le sacrèrent définitivement peintre du Tout-Paris.

« Un Vendredi …» fut, de l’aveu général, le clou (comme on disait alors) du Salon de 1911. La toile renferme plus de cent personnages, tous facilement reconnaissables et tous appartenant à l’élite parisienne de l’époque. On juge de la curiosité, de l’engouement que suscitèrent ces « actualités » gigantesques, où l’on identifiait, au premier plan, les vedettes de la célébrité du moment dans leurs attitudes familières.

Moins saisissante peut-être, comme effet, « Fin de Souper » (1913) est encore plus goûtée si c’est possible, par les délicats. La somptuosité de la table provoquait déjà l’admiration ; la personnalité des convives, la splendeur des toilettes féminines l’ambiance de luxe et d’élégance rendue picturalement, sensible, arrachèrent d’enthousiasme le cri unanime : un chef-d’œuvre ! C’était la gloire.

Les tableaux à succès allaient ainsi se suivre « Groupe d’artistes », « Le Trio de Saint-Saëns »… Entre temps, Grün semait les roses, si l’on peut dire, à pleines mains : « Roses sur fond noir » pour la plupart, et qui furent, pour les contemporains, un émerveillement. Depuis longtemps, il était classé « portraitiste d’académiciens ». On lui doit un « Georges Goyau » (son voisin de campagne) d’une débonnaireté légendaire ; un « Monseigneur Baudrillart » tout irradié d »intellectualité. »

Œuvres :

  • Couverture pour Le Rire (20 août 1904) ;
  • Un vendredi au Salon des Artistes français (1911), musée des beaux-arts de Rouen (Seine-Maritime) ;
  • Chemin de fer de l’Ouest ou Bretonne, affiche (1901), musée départemental breton, Quimper (Finistère) ;
  • La Fontaine de cuivre (1903), musée des beaux-arts de Bordeaux (Gironde) ;
  • L’Antiquaire (1903, Salon no 843), musée des beaux-arts d’Agen (Lot-et-Garonne) ;
  • Un vendredi au Salon des artistes français (1911, Salon no 871), musée des beaux-arts de Rouen (Seine-Maritime) ;
  • Fin de souper (1913, Salon no 843), musée des beaux-arts de Tourcoing (Nord) ;
  • Un vieux (Émile Fortin, chantre du Breuil-en-Auge) (1913), musée d’art et d’histoire de Lisieux (Calvados) ; Corps franc rentrant d’un coup de main (1917), musée d’Histoire contemporaine, Paris ;
  • Portrait du Monseigneur Baudrillart de l’Académie Française (1922, Salon no 826) ;
  • Portrait de Georges Goyau en habit d’académicien (1924, Salon no 913), musée historique et archéologique de l’Orléanais (Loiret) ;
  • Jean-Louis Forain (1929), musée d’Orsay, Paris ;
  • Sortie de la messe au Breuil-en-Auge (Calvados) (1934, Salon no 1165)…

Distinctions : commandant du Nicham Iftikhar (Tunisie) (1912).

Sources : Noël (Benoit), Herbaut (Véronique) Jules Grün, trublion de Montmartre, seigneur du Breuil-en-Auge, Sainte-Marguerite-des-Loges, Éditions BVR, 2012 ; Weill (Alain) et Perry (Israel) Les affiches de Grün, New York, Queen Art Publishers Inc., 2005 ; ‘Jules Grün’, no 15 de la série Drogues et Peintures, éditée par les laboratoires Chantereau, vers 1935 ; Duverney (Paul) A Chat with Grün, in The Poster, Illustrated Monthly Chronicle, Londres, Ransom, Woestyn & Co., Vol.2, n°9, March 1899 ; ‘Jules Grün’, Nos collaborateurs, in Le Courrier français, 23 janvier 1898 ; Wikipedia. Date de création : 2108-01-24

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Monument

Inscriptions : GRUN – STORCK

Jules GRUN, 26 mai 1868, 24 janvier 1938.

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Date de la dernière mise à jour : 14 janvier 2024