GARNIER-PAGES, Etienne Joseph Louis GARNIER, dit (1802-1841)
France

Étienne Joseph Louis Garnier, dit Garnier-Pagès, nait à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 27 décembre 1801. Il n’est âgé que de 20 jours lorsqu’il perd son père, Jean-François Garnier, chirurgien de marine. Sa mère se remarie deux ans plus tard avec Simon Pagès, professeur. Ils auront un fils, Louis Antoine Garnier-Pagès (1803-1878).

Les deux enfants grandissent tout d’abord sans savoir qu’ils sont issus d’unions différentes. Lorsque plus tard ils l’apprennent, ils ne peuvent se résigner à porter deux noms différents. En signe d’étroite fraternité, ils conviennent d’adopter le double nom de « Garnier-Pagès ».

L’aîné a des débuts difficiles. Il est d’abord employé dans une maison de commerce à Marseille, puis commis dans une compagnie d’assurances maritimes à Paris. Il trouve néanmoins le temps d’étudier le droit et, reçu avocat, fait de brillants débuts au palais de justice.

Mais la mort de son beau-père, puis celle de sa mère, le décident à aborder la carrière politique. De bonne heure, il suit le mouvement libéral et entre dans la société « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Là, il rencontre la plupart des groupes démocratiques ou maçonniques où la jeunesse conspire contre le gouvernement de la Restauration.

Il prend une part active aux Trois Glorieuses. Il devient président du conseil de révision des récompenses nationales et réorganise sur de nouvelles bases la société « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Celle-ci le choisit comme président et il la dirige, contrairement à l’opinion de la plupart de ses amis de la veille, dans un sens hostile à la dynastie nouvelle.

Garnier-Pagès est en effet de ceux qui ont cru combattre pour la république et dont la monarchie de Juillet trompe les espérances. Son énergie et son habileté lui valent une popularité rapide. A l’âge de l’éligibilité (30 ans), il est choisi comme candidat de l’opposition dans le 4e collège électoral de l’Isère (La Côte-Saint-André).

Il est élu député le 28 décembre 1831. Il prend place à l’extrême-gauche de la Chambre des députés, parmi la petite fraction républicaine. Seul Casimir Perier proteste contre l’admission du nouvel élu. Garnier-Pagès ne tarde pas à partager avec Armand Carrel la direction du parti républicain.

Il se distingue par sa finesse, sa pénétration et sa prudence, « par une habileté singulière, selon un historien, à mettre aux prises les partis adverses, de manière à les ruiner l’un par l’autre, en obtenant l’estime et les applaudissements de chacun d’eux ».

Affable et insinuant, son esprit vif, sa simplicité, sa grâce familière, son langage fait de naïveté et de malice, lui conquièrent une véritable influence au sein de la Chambre, bien au-delà de ceux qui partagent ses options politiques. Il a une grande part à la rédaction du compte rendu de 1832 et son rôle parlementaire grandit chaque jour au milieu des événements.

L’insurrection de 1832 est pour lui l’occasion d’une lutte de tribune où son sang-froid ne se dément pas, et où il tient tête au ministère et à la majorité. Aux accusations incessantes contre les sociétés secrètes, il répond un jour, avec à propos, que deux hommes éminents qui siègent au banc du gouvernement, ont fait partie, l’un, François Guizot, de la société « Aide-toi, le ciel t’aidera », l’autre, Félix Barthe, de la charbonnerie.

Il est au nombre des députés qui se récusèrent dans le procès du journal La Tribune (1833). Garnier-Pagès échoue aux élections générales du 21 juin 1834 dans le 2e collège électoral de l’Isère (Grenoble). Mais, six mois plus tard, il se fait lire député, le 3 janvier 1835, par la 2e circonscription de la Sarthe (Le Mans).

Garnier-Pagès reprend sa place dans l’opposition démocratique et continue sa lutte contre la politique gouvernementale. Il se prononce contre les lois de septembre 1835, les lois de disjonction, d’apanage, etc. Réélu le 4 novembre 1837, il fait naturellement partie de la coalition contre le ministère Molé. Il est l’un des principaux animateurs du mouvement réformiste.

Plus radical que la plupart de ses collègues de la gauche, il se déclare, dès 1840, partisan du suffrage universel. Il résume ses aspirations égalitaires dans une formule pittoresque et souvent citée :

« allonger les vestes sans raccourcir les habits ».

Il déclare à la tribune de la Chambre :

« Pour moi, je ne recule pas devant le titre de révolutionnaire ; et pourtant je ne pense pas que tout progrès ne puisse venir que par le moyen des révolutions. Ne croyez pas qu’il n’y ait dans cette assemblée ni parti ni homme qui veuille entasser débris sur débris […] Nous représentons ici des idées philosophiques et des idées pratiques. »

Membre et rapporteur de diverses commissions, il émet sur la conversion des rentes, la Banque de France, etc. des idées qui trouvent ensuite application. C’est le rapporteur du chemin de fer de Rouen et des paquebots de la Méditerranée. Il participe activement aux débats sur les affaires d’Orient (1840). Il se sépare de ses amis du National pour combattre le projet de fortifications de Paris, protestant contre l’«embastillement» de la capitale.

Atteint depuis l’enfance d’une maladie de poitrine, il meurt prématurément à 39 ans, le 23 juin 1841, à Paris. Une foule immense accompagne sa dépouille mortelle au cimetière. Il repose avec son demi-frère, Louis Antoine Garnier-Pagès (1803-1878), ministre des finances de la Seconde république.

Citation (de Cormenin) :

 « Il avait le plus rare des courages dans un pays où tout le monde est brave de sa personne ; il était brave de sa conscience. »

Sources : Robert (Adolphe), Bourloton (Edgar), Cougny (Gaston) Dictionnaire des parlementaires français, 1789 1891, Bourloton éditeur, Paris, 1891. Date de création : 2108-10-31.

Monument

La concession à perpétuité est entretenue gratuitement par la ville de Paris. A l’origine, la tombe était ornée d’un buste œuvre de Pierre Jean David d’Angers qui a disparu.

Inscriptions :

A GARNIER-PAGES, souscription nationale.
L-A GARNIER-PAGES.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 19 octobre 2023