DUCHANOY Louis (1781-1847)
France

Louis Duchanoy voit le jour à Paris le 6 août 1781. C’est le fils unique de Claude François Duchanoy, docteur de la Faculté de médecine de Paris, et de Louise Victoire Roucel. Parti de Paris, le 16 avril 1798, il embarque à Toulon le 19 mai 1798 sur le Conquérant.

Il est, après Jacques Antoine Viard, le plus jeune membre de la Commission des sciences et des arts, puisqu’il n’a que seize ans à son arrivée à Alexandrie, où il débarque le 4 juillet 1798. Il prépare le concours d’entrée à l’École polytechnique, mais sur certaines listes de la Commission, on le trouve comme zoologiste. À son arrivée en Égypte, il doit lever les plans d’Alexandrie.

Il passe un examen au Caire, devant un jury présidé par Monge. Bonaparte le nomme ingénieur ordinaire des Ponts et Chaussées, le 27 novembre 1798. Du 22 au 27 janvier 1799, il part du Caire, sous les ordres du général Andréossy, pour explorer la région des « lacs de Natron », ainsi nommés d’après le sel qu’on y recueille, et la Vallée du Fleuve sans eau car on a cru reconnaitre des traces du Nil dans cette vallée d’après les récits de quelques voyageurs.

Dans la Description de l’Égypte, figure le seul dessin signé par Duchanoy, et cosigné par Redouté, des lacs de Natron. Le 19 mars 1799, il part du Caire pour la Haute-Égypte, sous la conduite de Girard, accompagné de Descotils, Rozière, Dupuis, ingénieurs des mines, Jollois, Villiers du Terrage, Dubois-Aimé, ingénieurs des Ponts et Chaussées, et Jean Jacques Castex, sculpteur.

Leur mission est de prendre des renseignements sur le commerce, l’agriculture, l’histoire naturelle, les arts et les antiquités, et surtout pour examiner le régime du Nil, depuis la première cataracte, et étudier le système d’irrigation. Au cours de cette expédition, ils découvrent et étudient le nilomètre de l’île Éléphantine (en face d’Assouan), signalé par Strabon.

Ce nilomètre est un puits en pierres, sur la rive du Nil, avec un paroi gravée pour suivre les différentes crues. Les marques gravées sont distantes d’une coudée. Duchanoy aide à calculer la longueur de la coudée : 0,527 mètre. Il communique à Girard ses calculs de débit des machines servant aux paysans à irriguer les terres. En juillet, il rejoint Villiers du Terrage à Thèbes et aide à lever et décrire les plans des monuments.

Il est de retour au Caire à la mi-septembre. Le 1er vendémiaire an VIII (23 septembre 1799), Duchanoy passe ingénieur ordinaire de 3e classe par le général Kléber. L’Armée d’Orient fête pour la seconde fois qu’elle est en Égypte, le jour de l’an de l’ère Républicaine. Il quitte Le Caire le 29 septembre 1799 pour une deuxième campagne de nivellement.

Le nivellement des lacs Amers au Mouqfar, sur 51 km de longueur, se fait par par les ingénieurs Fèvre, Dubois-Aymé, Favier et Duchanoy, en présence de Le Père, du 8 au 12 octobre. Lors de leur séjour à Suez, Girard, assisté de Devilliers et Duchanoy, relève une ligne de sondes pour aider au mouillage des bâtiments dans la rade. Le Père part du Caire le 14 novembre 1799 pour une troisième campagne de nivellement.

Il remonte du milieu de l’isthme de Suez, tandis que Duchanoy et ses collègues remontent vers Le Caire. Le nivellement de Mouqfar au Caire, sur 99 km de longueur, est effectué par les ingénieurs Fèvre, Devilliers, Duchanoy et Alibert, du 17 novembre au 6 décembre. Vers le milieu de décembre, les opérations de nivellement sont terminées.

« Malgré leur zèle… privés des niveaux à bulle d’air et à lunettes détruits pendant la première révolte du Caire, ils ont dû parfois faire vite et omettre certaines vérifications. De tout ceci, il résulte une erreur énorme, sur laquelle Le Père a basé ses conclusions : il a cru pouvoir affirmer que le niveau de la mer Rouge est supérieur de 9 mètres 91 cm à celui de la Méditerranée, calcul que l’ouverture du canal par Lesseps montrera comme totalement faux : les deux mers sont sensiblement de même niveau ».

Le nivellement commandé en 1847 par Paulin Talabot et effectué par Bourdaloue rectifiera l’erreur de Le Père. Le 6 avril 1801, la majeure partie des savants quitte Le Caire. D’autres décident d’y rester, avec Belliard. Parmi ceux-ci, il y a l’ingénieur en chef Girard et ses collègues des Ponts et Chaussées Moline de Saint-Yon, Duchanoy et Pottier. Girard est nommé commissaire du gouvernement auprès du Divan du Caire.

Duchanoy dirige les travaux pour mettre en état de défense de la place et de la citadelle du Caire. Il le fait, comme l’avait demandé Girard, avec le commandant du génie Garbé. Duchanoy réunit jusqu’à cinq cents ouvriers par jour, indépendamment des soldats mis à sa disposition. Ceci lui permet de mener à bien à ces travaux, exécutés la plupart devant l’ennemi. Cette opération contribuera ensuite à obtenir de meilleures conditions de capitulation [le 27 juin 1801].

Le 23 septembre 1801, Duchanoy repart d’Alexandrie. On le met en quarantaine à son arrivée à Marseille, le 22 octobre.

De retour en France, on le confirme dans son grade d’ingénieur ordinaire. Puis il entre à l’École Nationale des Ponts et Chaussées pour y perfectionner son instruction. Le 24 février 1803, il est envoyé à Toulon pour servir aux travaux du port. Le 23 mai 1804, il est nommé au canal de Saint-Quentin, canal devant relier le Bassin Parisien à la Belgique.

Le 14 mai 1806, Crétet, directeur général des Ponts et Chaussées, le nomme à Paris. Il doit se charger des travaux du Louvre et de l’égout Fromenteau. Le 5 mai 1806, il devient responsable de l’arrondissement du Sud, de la navigation en amont et à l’intérieur de Paris. Il dirige aussi les alignements de tous les objets de la grande voirie et les travaux de construction du quai des Invalides, situé entre les ponts de la Concorde et d’Iéna.

Duchanoy accomplit une œuvre considérable. Il fait construire le quai du Louvre, le port Saint-Nicolas et le quai de l’Archevêché. Il achève les quais entre les ponts Saint-Michel et de Montebello, et entre les ponts de la Tournelle et Saint-Michel. De plus c’est le responsable d’un projet de pont en face des Invalides. De 1806 à 1814, ces travaux représentent à près de cinq millions de francs !

Louis Duchanoy épouse à Paris, le 12 février 1817, Caroline Redon de Belleville, fille de Charles Godefroy Redon de Belleville, baron de l’Empire, et d’Elisabeth Baës.

Ils auront quatre enfants : Hippolyte, polytechnicien, inspecteur des finances, maire de Châteaudun, qui épousera Juliette Culhät de Coreil , Edmond, mort à l’âge de trois ans, Nathalie, qui épousera Jérôme Paul de Nompère de Champagny, 5e duc de Cadore, député, chambellan de Napoléon III, et Charles François, polytechnicien, ingénieur en chef des mines, qui épousera Léopoldine Balagny, fille d’Auguste Balagny, notaire et premier maire du 17e arrondissement.

Louis Duchanoy devient capitaine de génie de la garde nationale parisienne. A ce titre, il est mis à la retraite le 1er juillet 1820, avec le grade d’ingénieur en chef. Il devient le 9 octobre 1820, adjoint au maire du 2e arrondissement. Puis il est conseiller général de la Seine du 3 janvier 1828 jusqu’en 1830. En 1828, il appartient à la Commission des finances et budgets, dont il est le rapporteur pour les Ponts et Chaussées.

En 1828 et 1829, il appartient à la Commission des améliorations. Le 6 août 1830, il devient membre du Conseil municipal provisoire. Mais il est aussi membre de l’Institut d’Égypte à Paris et membre de la Société de géographie en 1826. Il achète en 1812 une maison à Paris, 3 rue de Hanovre, détruite lors du percement de l’avenue de l’Opéra. Il achète, en 1834, un bois à Thury-en-Valois (Oise) pour y pratiquer sa passion de la chasse.

Duchanoy hérite de son beau-père le château de Bailly, situé au sud du parc de Versailles, qu’il revend en 1836. Il décède le 29 juillet 1847 à Vichy, où il se fait soigner, et il est inhumé le 10 août dans le caveau de ses parents. Il repose avec son père, le médecin Claude François Duchanoy (1742-1827), et son fils, Charles François Duchanoy (1827-1882), ingénieur en chef des Mines.

Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (26 octobre 1814).

Pour lire sa biographie sur le site des Archives

Sources : Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922, p. 137 ; Wikipedia. Portrait Louis Duchanoy à 16ans <, enfin un portrait le représente en tenue de chasseur, exécuté par Berthon, élève de David, en 1826. Date de création : 2017-07-29.

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Date de la dernière mise à jour : 14 septembre 2021