BOUSSINGAULT Jean Baptiste (1802-1887)
France

photo par Truchelut et Valkman - BNF-Gallica
Député du Bas-Rhin

Jean-Baptiste (Joseph Dieudonné) Boussingault, voit le jour à Paris, le 2 février 1801. C’est le fils d’un ancien soldat qui tient un bureau de tabac et de la fille du bourgmestre de Wetzlar (Hesse, Allemagne). Incapable de supporter le lycée napoléonien, c’est, vers 1814, un gamin de Paris qui fait l’école buissonnière pour observer les soldats des armées d’occupation.

Il se forme tout seul en suivant les cours publics du Collège de France et du Muséum national d’histoire naturelle. Apprenant la création de l’école des mineurs de Saint-Etienne (actuelle école nationale supérieure des mines de Saint-Etienne), il rejoint l’établissement sac au dos en décembre 1818.

Là, il fait la connaissance de Benoît Fourneyron et découvre le laboratoire de chimie. Le directeur Louis Antoine Beaunier, enthousiasmé par ses capacités, lui confie bientôt des expériences. Il démontre que l’acier contient du silicium. Classé hors concours, il sort avec son brevet en juillet 1820.

Il se lie d’amitié avec le géographe Alexander von Humboldt. Ce dernier lui confie une collection de minéraux et le conseille pour ses futurs voyages. Le général Simon Bolívar souhaitant fonder un établissement pour former des ingénieurs, Jean-Baptiste Boussingault, recommandé par Alexander von Humboldt, s’embarque en septembre 1822 pour La Guaira (Venezuela) avec le jeune scientifique péruvien Mariano Eduardo de Rivero.

Dans des échantillons des dépôts des Urao Lagune (Lagunillas, Venezuela), il découvre un nouveau minéral. Il le nomme la gaylussite, nommé en l’honneur du chimiste Gay-Lussac. A Bogota (Colombie), en mai 1823, il rencontre Simon Bolivar. Il devient attaché à son état-major, avec le grade de colonel.

Jean -Baptiste Boussingault se livre à des observations scientifiques qui contribuent à sa renommée. Il commence aussi à s’intéresser aux questions agricoles. Fidèle à sa vocation d’ingénieur des mines, il part avec 45 000 francs-or pour la Grande Colombie, où il dirige la Compagnie de la Vega de Supia, en accueillant 150 mineurs britanniques.

En 1831, il tente l’ascension du Chimborazo, volcan d’équateur culminant à 6 268 m d’altitude. De retour en France en 1832, il devient docteur en sciences. Il s’attache, à 36 ans, à Jean-Baptiste Dumas, dont il devient le maître de conférences à la Sorbonne.

Il devient membre de l’Académie des sciences, en 1839. En 1841, il est professeur à la chaire d’économie rurale au Conservatoire national des arts et métiers, créée spécialement pour lui. Enfin, il devient professeur de chimie et doyen de la Faculté des sciences de Lyon, en 1843.

Copropriétaire du domaine de Bechelbronne (aujourd’hui Merkwiller-Pechelbronn), dans le Bas-Rhin, par son mariage avec une alsacienne, il se livre à ses expérimentations agronomiques. Il devient le fondateur de la chimie agricole moderne. Il fait des découvertes sur la dynamique de l’azote, le métabolisme des graisses, le rendement de la photosynthèse.

Par ailleurs, il fait aussi des recherches sur la métallurgie des aciers et des métaux précieux. Il travaille aussi sur la composition exacte de l’air atmosphérique, en collaboration avec Dumas, sur la composition en végétaux de l’alimentation des herbivores, sur la détection de l’arsenic…

Il découvre plusieurs corps chimiques. Son livre, Economie rurale, fait sensation, en 1843, et consacre sa réputation comme premier chimiste agricole. Il rassemble ses travaux sur la chimie agricole sous le titre Agronomie, chimie agricole et physiologie, dont huit volumes sont publiés entre 1860 et 1891. Ceux ci sont très vite traduits en anglais et en allemand.

Membre de l’Académie des sciences, auteur de 350 publications, il domine rapidement la chimie agricole. Louis Pasteur vient, avec ses assistants, suivre son cours au Conservatoire pour se recycler en chimie.

Par ailleurs, il se fait élire député du Bas-Rhin (1848-1849) et démissionne pour entrer au conseil d’état où il siège jusqu’en 1851. Sa carrière politique s’achève avec l’avènement du Second Empire.

Ses dernières années sont assombries par la mort prématurée de son gendre puis par celle de son épouse. Jean-Baptiste Boussingault fait nommer à l’Académie près de dix de ses collègues chimistes agricoles. Son petit-fils, Jean-Louis Boussingault, sera peintre et graveur. Il décède à Paris, le 11 mai 1887.

Publications :

  • Economie rurale considérée dans ces rapports avec la chimie, la physique et la météorologie, Paris, Béchet jeune,  2 vol. (1851) ;
  • Mémoire sur la profondeur à laquelle se trouve la couche de température invariable entre les tropiques, détermination de la température moyenne de la zone torride au niveau de la mer : observations sur la détermination de la chaleur dans les Cordillères, [s.l.], [s.n.], [1834] ;
  • Recherches sur les phénomènes chimiques qui se passent dans l’amalgamation américaine, [s.l.], [s.n.], [1834] ;
  • Mémoires, tome 1-2-3-4-5, Chamerot et Renouard (Paris), 1892-1903.

Distinctions : officier (15 avril 1847), commandeur (14 août 1857), grand-officier (23 août 1876) de la Légion d’honneur.

Hommages : Un cratère de la Lune porte le nom de Boussingault, en hommage à ce passionné des volcans. La boussingaultite est un minéral rare, de formule (NH4)2Mg(SO4)2·6(H2O). Il y a une rue Boussingault à Paris, à Strasbourg… et une rue Crozet-Boussingault à Saint-Etienne. Dans le monument à son effigie, conçu par Jules Dalou, deux figures symbolisent la Science au service de l’Agriculture. Inauguré dans la cour du Conservatoire national des arts et métiers à Paris, ce monument a été transféré dans le jardin intérieur du CNAM à la Plaine Saint-Denis (Seine-Saint-Denis).

Sources : Amoros (Jean-Paul) « Jean-Baptiste Boussingault, un grand géologue avorté du XIXe siècle », par Jean Boulaine, devant le Comité d’Histoire de la Géologie (Séance du 26 février 1986) ; Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922 ; « Monument à Jean-Baptiste Boussingault », notice sur e-monumen.net; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2017-05-11.

Photos

Monument

La sépulture est ornée de son buste par Jules Dalou, signé par le fondeur (Edmond) Gruet, Paris.

Inscriptions :

BOUSSINGAULT, membre de l’Institut.

Jean-Baptiste BOUSSINGAULT, né à Paris, le 2 février, 1802, décédé le 11 mai 1887.

Adèle, BOUSSINGAULT, née LEBEL, Bechelbronn (Alsace), le 15 décembre, 1815, décédée, le 6 juin, 1877.
Joseph, BOUSSINGAULT, né à Bechelbronn (Alsace), le 17 juillet, 1842, décédé, le 22 janvier, 1925.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 15 décembre 2022