BEAUVOIR Hélène de (1910-2001)
France

Sœur de Simone de Beauvoir

Hélène (Bertrand) de Beauvoir voit le jour le 6 juin 1910, à Paris. C’est la sœur cadette de Simone de Beauvoir. C’est une élève brillante au Cours Désir, une école pour les jeunes filles de bonne famille.

Après son baccalauréat, elle apprend la gravure dans une école technique. Simultanément, elle étude la peinture dans diverses académies de Montparnasse. Elle rencontre Lionel de Roulet, un ami de sa sœur et un élève de Jean-Paul Sartre, alors enseignant au Havre.

Elle loue un atelier rue Santeuil, à Paris (5ème) et, en 1936, à 25 ans, elle réalise sa première exposition, Galerie Bonjean. Peu après, Lionel tombe malade, atteint d’une tuberculose osseuse. Il part dans un sanatorium de Berck (Somme). Puis il revient à Paris, en septembre 1939, pour repartir aussitôt en convalescence, chez sa mère au Portugal.

Après l’entrée en guerre de la France, Simone offre le voyage à Hélène pour qu’elle puisse être en sécurité auprès de Lionel. Mais la correspondance avec le pays occupé est difficile et ce n’est que six mois plus tard qu’elle apprend la mort de son père par une lettre de Simone.

Hélène et Lionel se marient en décembre 1942. Au Portugal, elle travaille beaucoup sa technique. Son œuvre compte déjà une centaine de tableaux. Elle et Lionel reviennent à Paris, après la Libération, pour une courte durée.

Elle suit Lionel, nommé directeur de l’information à Vienne (Autriche). Ensuite, ils déménagent pour Belgrade (Yougoslavie), puis, en novembre 1949, pour Casablanca (Maroc), puis pour l’Italie, au gré des postes de Lionel.

Là, elle peint les Mondines, les paysannes italiennes. Cette série est exposée à Milan, en 1957. Outre son talent, la présence de Simone et de Sartre n’est sans doute pas étrangère à son succès.

Elle fait ensuite six expositions hors de France (Berlin, Mayence, Pistoia, Milan, Florence et Venise). Après huit années à Milan, le couple revient à Paris. Désormais, elle gagne sa vie en vendant ses toiles. Jean-Louis Ferrier dit dans Les temps modernes, à propos de la série vénitienne :

« Ayant coupé avec toute forme de figuration explicite ou allusive, il participe de l’ensemble qu’il est et réussit, par le fait, à signifier, c’est-à-dire à naître à lui-même et à s’actualiser ».

Très vite, Lionel travaille au Conseil de l’Europe, à Strasbourg, et le couple emménage dans une ferme à Goxwiller (Bas-Rhin). Mais Hélène doit revenir souvent à Paris, car sa mère est mourante d’un cancer.

En 1967, les deux sœurs unissent leur talent : La femme rompue (Gallimard, 1968) de Simone de Beauvoir parait avec des illustrations au burin d’Hélène. L’échec du livre les peine beaucoup.

En mai 68, ses peintures sont pleines de la fureur de la jeunesse qui a bouleversé la France. Cette série, au titre du Joli mois de Mai, peine à trouver un lieu d’exposition, pour finalement être exposée au Moulin Rouge. Les commentaires sont élogieux :

« Elle écrit des tableaux comme on tient un journal. Elle habite les rues, elle prend part, elle prend feu, elle prend parti, elle prend ses pinceaux. Son journal n’est pas seulement d’une fraîcheur de printemps, il est aussi d’une précision de flèche. Elle donne à voir ce qu’on croyait seulement capable les photographes de nous restituer. Mais sa peinture n’est pas du tout photographique : elliptique, élégante et maligne ».

Hélène Bertrand de Beauvoir se passionne alors pour la cause des femmes. Elle crée un foyer pour femmes en Alsace et est élue présidente à Strasbourg de SOS Femmes battues.

Elle dénonce l’oppression des femmes dans ses tableaux : Un homme livre une femme aux bêtes, Les femmes souffrent, les hommes jugent, La chasse aux sorcières est toujours ouverte… Ainsi, elle démontre qu’il est difficile pour une femme peintre de s’imposer dans un monde dirigé par les hommes.

À partir de 1970, sa carrière prend une dimension internationale. Elle expose à Tokyo, Bruxelles, Lausanne, Rome, Milan, Amsterdam, Boston, Mexico, La Haye et Prague. La Word Nasse Gallery de New York fait une rétrospective de ses œuvres féministes et écologistes.

Après le décès de Sartre en 1980, Hélène effectue de fréquents séjours à Paris pour soutenir sa sœur dont la santé décline. Elle se trouve aux États-Unis quand elle apprend sa mort. Elle réalise un tableau de deuil, Portrait de Simone en veste rouge, qu’elle place chez elle, à côté du portrait de Lionel qui meurt quelques années plus tard, en 1990.

En 1987, avec l’aide de Marcelle Routier, elle publie ses mémoires. Elle retourne au Portugal pour trois expositions consacrées à sa période portugaise. A la fin de son séjour, elle fait don de ses toiles à l’Université d’Aveiro. Celle-ci inaugurera, ensuite, une salle d’exposition permanente de ses d’œuvres.

Après une opération à cœur ouvert, elle reste dans sa maison de Goxwiller jusqu’à sa mort. Elle s’éteint le 1er juillet 2001. Elle repose avec son mari, Lionel de Roulet (1913-1990).

Bien qu’il n’y ait aucune inscription sur le monument, les registres du cimetières précisent qu’elle repose avec :

  • son père, Georges Bertrand de Beauvoir (25 juin 1878, Arras (Pas-de-Calais) – 8 juillet 1941, Paris (6ème), comédien amateur,
  • sa mère, Françoise née Brasseur (1er novembre 1885, Verdun (Meuse) – 4 décembre 1963, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine),
  • son grand père, Ernest Bertrand de Beauvoir (7 décembre 1838, Paris – 15 mai 1929, Saint-Ybard (Corrèze), chef de bureau à la préfecture de la Seine,
  • sa grand-mère, Léontine née Wartelle (24 février 1849, Arras (Pas-de-Calais) – 26 janvier 1893, Paris (6ème).

Sources : -. Date de création : 2009-09-12.

Photos

Monument

Inscriptions :

Lionel de ROULET, 1913-1990.
Hélène de ROULET, née de BEAUVOIR, 1910-2001.

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Date de la dernière mise à jour : 24 mars 2023