DESAUGIERS Marc Antoine Madeleine (1772-1827)
France

gravure d'après un portrait de Reisener, 1810 - BNF
L'Anacréon français

Né à Fréjus (Var) le 17 novembre 1772, Marc Antoine Madeleine Désaugiers est le fils du compositeur Marc-Antoine Désaugiers. Il est encore très jeune lorsque le peuple s’empare de la Bastille. Sa véhémente hostilité au changement de régime le contraint alors à l’exil. D’abord à Saint-Domingue où il fait face aux horreurs d’une autre insurrection, celle des esclaves, il arrive enfin aux Etats-Unis.

C’est une France pacifiée qu’il retrouve avec plaisir en 1797. Il parvient à faire avantageusement connaître la finesse de sa verve jusque dans les faubourgs de la capitale. Ses vaudevilles connaissent un succès grandissant et  l’Odéon, la Comédie Française et le Théâtre des Variétés les jouent

Ses chansons sont fredonnées dans les salons du Directoire et du Consulat. Il les interprète lui-même dans les banquets réunissant la plus insigne société. Un de ses airs les plus connus est «Bon voyage monsieur Dumollet», devenu comptine pour enfants… En 1802, il reproduit un Tableau de Paris à cinq heures du matin sur l’air de «La Rosière», une contredanse du 18ème siècle.

Puis, la même année, il compose une variante crépusculaire qu’il intitule Tableau de Paris à cinq heures du soir. En 1967, Jacques Lanzmann s’inspire fortement du premier tableau de Desaugiers pour le texte de la chanson « Il est cinq heures Paris s’éveille« . Jacques Dutronc et Anne Segalen en font la musique et Jacques en fait un grand « tube ».

«Ah ! Quelle cohue ! Ma tête est perdue ; Moulue et fendue ; Où donc me cacher ? Jamais mon oreille, N’eut frayeur pareille. Tout Paris s’éveille. Allons-nous coucher.»

Le succès des chansons de Desaugiers n’est pas étranger à l’éclosion des sociétés de chant à travers le pays. En 1806, il préside le Caveau moderne reconstitué un an plus tôt par Gauffé et Capelle. Il y accueille celui qui devient son complice et son plus sérieux rival : Pierre Jean de Béranger. Ce dernier lui subtilise le sceptre d’or en 1813. En 1816, son élection par Louis XVIII à la direction du Théâtre du Vaudeville sonne le glas de son amitié avec Béranger.

Administrateur scrupuleux et auteur prolifique, ses proches n’hésitent pas à incriminer un rythme de travail beaucoup trop élevé face au déclin précoce de sa juvénile robustesse. Lorsqu’il meurt, le 9 août 1827, à Paris, Charles Nodier propose de graver sur le tombeau : « A Desaugiers, qui n’eut pas d’ennemis« . On se contente finalement de « Ses amis » tant il est vrai que la gaieté de son caractère et sa bonté authentique ont rallié nombre d’acolytes autour de lui.

Il n’est pas un seul grief connu qui ne soit versifié avec son nom. Ses allègres boutades, sa gloutonnerie que n’interrompt que quelques envolées paillardes et galantes, lui valent le surnom d’Anacréon français.

Pour écouter Bon voyage Monsieur Dumollet, de Désaugiers

Sources : -. Date de création : 2006-04-11

Photos

Monument

Si nous en jugeons suivant la gravure de Lafaille, la sépulture du fameux chansonnier Desaugiers était à l’origine, simplement fixée sur un radier carré d’où nous pouvions apercevoir les ruines de la pièce d’eau desséchée qui alimentait jadis les jardins des jésuites. Depuis lors, le monument a été surmonté telle une cabine de navigation, et scellé sur un radeau de fortune voguant sur les ressacs des chemins de la Citerne et du Bassin.

Il y a quelque temps, le chaland du vaudevilliste a été sauvé du naufrage par une initiative bienheureuse et anonyme. La rambarde d’origine qui manquait de s’écrouler a été consolidée sur un socle restauré et le cippe exhibant la légende « A Desaugiers ses amis » a recouvré son éclat initial.

Il était temps, car durant les années quatre-vingt-dix l’accès au monument avait été interdit au public pour des raisons de sécurité. Rappelons pour conclure que le médaillon en marbre représentant le profil du renommé auteur dramatique est dû à une souscription et aux ciseaux de Dubuc, sculpteur marbrier du Roi.

Inscriptions :

Marc Antoine Madeleine, DESAUGIERS, né à Fréjus, le 17 9bre 1772, décédé à Paris, le 9 août 1827.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 1 juin 2023