ZURN Unica (1916-1970)
Allemagne

(Nora Berta) Unica Zürn nait à Grünewald (Allemagne), le 6 juillet 1916. C’est le second enfant de Ralph Zürn, journaliste, et d’Helene Pauline Heerdt issue d’une famille fortunée. Dans Sombre Printemps, certains passages mettent en avant son amour presque « œdipien » pour son père, ainsi que ses relations conflictuelles avec son frère, qui aurait abusé d’elle sexuellement.

Le 2 décembre 1930, ses parents divorcent. C’est un choc, comme elle l’écrit dans Sombre Printemps :

« Elle ne sait pas que le mariage de ses parents est un échec, mais elle s’en doute pourtant lorsqu’un jour son père amène à la maison une étrangère belle et élégante qui lui apporte en cadeau une grande et superbe poupée »

Dans Note d’une anémique, elle voit ce drame familial comme le point de départ de sa confusion :

«D’où mon malheur peut-il venir ? D’avoir confondu tous les visages avec ce seul visage. Parce que mon enfance s’est arrêtée à l’heure où j’ai compris le drame de mes parents, et qu’au même moment s’est brisé ce merveilleux instinct pour le visage unique ? »

En 1931, sa mère épouse Heinrich Doehle, ministre d’Hindenburg, qui deviendra plus tard un des hauts dignitaires du 3ème Reich. Unica Zürn fait des études commerciales. En 1933, elle devient sténotypiste aux studios de l’Universum Film AG de Berlin.

De 1936 à 1942, elle travaille comme scénariste et auteur de films publicitaires. Mais son père meurt, le 6 janvier 1939. Elle entretient alors de bonnes relations avec sa mère qui l’introduit dans la haute société nazie. En 1942, elle épouse Erich Laupenmühlen, un commerçant. Ils auront deux enfants : Katrin, née le 23 mai 1943, et Christian, né le 11 février 1945. En 1945, Unica voit sa mère pour la dernière fois.

Ne supportant pas les infidélités de son mari, elle divorce en 1949. Seule et relativement pauvre, elle publie des petits récits en prose et réalise des contes radiophoniques. L’année suivante, ses soucis financiers font que la garde de ses enfants lui est retirée. Elle ne les verra plus qu’une fois par mois. En 1953 elle rencontre Hans Bellmer qui sera son compagnon jusqu’à la fin de ses jours.

Unica suit Hans Bellmer à Paris. Ils vivent ensemble pendant 12 ans dans des hôtels rue Mouffetard. En 1954, le couple passe quelques mois à Berlin où ils travaillent ensemble. Lui achève d’écrire la « Petite anatomie de l’image », et elle compose les anagrammes et dessins qui seront publiés sous le titre d’« Hexentexte » par la galerie Springer.

De retour en France, ils séjournent en été à Montpellier, puis elle repart seule à Berlin. Cette première séparation avec Hans Bellmer est douloureuse. A Berlin, elle  rencontre Roberto Matta, Victor Brauner, Man Ray, Max Ernst et Jean Arp. Cette année 1955 est, de plus, marquée par ses préoccupations pour son fils Christian et par son premier avortement.

Début 1956, Unica expérimente la peinture à l’huile, technique qu’elle abandonnera vite. En mars 1956, elle rompt par lettre et de manière définitive tout contact avec sa mère qui l’a associée à « la période criminelle nazie ».

Du 11 ou 31 mai 1956, a lieu sa première exposition personnelle à la galerie Le Soleil dans la Tête, à Paris. Elle parvient à vendre quatre tableaux. De 1957 à 1959, Hans et Unica continuent leur vie d’artiste entre Paris et Ermenonville. En 1957, le couple rencontre Henri Michaux.

La Galerie Le Soleil dans la Tête lui consacre une seconde exposition, du 11 ou 31 octobre 1957. Parallèlement, les clichés d’Unica nue et ficelée, pris par Hans Bellmer, font la couverture du magazine Surréalisme. 1958 marque la parution de Notes d’une anémique, mais c’est aussi son premier internement à la Maison des malades du 30 avril au 9 mai.

L’année suivante le couple participe à l’Exposition internationale du surréalisme, chez Daniel Cordier. C’est par cette première exposition de «die Puppe» qu’Hans Bellmer connaît une reconnaissance qui améliore la situation financière du couple.

Puis elle fait la connaissance de Ruth Henry, une des rares femmes avec laquelle elle sera amie. En 1960, elle  prend quelques distances avec Hans Bellmer. Elle passe six mois dans le midi de la France puis, de retour à Paris, elle prend seule une chambre d’hôtel. C’est à ce moment-là qu’a lieu sa première « crise », si bien décrite dans les premières pages de L’homme-jasmin.

Perdue, elle retourne à Berlin. Là, elle erre et jette son passeport. La police l’arrête et l’interne à la clinique psychiatrique de Karl Bonhöffer-Heilsätten. Malgré un traitement à base de neuroleptique, elle fait une première tentative de suicide. Lorsqu’elle retourne à Paris, le 2 mars 1961, son état est si critique qu’elle ne se déplace qu’en chaise roulante.

La revue Der Monat publie certains de ses anagrammes. Fin septembre 1961, elle entre à l’hôpital Sainte-Anne dans le service psychiatrique. Henri Michaux lui apporte encre, pinceaux et papiers qui lui permettent de dessiner.

Elle a, à ce moment là, une troisième exposition au Point Cardinal, à Paris. En 1964 aboutissent plusieurs projets comme Im Hinterhal ou Oracles et spectacles. Après avoir effectué plusieurs séjours à l’Île de Ré, elle revoit sa fille Katrin. Le 1er août 1964, elle entre à La fond, un établissement psychiatrique de La Rochelle.

De retour à Paris, elle vit seule à nouveau dans un hôtel et le Point Cardinal lui consacre une nouvelle exposition, du 10 décembre au 15 janvier. C’est Max Ernst qui crée les invitations pour le vernissage. Cependant, alors que la notoriété d’Unica Zürn est à son zénith, elle est de nouveau internée à Sainte-Anne.

En septembre 1965, Hans Bellmer et elle aménagent ensemble rue de la Plaine. Elle y commence la rédaction de son œuvre littéraire majeure, L’homme-jasmin. Le 6 juin 1966, alors qu’elle y travaille, elle a une nouvelle crise de folie. On l’interne à la Maison Blanche.

En 1969, Hans Bellmer devient hémiplégique suite à un accident vasculaire cérébral. Il reste alors enfermé dans un profond mutisme jusqu’à la fin de sa vie. Cette même année, Unica Zürn publie Sombre Printemps et est à nouveau internée à la Maison Blanche.

Début 1970, elle est, à nouveau, internée à la Maison Blanche. Elle rédige un journal de souvenirs, Crécy, et un livre de lecture pour enfants. Le 7 avril, elle écrit à Hans Bellmer une lettre de rupture. Après un nouvel internement et la visite de sa fille Katrin, son état s’améliore. Elle finit la rédaction de L’homme-jasmin, de Vacances à la maison Blanche, de Rencontre avec Hans Bellmer et envisage d’écrire L’Homme-poubelle comme suite à L’Homme-Jasmin.

Mais ce sursaut de vie est de courte durée. Autorisée à sortir quelques jours de la clinique, elle se rend chez Hans Bellmer le 18 octobre, et se défenestre le 19 octobre 1970, depuis le balcon de l’appartement de la rue de la Plaine. Elle repose avec son compagnon, le peintre Hans Bellmer (1902-1975).

Sources : -. Date de création : 2008-12-29.

Photos

Monument

Inscriptions : BELLMER – ZURN

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Date de la dernière mise à jour : 7 mars 2023