TURPIN de CRISSE Lancelot Théodore, comte (1782-1859)
France

Lancelot Théodore Turpin de Crissé nait à Paris le 9 juillet 1782. Il appartient à une famille d’artistes et de collectionneurs (dont sa grand-mère Élisabeth Haudry) ruinés avant la Révolution. Il est recueilli assez jeune au château d’Angrie (Maine-et-Loire), par une parente émue du dénuement de sa mère en Angleterre. En effet, son père, le marquis Henri Roland Lancelot Turpin de Crissé, l’ a quitté pour émigrer en Amérique. La famille qui vit jusque-là chichement de la vente de gouaches sur ivoire trouve en Lancelot Théodore une nouvelle source de revenus.

Son premier tableau «Le passage de la Loire par les Vendéens» de 1793 date de ces années noires dont il devait se souvenir lors de son second « exil » d’août 1830, évoquant dans une lettre « un talent qui va pour la deuxième fois lui devenir nécessaire » et s’y exclamant, paraphrasant Napoléon « quel roman que ma vie ! » Son parrain Choiseul-Gouffier le protège et l’emmène en Suisse. Il lui commande et achète des tableaux pour le racheter de la conscription et l’envoie à Rome finir ses études.

De retour en France en 1809, la Reine de Naples, le prince Eugène et l’impératrice Joséphine lui accordent leur protection. Il devient chambellan de cette dernière après son divorce avec Napoléon et jusqu’en 1815. Ils visitent ensemble la Savoie et l’Italie vers 1810. Puis Turpin de Crissé devient, en novembre 1816, membre de l’Institut.

Un nombre impressionnant de dessins rapportés de ses voyages traduisent son goût pour les arts, goût inculqué par son père. Turpin de Crissé expose au Salon de 1806 à 1835, le plus souvent des vues d’Italie, telle la vue de la façade de Santa Maria dei Miracoli à Venise, et des paysages historiques.

En 1832, il présente quatre paysages à la Royal Academy de Londres. Il devient membre du Conseil des Beaux-Arts et du Conseil des musées royaux, puis, en 1824, inspecteur général des Beaux-Arts. Il constitue un cabinet éclectique reflétant le goût de la Restauration. Ce dernier comprend des tableaux de Jean-Joseph Bidauld, Merry Joseph Blondel, Antoine Félix Boisselier, Alexandre François Caminade, Antoine Laurent Castellan, Auguste Couder, André Giroux, François Marius Granet, Heim, Charles Victor Moench-Munich, Jean-Charles Rémond, Louise Joséphine Sarazin de Belmont, et surtout Jean Auguste Dominique Ingres (Paolo et Francesca).

Il siège à l’Académie royale de peinture et de sculpture. Puis il légue au Musée des Beaux-Arts d’Angers sa remarquable collection d’objets d’art et d’antiquités. Celle ci comprend les quelques Primitifs qui traduisent un regain d’intérêt pour le Moyen Âge, en particulier un triptyque de l’école d’Avignon provenant de la collection de son ami, le peintre Charles Révoil, et aussi un diptyque donné à l’école flamande de la fin du XVe siècle, La Vierge et l’Enfant et Le Portrait équestre d’Henri IV de Jean-Baptiste Mauzaisse.

Il est gentilhomme de la chambre du roi à la Restauration. En 1825, il devient inspecteur général de la Maison du roi. Puis, par fidélité au légitimisme, il démissionne de toutes ses fonctions en 1830. Il continue à signer du monogramme T T surmonté de la croix comtale.

Ses études et dessins des sept séjours italiens de jeunesse rassemblés en carnets sont publiés. Il les dédicace à la duchesse de Berry et à son fils le duc de Bordeaux : Souvenirs du golfe de Naples, avec 39 planches d’après ses dessins (1828), puis Souvenirs du vieux Paris, exemples d’architecture de temps et de styles divers, avec 30 planches (1835).

Il dédie un de ces carnets à sa cousine, Adèle de Lesparda (1789-1864). Elle devient son épouse, le 16 novembre 1813 ; ils n’auront pas d’enfant.

Le comte Turpin de Crissé meurt à Paris, le 15 mai 1859. Il existe plusieurs portraits de lui : deux en habit d’académicien réalisés par François Joseph Heim, un dessiné par William Brockedon en 1833 (National Portrait Gallery de Londres) et un peint par Louis André Gabriel Bouchet.

En 1861, le peintre Guillaume Bodinier lègue à la ville d’Angers le Logis Pincé pour abriter les collections de son ami. Le musée du Louvre possède deux peintures de Turpin de Crissé : une Vue d’une partie du palais ducal et de la Piazzetta à Venise et un Paysage au torrent avec daims attaqués par des loups, ainsi que de nombreux dessins.

Titres : baron de l’empire (1811).

Sources : Jouin (Henry) La sculpture dans les cimetières de Paris, tome 13, 1897, pp.145-148. Date de création : 2008-05-26.

Photos

Monument

Le médaillon en bronze d’Antoine Etex qui ornait la stèle a disparu. Un autre tirage existe au musée des Beaux-Arts d’Angers.

Inscriptions :

Le comte, Turpin de CRISSE, 15 mai 1859.
A.P.A. de LESPARDA, comtesse TURPIN de CRISSE, + le 27 mai 1861.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 18 octobre 2023