TRUGUET Laurent Jean-François, comte (1752-1839)
France

portrait par Jean-Baptiste Paulin-Guerin, 1832

Laurent Jean-François Truguet nait le 10 janvier 1752, à Toulon (Var). C’est le fils d’un chef d’escadre. Il entre comme garde de la marine. Peu d’années après, il obtient plusieurs prix décernés par Louis XV aux gardes les plus instruits. Il a déjà fait huit campagnes en 1778, lors de la déclaration de guerre à l’Angleterre.

Laurent Jean-François Truguet sert dans cette guerre sous les amiraux d’Estaing, de Guichon, de Grasse et de Vaudreuil. Il prend part, dans les années 1778 et 1779, aux expéditions de l’amiral d’Estaing. Il lui sauve la vie à l’assaut de Savannah et reçoit la croix de Saint-Louis, en 1780. En 1784, il coopère aux travaux imposés à Choiseuil-Gouffier, ambassadeur à Constantinople, et il doit instruire les Turcs dans l’art des fortifications, de l’artillerie, de la fonderie et de la construction des vaisseaux.

Laurent Jean-François Truguet commande une corvette pendant cette mission qui dure quatre ans et demie, et seconde parfaitement les vues du gouvernement. De retour en France en 1789, on l’envoie à Brest, en 1790, pour y prendre le commandement d’une frégate destinée à une mission que les événements empêchent.

Il fait alors un voyage en Angleterre pour y compléter ses connaissances nautiques, est élevé à son retour au grade de contre-amiral, reçoit en avril 1792 le commandement des forces navales de la Méditerranée, s’empare, par ordre du ministère, de Nice, de Villefranche et d’Oneille, tandis que le général Montesquiou s’empare de la Savoie.

Laurent Jean-François Truguet doit, cette même année, coopérer avec sa flotte à la conquête de la Sardaigne. Il se dispose à bombarder Cagliari, lorsqu’une insurrection qui éclate parmi les troupes de débarquement et l’oblige à lever le siège et à les rembarquer. De retour à Toulon, en mars 1793, il se rend à Paris.

Il obtient un Code pénal pour prévenir désormais l’insurrection. Mais, à la suite de la journée du 31 mai, on le destitue  et on l’emprisonne lors de la publication de la loi des suspects. Mis en liberté à la mort de Robespierre, on le nomme ministre de la Marine. Pendant ses deux années de ministère, il rétablit la discipline, crée des régiments d’artillerie, rappelle tous les anciens officiers. Il s’occupe des colonies, fait reprendre l’offensive sur les Anglais.

Il présente au Directoire, qui l’adopte, un projet d’armement de forces navales pour jeter 30 000 hommes en Irlande, sous les ordres de Hoche, et 60 000 sur les côtes d’Angleterre et d’Écosse. De plus, il envoie dans les Indes une division de frégates pour combattre les Anglais. Après la révolution du 18 fructidor, on lui ôte le portefeuille de la Marine et il reçoit pour dédommagement l’ambassade d’Espagne, que des ennemis puissants parviennent à lui faire enlever.

Exilé sous différents prétextes, il se retire en Hollande et y reste neuf mois. Une nouvelle révolution dans le Directoire le rappelle à Paris. À son retour d’Égypte, Bonaparte lui offre le ministère de la Marine, qu’il refuse. Il devient conseiller d’État.

En 1802, il reçoit le commandement de l’armée navale combinée, réunie à Cadix, avec le titre éminent d’amiral en chef. À son pavillon amiral doivent se rallier les escadres de Linois, de Gantheaume et de Decrès. Si de pareilles mesures avaient été prises plus tôt, il est vraisemblable que l’Égypte, Malte et toute la Méditerranée restaient à la France.

La paix d’Amiens ramène l’amiral à Paris. Après la rupture de ce traité, Bonaparte confie à Truguet l’organisation de l’armée navale de Boulogne. Bientôt vingt et un vaisseaux sont prêts à recevoir l’armée expéditionnaire.

Lorsque le Tribunat confère à Napoléon le titre d’empereur, Truguet, dans une lettre, exprime au premier Consul les motifs de son refus d’adhésion. Cette lettre lui vaut une disgrâce qui dure cinq ans.

En 1809, l’Empereur l’appelle au commandement des débris de l’escadre de Rochefort, incendiée par les Anglais dans la rade de l’ile d’Aix. L’année suivante, Napoléon lui confie la haute administration maritime de la Hollande. Repoussé par l’invasion étrangère, Truguet est un des derniers à quitter le poste qui lui a été confié.

L’amiral Truguet revient alors à Paris. Louis XVIII le rétablit en activité de service à la tête du corps de la Marine. Pendant les Cent-Jours, il ne reçoit de Napoléon ni mission, ni faveurs.

À la seconde Restauration, on le charge du commandement supérieur de Brest. Il reçoit alors l’ordre de préserver l’arsenal de cette ville de l’occupation des troupes étrangères qui s’en approchent. Il y réussit. À la suite de la révolution de Juillet, M. Truguet est élevé à la première dignité de l’État, celle d’amiral ayant toutes les prérogatives des maréchaux de France. Il meurt le 26 décembre 1839, âgé de 87 ans.

Titres : comte, Pair de France (5 mai 1819).

Distinctions : grand-officier (14 juin 1804), grand-croix de la Légion d’honneur (2 septembre 1814) ; grand-croix de Saint-Louis.

Sources : Mullié (Charles) Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer, de 1789 à 1850, Paris, 1852 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2007-01-30.

Photos

Monument

Le maréchal repose sous une colonne très ornée.

Inscriptions :

L. J. F. comte TRUGUET, né à Toulon le 10 janvier 1752, conseiller d’état, au ministère de la marine, ambassadeur, grand-croix de St Louis, et de la Légion d’honneur, amiral, et pair de France, mort à Paris le 26 décembre 1839. Il commanda cinq fois les flottes françaises, restaura la marine, conçut et organisa l’expédition d’Irlande.

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Date de la dernière mise à jour : 18 août 2023