STROZECKI Jan (1869-1918)
Pologne

Jan Strozecki voit le jour le 21 juin 1869, dans le district de Kielce (Pologne), dans une vieille famille noble aux traditions démocratiques et insurgées. Il fréquente le lycée de Kielce. Là, il se lie d’amitié, entre autres, avec Stefan Żeromski, qui le mentionne plus tard magnifiquement dans Puszcza Jodłowa. Puis,  diplôme d’études secondaires obtenu, il s’installe à Varsovie. Dans les années 1887-1891, il y étudie le droit à l’Université de Varsovie.

Etudiant, il participe activement aux activités du Deuxième Prolétariat, puis du Syndicat des Travailleurs. En novembre 1892, il participe au congrès des socialistes polonais à Paris. Peu après le congrès, il se rend à Berlin, où il fonde et édite Gazeta Robotnicza, journal socialiste en polonais. Il vient ensuite à Varsovie. Là, c’est un des fondateurs du Parti socialiste polonais en Pologne. Il devient l’un des trois membres de son premier Comité exécutif central. Par ailleurs, c’est aussi le co-éditeur de Robotnik.

Locataire de Kazimiera Twardzicka, célèbre photographe de studio, il y prend le gout pour la photographie. En août 1894, il est arrêté et passe deux ans enfermé à la citadelle de Varsovie. Puis on le condamne à huit ans d’exil en Sibérie orientale, à Sredkolymsk. Il emporte avec lui un appareil photo et des films.

En Sibérie, il photographie de nombreux exilés politiques, polonais ou russes (Ludwik Janowicz, Kazimierz Pietkiewicz, Marian Abramowicz…), mais aussi les locaux, Tchouktches, Yakoutes avec leurs rituels et dans leur vie quotidienne, et, enfin, des paysages. Il se fait envoyer régulièrement des films et utilise même  un appareil Kodak emprunté à une expédition scientifique russe de passage. Le nombre de photos qu’il a prises est trés important, mais peu ont survécu.

Par ailleurs, il participe à des expéditions de chasse et à une expédition scientifique sur un site où on a découvert un squelette de mammouth. En 1902, il reçoit un phonographe du professeur D. M. Anuchin de Moscou pour enregistrer les chants et les rituels des populations locales à des fins ethnographiques. Malgré de grandes difficultés techniques, il y réussit.

Après avoir purgé sa peine, en 1904, il retourne en Pologne. Durant la révolution de 1905, il participe aux activités du parti socialiste polonais. Puis, après la scission de 1906, il poursuit cette activité dans les rangs du PPS-Gauche.

Dans les années 1907-1918, il vit en exil en France avec son épouse, le Dr Estera Golde-Strożecka. A Paris, il est membre du Comité des Affaires étrangères du parti socialiste polonais de gauche. C’est aussi un militant de l’université populaire polonaise. Par ailleurs, ayant avec lui un stock de 500 photos de Sibérie, il en fait éditer quelques unes en cartes postales.

Le 3 août 1918, il meurt tragiquement à Privas (Ardèche), en tentant de sauver un compatriote qui se noie dans les courants de l’Ardèche. Il repose avec son fils, Jean Thadée (1911-1969), militant communiste. Une cinquante de ses photographies figurent aujourd’hui, oubliées, dans les archives du Parti Ouvrier Unifié Polonais.

Pour voir des photos de Jan (site en polonais)

Sources : Zaworonko-Olejniczak (Hanna) En terre d’exil, Tombeaux polonais dans les cimetières de Paris et de Montmorency (2011), p. 61 ; e-monument. Date de création : 2023-09-01.61.

Monument

La dalle est ornée d’un bas-relief en bronze avec le profil de Jan, signé par Xavier Dunikowski, Paris, et par le fondeur Valsuani.

Inscriptions :

Jean Thadée STROZECKI, 1911-1969.
Jeanne STROZECKI, née TRECHEREL, 1913-2005.

Esther STROZECKI, 1872-1938.
Jean STROZECKI, 1869-1918.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 27 octobre 2023